Chapitre XXVIII

46 7 0
                                    

Léréna

Elle se trouvait dans un des longs couloirs du château royal de Tyria, dont elle était à présent l'habitante. Elle regardait un immense tableau représentant le roi Hugon lors de son couronnement. L'homme, n'ayant pas plus de vingt ans sur la peinture, ne semblait pas vraiment sûr de lui. Elle était comme absorbée par ce portrait, sans vraiment savoir pourquoi.

Il s'était écoulé deux semaines depuis son couronnement en tant que reine de Tyria. Chacun des trois jours qui ont précédé sa visite chez Ulrick, avait apporté au roi une victime chaque soirs. Mais celui-ci avait ignoré la mise en garde de Léréna et ne lui avait pas cédé son trône, comme elle l'avait prédit. Alors, depuis le dernier des trois jours qu'elle avait laissé au roi de Somara, elle avait décimé une famille entière venant de son royaume tous les soirs.

La population de Somara diminuait à petit feu et le peuple avait peur. Ils avaient peur pour leur vie et celle de leur famille. Et peur pour leur avenir. Ils savaient qu'une guerre se préparait et se préparaient à changer de souverain, car ils ne croyaient plus en les capacités de leur roi devenu fou et avide de pouvoir.

Ces deux semaines avaient été plutôt calmes. Léréna avait seulement du étouffer le début d'une rébellion au sein de son royaume. Certains nobles et paysans ne voulaient pas d'elle sur le trône et l'accusait du leurre de leur roi. Ils la jugeaient illégitime à la couronne de Tyria, même si elle avait du sang royal, mais pour eux, cela ne suffisait pas.

Cela faisait à présent un bon quart d'heure qu'elle était devant ce tableau, perdue dans ses pensées. Elle reporta alors son attention sur le portrait du roi Hugon. Il avait été couronné souverain après la mort prématurée et inexpliquée de son père. Son peuple l'avait accusé pendant un temps de l'avoir assassiné pour obtenir le trône, mais ces accusations ont vite cessées quand les gens ont vu qu'il gouvernait aussi bien, voir mieux, que son père.

Elle posa une main sur son ventre et détailla chaque recoin du tableau. Le portrait était bien fait et elle se surprit à se demander qui était le peintre. Rien ne paraissait démesuré et tout était à sa place exacte. Elle ne pouvait le nier, l'auteur de cette peinture avait un réel talent. Pas comme ces charlatans qui se font passer pour des peintres auprès des nobles afin de gagner de l'argent, pensa-t-elle. Mais quelques fois, les nobles s'avèrent être stupides.

Puis, des pas résonnèrent dans le couloir, brisant le silence dans lequel il était plongé depuis de longues minutes. Mais elle ne se détourna pas du tableau.

-Votre Altesse, commença un garde, faisant une légère révérence. Le conseil de la Couronne souhaite se réunir.

-En quel honneur ? Demanda Léréna, blasée.

-Ils ne l'ont pas précisé, répondit le garde.

Elle se tourna vers lui, enlevant rapidement sa main de son ventre et le détailla.

-Quelle est cette armure ? Demanda-t-elle.

-Et bien, celle que l'ont m'a donné quand j'ai commencé mon service ici votre Majesté.

-Non, c'est celle que le roi Hugon donnait à ses gardes. Et où est le roi Hugon à présent ? Répliqua-t-elle.

-Mort.

-Et qui est ton souverain à présent ?

-Vous, votre Grâce.

-Et est-ce que cette espèce de fleur est mon blason ?

-Non, c'est celui du roi Hugon.

-Alors pourquoi est-ce que vous me portez encore s'il n'est plus votre roi ?!

La Reine Noire - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant