Le Grenier vient diner

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-Fais chier, jurais-je avant de m'effondrer parterre, sourire aux lèvres, toute ma colère libérée.
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Je sors de ce fichu cours de français. Mise à part cette prof sadique qui n'a pas arrêter de me persécuter et Lia qui a jerter mon voisin de table pour s'installer à côté de moi, on peut dire que je m'en suis bien sortie...
Je suis retournée au lycée il y a une semaine et malgré les nombreux mots d'absence que Jacquie et Joseph m'ont fournis pour tous les jours où j'avais été absente, Issnelle n'a pas manqué de me coller pour tous les jours de la semaine suivante pour que je "rattrape mon retard". Ces colles étaient en fait des cours particuliers où elle me rabaissait à longueur de temps et où m'était donné les même cours que les autres mais en beaucoup, beaucoup moins bien expliqué.
Elle avait profité délibérément pour m'apprendre toute l'histoire des succubes et des incubes - sans me passer les détails les plus choquants - et pointer du doigts ma désespérante incompétence en matière de littérature biblique.
Il faut dire qu'au début, elle s'était carrément ramenée avec un corbeau empaillé qu'elle surnommait "Mon adorable immondice" et qu'elle me fourrait sous le nez à chacune de mes flagrantes erreurs.
Par-dessus le marché, lorsque Tami venait me chercher- elle ne me laissait pas sortir avant sept heures du soir - elle le draguait ouvertement sous mon nez. Bien que celui-ci restait indifférent à ses petites techniques - déloyales - et lui rappelait sans cesse leur condition d'élève-professeur, je ne pouvais m'empêcher de vouloir lui faire bouffer les pages de ce cahier qu'elle s'acharnait à me faire remplir.
Une véritable torture en d'autres termes.
Bien heureux soit Marcus à qui je racontais chacun de mes malheurs une fois rentrée et qui là traitait de tous les noms soulageant ma propre rancune.
Ce dernier d'ailleurs s'était reporté sur les techniques de dragues "classiques" pour avoir Didi qui ne remarquait absolument rien quand Marcus lui faisait une quelconque attention particulière. De plus, lorsque Marcus voulait l'inviter à sortir, il tournait sans cesse autour du pot ce qui poussait Didi à lui indiquer gentiment la porte de sa chambre.
Henry en revanche n'y allait pas par quatre chemins quand il venait nous rendre visite à la maison. Pour lui l'expression "prendre des gants" n'avait clairement jamais eu d'importance. Marcus lui faisait souvent des remarques plus ou moins déguisée sur son manque de tact avec les gens.
-Alors qu'est-ce qu'elle t’a fait comme misère la succube ? Me demanda Marcus lorsque je claquais la porte d'entrée.
Je jetais mon sac sur un fauteuil et m'installa à côté de lui sur le canapé.
-L'importance des croyances religieuse dans la société Moyenâgeuse.
-Ouch ! Dur, commenta-t-il.
C'est le moins qu'on puisse dire...
-Ca a été t'a journée, ma crapounette ? Me demanda Jacquie, une casserole à la main.
Marcus piaffa mais s'arrêta immédiatement lorsque je le fusillais du regard.
-Bof. Comme d'habitude quoi, lui répondis-je.
Je me levai pour servir la table quand Jacquie me stoppa en m'attrapant l'épaule.
-Va plutôt te changer ma crapounette, le Grenier vient manger et j'ai déjà servi la table, m'expliqua-t-elle.
Le Grenier ?
Même si je ne comprenais pas pourquoi les types qui nous fournissait en nourriture venait manger, je fis néanmoins ce qu'elle me demandait et changea mon habituel "jean slim-t-shirt-sweat-baskets" contre une élégante robe argentée, fendue sur le côté et ses chaussures à talons hauts assortis. Je relevais mes cheveux en un chignon floral et accessoirisa le tout avec un lourd bracelet or et noir à mon poignet gauche et un peu de maquillage sombre.
L'ensemble mettait en valeurs ma peau pale et mes cheveux couleurs de feu.
Lorsque je descendis pour attendre nos invités en compagnie de Joseph et de Marcus - Jacquie était partie prendre une douche - nos invités avait déjà pris place sur le canapé en compagnie de Joseph et de Marcus.
Nos dits invités étaient en fait quatre hommes et une femme. Les hommes étaient tous blonds avec une peau très pale, caractérisant leur nature de goule, seul un se démarquait en tenant la femme par la taille et par son regard de chasseurs, d'homme à femme qui veut toujours plus. La femme en soit n'avait rien qui sortait de l'ordinaire, mis à part son énorme poitrine à peine cachée par une fine robe écarlate et son énorme quantité de maquillage coloré.
Marcus me regarda de travers lorsque je m'assis en coté de lui, ses yeux dévisageant ma robe fendue. Joseph lui, m'accueillit aimablement me présentant au Grenier.
Le Grenier se présenta à son tour, je puis ainsi mettre des noms sur les visages :
-Voici Georges qui s'occupe du découpage, me déclara l'homme aux yeux de chasseurs en désignant un de ses copains le plus à gauche. David, il désigna celui juste à côté de lui. Lewis, il désigna celui à côté de la femme. Britney bien sûr, déclara-t-il en regardant amoureusement la femme à sa droite.
Il ne se présenta pas mais me tendit sa carte de visite.
Marc Filinbert, patron de l'entreprise
Le Grenier
France. 144 rue Clemenceau. Genève.
-Pour vous quand vous serrez adulte, se justifia-t-il.
-Enchanté Monsieur Filinbert, renchéris-je.
Il y eut une sorte d'éclair sauvage dans ses yeux lorsque je lui serrais la main, ce moment fut vite interrompu par Tami.
-Bonjour tout le monde ! Clama-t-il depuis l'entrée. J'apporte le champagne !
Curieusement, je fus très heureuse lorsqu'il se plaça à ma droite et qu'il me tint la main discrètement. Notre relation arracha une grimace - discrète - de mépris de la part de Filinbert.
Enfin, Jacquie descendit confuse de son retard et envoya tout le monde, gentiment, à table.
Le diner se passa normalement, Marcus, Joseph et David meublait la conversation à laquelle je n'avais que peu d'intérêt. En revanche, Filinbert me regarda avec insistance pendant tout le repas dévisageant, par moment, avec horreur l'étoile ou la marque de Tami dans mon cou.
Tami me parut plus tendu lui aussi, ses poings se serrait sans cesse lorsque David adressait la parole à Filinbert et qu'il ne répondait trop occuper à me regarder. Il manqua même de brisé un verre en cristal qu'il tenait dans la main lorsque Filinbert, tout en me regardant, se passa la langue sur les lèvres.
Quand la fin du diner annonça les règlements de compte dehors, je retins Tami par le bras l'embrassant fougueusement.
La mâchoire de Jacquie et de Marcus manqua de se décrocher tandis que Joseph porta une main à son front. Le Grenier en revanche resta impassible et nous souhaita des vœux de longévité. Je vis clairement Filinbert me regarder furibond tandis que la femme qui l'accompagnait le regardait d'un air furibond.
Je pense ne pas m'être trompée en affirmant que ce type était un chasseur de femmes.
Ils s'en allèrent en nous remerciant chaleureusement du repas offert et là, ce fut explosion de divers sentiments.
Entre Marcus qui tremblait littéralement de colère envers Tami - il a l'air de vouloir l'égorger à chaque fois qu'il me touche la main pas très rassuré -, Jacquie qui semblait à deux doigts de s'effondrer dans le bras de Joseph et ce dernier qui me regardait d'un air revanchard, Tami et moi n'avions pas beaucoup de présence.
Je le regardais un peu inquiète mais il me regarda à son tour un petit sourire manipulateur aux lèvres.
-J'espère que vous m'accepterez comme le petit copain de votre fille - les phalanges de Marcus craquèrent. Sur ce madame, messieurs, à plus tard ! Déclara-t-il, en m'emmenant joyeusement dehors.
Ce type venait de nous coller de force dans une guerre froide...Néanmoins, on a réussi à s'en sortir vivant.
Le froid glacial eut à peine le temps de me refroidir considérablement que Tami jetait sur mes épaules son blouson en cuir noir.
-M-Merci, bégayais-je à cause du froid.
Il me regarda plus heureux que jamais.
-Derrien ma petite copine !
Ok, je regrettais immédiatement de l'avoir embrassé.
-Tu peux me trouver un surnom moins explicite s'il te plait, lui ordonnais-je poliment.
Il me regarda en pleine et profonde réflexion.
-Pâquerette ? Hortensia ? Non, ça fait trop floral.
Oui, allo la police des surnoms pourris.
-Princesse alors ? Ma petite reine ? Non, c'est ridicule.
Ce serait pour une urgence.
-Mon amour ? Mon cœur ? Mon ange ? Non, c'est du revisité.
Oui, il y a un meurtrier des beaux surnoms devant moi.
-Mon petit soleil peut-et...
-OUI ! Ça c'est très bien ! L'interrompis-je pour éviter encore plus de massacre.
Il me sourit encore plus et me serra tellement fort contre lui que je commençai à manquer d'air.
-Mon petit soleil ! Mon petit soleil ! Mon petit soleil ! Chantonna-t-il dans une nuit parfaitement obscure.
On finit par rentrer alors que Marcus, Joseph et Jacquie s'était déjà couchés et pour la première fois, j'autorisais Tami à dormir sur un matelas à coté de mon lit.
Lorsqu'il finit par s'endormir, ce fut avec un sourire évoquant toute sa joie. Quant à moi, je ne m'endormis que bien plus tard après avoir fini de lire ce stupide passage de la Bible pour demain si on n’est pas déjà demain.
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-Vous me désespérer ! Si vous êtes incapable de lire un passage en mandarin, VOUS ETES INUTILE ! S'égosilla cette connasse de prof de français.
-NOUS SOMMES EN COURS DE FRANÇAIS !!! EXCUSEZ MOI DE NE PAS PALER COURAMMENT LE MANDARIN !!! Lui rétorquais-je, à deux doigts de là baffer.
En voyant que je craquais ouvertement, elle me fusilla du regard mais ne trouva rien à me répondre et me sortit un dictionnaire de mandarin pour traduire son foutu passage chinois.
J’étais désespérément en train de le traduire quand en lisant mon dernier contrôle elle marmonna :
-C’est dingue, on dirait qu’elle s’amuse quand me remplit ses copies.
En même temps, c’est le seul moment où elle ne me rabaisse pas et ne me corrige pas avec un ton sarcastique, alors oui, c’est normal que j’apprécie ces moments.
-Je vous ai entendu, lui lançais-je, à charge de revanche pour la dernière fois.
Elle leva le nez de mes copies et me rétorqua, en grinçant des dents :
-Vous avez de la chance que je sois prof parce que sinon je vous aurais tuée il y a bien longtemps.
Ben tient !
-Une véritable preuve d’affection de votre part, ironisais-je.
Je n’aurais peut-être pas dut parce qu’elle me colla une vingtaine d’exercices supplémentaires pour demain. Vieille bique !
Enfin sa montre sonna et elle me laissa ranger mes affaires dans une haine réciproque.
Tami arriva comme à son habitude, deux minutes après sept heures et comme à son habitude la vieille peau le dragua sans se cacher, sous mon nez. Je serais les poings sure et certaine que ça allait se payer un de ses quatre.
-Tu viens Tami ? Jacquie nous a réservés une dizaine de films d’horreur, donc si tu veux tous les regarder…Ne pus-je terminer.
-Oui oui j’arrive mon petit soleil ! Clama-t-il, sourire jusqu’aux oreilles.
La prof pouffa en entendant le surnom mais manqua de s’étouffer avec sa propre salive lorsque, avec mon accord, Tami me déposa un tendre baiser sur les lèvres.
-Je t’aime, marmonnais-je, à l’intention de Tami qui me regarda encore plus amoureux.
Ma prof elle, eut besoin de s’asseoir et de vérifier trois fois son pouls pour s’assurer qu’elle n’était pas en Enfer.
Nous quittâmes le lycée, impatients de profiter au mieux de l’amour de l’un et de l’autre.
Lorsqu’on arriva en se tenant par la main, une vision d’horreur nous saisit tous les deux en même temps.
Trois humains. Trois cadavres fumants.

Tami [VERSION INITIALE TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant