Chapitre XXVII

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Ulrick

Il arpentait seul dans les couloirs du château, avec un seul but en tête. Il croisait bon nombre de gardes sur son chemin, qui s'inclinaient, mais il ne faisait pas attention à eux.

La visite de Léréna et Hanz l'avait mis hors de lui et cette colère ne voulait pas s'en aller. Il ne pouvait s'empêcher de penser à eux, à leur visage et leurs paroles. Il était bien plus déterminé qu'avant à leur faire payer ce qu'ils avaient fait.

Il n'avait pas eu de nouvelles d'Aelis et des enfants depuis qu'ils étaient partis et cela lui importait peu. Ils s'en étaient allés et il trouvait que était le meilleur choix que la reine avait pu faire. Il pensait que cela allait l'atrister mais cela ne lui avait rien fait.

Néanmoins, il regrettait une chose ; d'avoir épousé Aelis. Cela avait été la pire erreur de sa vie. Sans cela, Léréna ne serait sans doute pas de retour et il ne se trouverait pas dans la situation dans laquelle il était.

Il arriva devant une immense porte en bois calciné et en fer. Aucun garde n'avait de poste ici, il ne l'avait pas souhaité. Il ouvrit difficilement la lourde porte, qui grinçait. Il entra ensuite dans une cage en bois qui se mit à descendre. Le grincement des rouages était insupportable et Ulrick priait pour que cela s'arrête.

Une fois en bas, il sortit de la cage et s'avança de quelques pas. Il s'arrêta quelques secondes pour admirer l'endroit où il se trouvait. Il ne pu s'empêcher de se remémorer quelques souvenirs. Comme la première fois qu'il était venu ici et que Léréna l'avait sauvé d'une mort certaine causée par les Morgoths. À cette époque, il avait été stupide de croire qu'il pouvait changer la Reine Noire.

Il se remit en route, chassant ce souvenir qu'il essayait tant bien que mal d'oublier. Il passa devant l'immense trou qui contenait en son fond de la lave en fusion, autrefois exploitée par les Morgoths pour faire leurs armes, mais à présent abandonnée, comme le reste de la mine.

Les instruments qui leur avait servit étaient restés à leur place mais étaient remplis de cendres et de poussière. Il y régnait encore cette odeur de brûlé et de transpiration qu'il y avait autrefois. Il y fit abstraction et se plaça devant l'immense trou. il regarda au fond avant de relever la tête.

-Leghar ! Cria-t-il.

Rien ne se produisit dans un premier temps mais très vite, un bruit de chaînes résonna dans la mine. Puis, des grognements sourds accompagna le fer et très vite, Ulrick aperçu la tête du dragon blanc. La bête se déplaçait à l'aide de ses ailes et de ses pattes arrières. Il se plaça au dessus du trou, se soutenant sur le rebord.

La tête devant celle d'Ulrick, le dragon ouvrit la gueule et du feu commença à se former dans sa gorge. Hésitant, le roi posa sa main entre les deux narines de la bête. Celle-ci se calma et ferma la gueule.

-Doucement, fit-il.

Leghar lâcha un petit grognement puis recula sa tête, regardant l'homme qui lui faisait face. Puis il se tourna légèrement, mettant en avant les chaînes attachées à ses pattes arrières.

-Je suis désolé mais je ne peux pas te détacher maintenant, je ne peux Riquet que tu croises les dragons de Léréna avant la bataille, s'excusa Ulrick.

Soudain, un immense grondement sourd se fit entendre dans la mine, provenant de l'immense trou de lave. Le dragon s'écarta, disparaissant dans l'obscurité, accompagné du tintement de ses chaînes. La page se mit à monter légèrement alors que le grondement continuait. Ulrick recula de quelques pas, avant de heurter une table en bois remplie d'outils en fer rouillé.

Puis il regarda de chaque côté et se dirigea précipitamment vers la cage en bois. Au passage, il activa le vieux système qui s'enclencha quand le roi fut dans l'espace clos. La cage monta lentement, tandis que la lave continuait de monter. Leghar le regarda s'en aller, lançant des cris de détresse à son égard. Mais il ne dit rien et parti de la mine.

Il referma la lourde et vieille porte en bois, ce qui empêchait aux cris du dragon de parvenir jusqu'au couloir. Il se dépêcha de s'éloigner des mines et se dirigea vers l'infirmerie. Sa cape volait derrière lui, ses bottes claquaient de plus en plus vite sur le sol et les poils de sa fourrure dansait au grés de ses rapides pas.

Une fois à l'infirmerie, il chercha le maistre, qu'il trouva plongé dans un vieil ouvrage.

-Maistre ! Dites moi que les dragons résistent à la lave ! S'exclama le roi.

Le vieil homme leva la tête vers lui en fermant son livre.

-Bien sûr votre Altesse, sinon ce ne seraient pas des dragons, répondit-il lentement. Pourquoi me demandez vous cela ?

-Cela ne vous regarde en rien !

-Bien sûr votre Majesté. Vous n'êtes venu que pour cela ?

-Pourquoi viendrais-je pour autre chose ?

-À vous de me le dire.

Le vieillard fixa le roi pendant quelques secondes avant de rouvrir son livre et se replonger dans sa lecture. Ulrick fit quelques pas en avant et semblait vouloir déchiffrer ce qu'il y avait sur les pages du livre.

-Vous n'arriverez pas à lire, votre grâce, c'est du Rheyne, ou de la Langue Ancienne si vous préférez.

-Vous me l'apprennez je vous le rappelle.

-C'est vrai, et c'est pour cela que je sais que vous ne savez pas le lire, répliqua le vieil homme.

-Attention à ce que vous dites, maistre, cela pourrait vous coûter la vie ! Menaçait le roi.

Il leva la tête de son bouquin et regarda son souverain.

-Et qui vous apprendrait à parler le Rheyne si vous me tuez ? Vous ne pourrez alors jamais contrôler votre dragon.

Il se remit à sa lecture, ignorant le regard noir que lui lançait Ulrick.

-Je vous remplacerai.

-Je vous souhaite bonne chance alors, il y a peu de maistres de nos jours et aucun noble ni paysan ne sait parler le Rheyne, mis à part la famille royale.

-Ma famille est royale désormais et ce depuis des années.

-Mais vous n'avez pas le sang de Taurin me Conquérant. Léréna et Hanz d'Avaugour l'ont.

-Êtes vous en train de remettre en question mon règne ?

-Absolument pas votre Altesse, je dis seulement que le fils de Calleb d'Avaugour est l'héritier légitime.

Ulrick posa sa main droite sur la table en bois et fixait le vieillard, qui avait levé la tête vers lui.

-Continuez de me provoquer, maistre Avold, et votre tête finira au bout d'une pique.

Il tapa du point sur la table, ce qui fait sursauter le maistre, puis s'en alla après avoir lancé un dernier regard noir vers lui. Il claqua la porte de l'infirmerie, ce qui résonne dans le couloir. Puis un conseiller arriva accompagné de deux gardes.

-Votre Altesse, j'ai à vous parler d'un sujet important ! Dit-il en s'approchant.

-Cela attendra, j'ai quelque chose à vous demander avant, répondit le roi.

-Mais votre...

-CELA ATTENDRA ! Cria Ulrick.

-Bien sûr votre Majesté.

-Bien, j'ai un service à vous demander. Chercher moi tout ce que vous pourrez trouver sur le Conquérant Taurin d'Avaugour. Je veux savoir comment il a fait pour conquérir Somara et gagner le respect et la gratitude du peuple. Je veux que Léréna voit que ses sujets ne veulent plus d'elle.

La Reine Noire - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant