Tome2 : Un week-end à Las Vegas

Confessions

Debout sur les quelques marches devant l'autel de l'église, je tiens mon minuscule bouquet de fleur en essayant de me dire que mes pieds ne me font pas atrocement mal. Voilà une éternité que je me tiens là, entre Sophia et Jade, à sourire et prier. Surtout prier. Pour que cette cérémonie prenne fin.

Quand nous sommes arrivés, j'étais surexcitée. J'allais assister à mon premier mariage en tant que demoiselle d'honneur. La maison d'Elise et Stuart nous a été réservée pour que nous puissions toutes nous préparer. Stuart quant à lui, a été envoyé chez Jules depuis la veille pour respecter la tradition de ne pas voir la mariée avant le mariage. Nous nous sommes donc toutes préparées chez Elise, avec coiffeuse et maquilleur spécialement invités pour l'occasion. Je me sentais comme une princesse alors que ce n'est même pas mon mariage. Je n'ose pas imaginer ce qu'Elise ressent. Elle doit être sur un petit nuage.

Mais elle n'a enfilé sa robe qu'en arrivant à l'église. Une petite salle est à disposition pour la mariée et ses demoiselles d'honneur le temps que tout le monde se mette en place. Et ce n'est qu'en arrivant à l'église que j'ai troqué mes sandales pour les chaussures à talons qui accompagnent nos robes. Et le calvaire a commencé. Les dix premières minutes ça allait. J'étais principalement assise à attendre l'heure du départ du cortège. Ensuite, nous nous sommes mises en place. Stuart attendait déjà devant l'autel, Julie est sortie en première. Son cavalier l'a escorté jusqu'au bas des marches. Puis c'était au tour de Jade, qui est montée sur la première marche. Ensuite c'était mon tour. Mes jambes se sont dérobées sous moi quand j'ai aperçu Drew dans son smoking, m'attendant dans le petit hall de l'église. Il a pris ma main pour la passer sous son bras et m'a souri avec un tel bonheur que j'ai cru défaillir. Pendant tout le chemin depuis le hall jusqu'à la seconde marche, je n'ai cessé de trembler. J'étais accrochée si fort à son bras que je lui ai sans doute coupé la circulation. Mais il n'a rien dit. Il a marché fier jusqu'au point où nous devions nous séparer et a tenu ma main jusqu'au dernier moment.

« Tu es presque aussi aphrodisiaque qu'à notre mariage. »

C'est ce qu'il m'a dit quand je suis venue dans le hall. Et maintenant il est en face de moi, à me lancer des petits sourires en coins et des œillades promettant bien des choses dont personne ici ne sera témoin.

Je passe mon poids d'un pied à l'autre, espérant en soulager un pour qu'il tienne plus longtemps. Jamais une cérémonie ne m'a parue aussi longue. J'ai l'impression d'être debout ici depuis des heures. Mon sourire s'est sans doute affaibli peu à peu durant la cérémonie, mais personne ne peut me le reprocher. Même les hommes en face semblent s'impatienter. Je me demande depuis un moment si le cavalier de Jade n'a pas besoin d'aller aux toilettes. Il doit souffrir encore plus que moi. Avec soulagement, j'entends enfin le prêtre prononcer les mots fatidiques, ceux qui cèlent leur union, et je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse. J'applaudi avec enthousiasme, comptant les secondes qui me séparent du moment où je pourrais me débarrasser de mes chaussures.

Les invités commencent à vider l'église, laissant place à ce moment de battement entre la cérémonie et le reste des festivités. Ce moment où nous ne sommes plus obligés d'être parfaits, où les nouveaux époux s'échangent quelques mots à l'abri des oreilles curieuses. Ce moment où Drew vient me prendre dans ses bras, couvrant mon visage de baisers. Je ris, heureuse qu'il me tienne assez dans les airs pour que je n'ai pas à me servir de mes pieds.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Ça m'a rappelé notre mariage.

Il enfouit son visage dans mon cou et me repose. Dommage.

— J'ai hâte que la fête batte son plein pour que nous puissions nous éclipser.

Son regard coquin me fait déjà de l'effet.