La Reine Noire - Tome 2

Chapitre XIX

Léréna

Elle était dans sa chambre, debout devant la fenêtre, à admirer la forêt qui s'étendait devant elle. La pièce était sombre et avait pour couleur dominante, le noir. Bien entendu, il y avait quelques touches de rouges comme sur les draps ou les rideaux. Ses mains étaient croisées sur son ventre et elle avait relevé son menton.

La neige tombait à gros flocons, blanchissant le sol et les feuilles de arbres, tandis que la nuit commençait à tomber. La lune, qui commençait à se remplir, montait dans le ciel, alors que le soleil descendait, laissant le ciel se teinter de plusieurs couleurs.

Elle portait une légère robe, faite dans un tissus noir fin. Avec ce vêtement, elle se sentait aussi légère qu'une plume. Elle regardait les flocon s'écraser lentement contre sa fenêtre ou sur le rebord.

Au dessus des arbres, on pouvait apercevoir la pointe du château d'Ulrick. Ses pensées divaguèrent vers lui et le soir où il l'avait embrassé. Il n'avait pas manqué d'assurance ce jour-là. Puis, elle l'avait poignardé, et sauvé. Elle se maudissait intérieurement de l'avoir fait. Sans ça, elle serait assise sur le trône de Somara, et elle n'aurait pas perdu quinze années de sa vie.

En quinze ans, il s'était passé tellement de choses alors qu'elle dormait paisiblement dans une tombe aux côtés de son frère. Le royaume ressemblait tellement à celui qu'il était du temps où son père gouvernait. Ulrick avait reforgé les alliances de celui-ci avec les autres royaumes.

Si elle voulait toucher ce maudit roi, il fallait qu'elle lui coupe tout contact avec le rois des deux autres royaumes. Certes, ses messages n'était pas envoyés mais il fallait quelque chose qui affaiblirait Ulrick.

La lune était déjà haute dans le ciel et celui-ci se faisait de plus en plus sombre. La neige continuait de tomber, formant une épaisse couche blanche sur le sol et les feuillages des arbres. Elle se demandait si la mer avait commencé à geler. Si cela était le cas, il faudrait lui redonner un coup de chaleur. Après tout, la flotte royale ne se construirait pas sans de l'eau liquide. Et un bateau ne navigue pas sur de l'eau gelée.

Elle fixa un flocon qui alla doucement se déposer sur le rebord de la fenêtre, pour se mêler à la couche de neige qui s'était formée. Puis, son regard se perdit sur cet amas de neige et ses pensées divaguèrent.

*Elle se déplaçait lentement dans les jardins du château royal, une main sur son petit ventre, observant la végétation devenue blanche, recouverte de flocons de neige.

Elle portait une cape noire, dont la capuche était relevée sur sa tête. Une épaisse fourrure animal ornait ses épaules et bougeaient légèrement au gré de la petite brise.

Elle s'arrêta devant un rosier. Toutes les fleurs étaient rouges, mis à part une seule, qui était blanche. Elle enleva ses gants, s'approcha et s'en empara. Elle la regarda comme si elle était la chose la plus étranges qui lui avait été donné de voir.

Mais elle se piqua et lâcha la fleur qui s'écrasa au sol. Quelques gouttes de sang tombèrent, tâchant le sol et la rose blanche. Elle contempla les petites tâches rouges vives, qui maculaient la neige. Puis un évènement lui revint en tête, un évènement horrible. Elle en faisait des cauchemars chaque nuits. Elle se trouvait monstrueuse d'avoir fait cela. Mais elle avait jugé bon de le faire. Même si cela avait coûté la vie à un être qui lui était cher.*

Elle revint à elle puis tourna la tête vers la coiffeuse. Elle s'en approcha doucement et s'empara d'une vieille boîte à bijoux. Elle l'ouvrit et une douce musique parvint à ses oreilles. Cette musique que sa mère lui chantait quand elle était enfant.

Puis, son regard s'arrêta sur un collier, dont le médaillon était un magnifique saphir rouge. Elle le prit et le souleva de sorte à ce que le médaillon de retrouve devant son visage.

Soudain, on frappa à la porte. Elle lâcha le bijoux, qui atterrit dans la boîte, et s'empressa de refermer celle-ci.

-Oui ? Dit-elle.

Le Lord commandant des soldats noirs ouvrit doucement la porte et entra.

-Excusez-moi de vous déranger, ma reine, commença-t-il, mais nous avons reçu le rapport des infiltrés.

-Et ?

-Et bien, les nouvelles sont... Disons... Spéciales.

Le silence s'installa dans la pièce, ce qui énervait Léréna.

-Développez voyons, ne rester pas comme cela à me faire attendre ! S'écria-t-elle.

-Et bien, Ulrick s'est procuré un dragon. Mais rassurez-vous, il est beaucoup moins gros que les vôtres mais il a un point fort maintenant. Les infiltrés nous ont dit qu'il ne voulait pas que vous le sachiez pour qu'il vous prenne par surprise.

-De toute façon, il ne sait pas parler la Langue Ancienne, son dragon ne lui obéira pas.

-À ce propos, ils ont aussi dit qu'il commençait à l'apprendre avec le maistre du château.

-Que son fichu dragon lui obéisse ou pas, comme vous l'avez dit, il est moins gros que les miens, et j'en ai deux. Et en plus, il ne sait pas monter. On ne chevauche pas un dragon comme on chevauche un cheval.

Elle est tourna vers la fenêtre et regarda le haut de la tour qui dépassait entre les arbres.

-Et pourquoi vous n'en feriez pas naître un autre ? Demanda le Lord.

Elle se retourna vivement et le regarda hautainement.

-Crois-tu une seconde que le Seigneur des Ténèbres m'en donnera un troisième simplement parce qu'Ulrick vient d'en avoir un ! Ce n'est pas une course à celui qui en aura le plus, commandant !

-Veuillez m'excuser ma reine, ma question était déplacée.

Elle se retourna une nouvelle fois vers la fenêtre.

-Dîtes-moi, commandant, quel est le meilleur moyen de mettre hors du terrain un allié de l'ennemi ?

-Je suppose qu'il faut l'emprisonner, ou le tuer.

Léréna esquissa un léger sourire à l'entente de ce dernier mot.

-Le tuer... Fit-elle, c'est une merveilleuse idée. Et quoi de mieux que de tuer un roi pour reprendre du poil de la bête.

-Qu'allez vous faire ma reine ? Débarquer dans son château et lui arracher le cœur ?

-Mieux que cela !

Elle se tourna vers l'homme, un immense sourire aux lèvres.

-Envoyez un oiseau aux infiltrés et dites leur qu'ils fait que le roi de Tyria se rende à notre château leurre, à la demande du roi Ulrick. Et ordonnez aux Morgoths dans l'autre château de tout remballer et de venir ici, je ne veux plus personne là-bas.

-Très bien votre Altesse, dit le Lord en s'inclinant. Mais permettez moi de vous demander, que comptez vous faire ?

Un large sourire se dessina sur le visage de la jeune femme.

-Tout ce que je peux te dire, c'est que cela va être explosif !