GEAL

34- L'attente.

Les jours suivants furent... interminables. Nous eûmes tous des envies de meurtres, sans parler de cette attente. Attendre quoi d'ailleurs. Je finissais par me demander si Geal ne m'avait pas posé un lapin, ou oublier tout cela.

La journée, j'étais seul ou presque avec Adler, enfin, selon la disponibilité des gars. Même Rod vint m'aider. On passait la majorité du temps dans ma petite pièce , en train de faire de la musculation, ou à jouer à la console, tout en buvant pas mal de bière je l'admets.

En fin de journée, c'était plus cool. Les gars étaient là. Je pouvais respirer un peu.

Et ce soir-là...

– Une bonne soirée entre mecs en perspective, remarqua Matthew arrivant en dernier.

ADLER bougonnait. Ben le calma. Je commandais des pizzas et des bières. Et la soirée commença bien tranquillement, devant un match de basket. C'était chaleureux. J'adore toujours cette ambiance. À en oublier les démons et autres fantaisies. Après quatre heures de match interminable, Matthew rentra chez lui, tout comme Ben et Kyle.

J'offris ce soir-là, mon lit à ADLER. Je préférais qu'il reste dans la chambre, là, il était moins chiant. Trois jours qu'il était dans mes pattes. Et puis, j'avais tout le reste de l'appartement.

– Alors comment ça va avec ta ... copine, me demanda Tyler.

– Un... un peu compliqué.

– Pourquoi ne l'invites-tu jamais ?

– Pas envie de ...bref, elle me fatigue.

– Sûr, c'est pas vraiment à une fille comme ça que l'on s'attend pour ... partenaire.

J'acquiesçais. De toute manière je ne m'attendais à rien, surtout venant d'elle. Je sais, je joue les gros machos sachant qu'elle m'a sauvé la vie à plusieurs reprise, mais en un sens, si elle n'était pas devenue ma coéquipière, rien de tout cela ne se serait passer, donc en un sens. Un salaud, moi ? Je le confirme. Mais je n'ai aucune envie de servir de baby-sitter à cette fille, c'est tout.

– Bon, Tim, je te laisse. On se revoit demain, me dit Kyle.

Il partit à son tour, vers les deux heures du mat. J'éteignis le salon, m'installant dans mon canapé. ADLER ronflait déjà.

– Putain, que la nuit va être longue !

Et tout ce qui touchait à Geal me traversa l'esprit. C'est vrai, pourquoi ce soir je ne lui avais pas passé un coup de téléphone pour l'invité. Avant, je n'aurais certainement jamais osé faire ça, au contraire. Une femme chez moi. Problème, la voyais-je comme une femme, ou comme... Comme quoi d'ailleurs ? Pourtant, même si c'était pour nous protéger, je l'avais embrassé, tenue dans mes bras, même vue sa nature, alors pourquoi ? Tout simplement à cause de ça : vampire.

Il était resté en mémoire, bien au fond, certes, mais bien là. C'était impossible. Les vampires cela n'existe pas. Obtus ? Oui, et je le confirme, malgré tout ce que j'avais vu d'elle.

– Suis un militaire, bordel de merde ! criais-je. Je peux quand même pas avoir t'en changer que ça ?

Je finis par me lever, me dirigeant vers mon bar, me servant un verre de whisky, puis un second.

– Garder les idées claires, me répétais-je.

Pourtant en voyant la bouteille l'envie de me bourrer la gueule me prit. Je la pris avec moi, m'asseyant sur le canapé. Je la regardai un bon moment, pour finalement la poser devant moi, sur la table basse. Franchement, mais qu'est-ce qui me prenait ? Un pur abruti, voilà à quoi je ressemblais, seul dans mon canapé, à surveiller un mec qui ronflait dans mon pieu.