Saint Pétersbourg, la capitale des Tsars ou la Venise du Nord comme beaucoup l'appellent. La première chose qui m'avait frappé lorsque j'avais atterri dans la ville, fut la beauté de son architecture. J'avais eu l'impression d'avoir mis les pieds dans un conte de fée et malgré la tristesse que je ressentais, mes yeux d'enfant s'étaient illuminés, les nombreux palais rendaient le paysage magique.
Oncle Andrei avait un chauffeur qui faisait aussi office de garde du corps, Borislav était d'une froideur sans nom, son regard était d'un bleu glacial et j'étais incapable de lui donner un âge. La voiture s'était arrêtée sur la célèbre rue Nevsky Prospekt, devant un immeuble majestueux avec un portier. Je me souviens de la peur que j'avais ressenti une fois devant, l'émerveillement passé, l'angoisse m'avait de nouveau saisi.
- Jade kroshka, tu es chez toi maintenant et je vais prendre soin de toi khorosho? m'avait dit oncle Andrei en s'agenouillant face à moi.
Il avait un accent prononcé, son regard était doux, il m'avait pris la main affectueusement et j'avais décidé à ce moment là que je pouvais lui faire confiance, il était de la famille et même si maman m'avait fait partir, elle ne m'aurait pas envoyé chez quelqu'un de méchant.
- Qu'est-ce que ça veut dire? avais-je demandé.
Il avait souri et s'était relevé.
- Kroshka ça veut dire "ma puce" et khorosho, " d'accord". Mais ne t'inquiètes pas, la première chose que tu vas apprendre c'est le russe, ensuite tu apprendras le français et tu auras le choix pour une autre langue, nous verrons cela plus tard. Rentrons, je vais te montrer l'appartement où tu vas vivre maintenant, je t'expliquerai ensuite les règles de la maison et ce qu'il va se passer pour toi maintenant que tu vis avec moi.
Il m'avait guidé jusqu'à une porte ouverte située au dernier étage bâtiment devant laquelle sept personnes nous attendait.
- Jade voici les personnes qui travaillent pour moi et pour nous maintenant, je te les présenterai plus tard, viens suis-moi, avait-il dit en me tirant doucement par la main.
Je m'étais laissée guider à travers les cinq cent mètres carrés de l'appartement et ouvris la double porte lorsqu'il m'avait demandé de le faire. Une magnifique chambre m'attendait, une chambre de princesse, toute de rose et blanc, mes yeux s'étaient perdus entre l'énorme maison de poupée, la bibliothèque qui débordait, le lit à baldaquin, les poupées et autres jouets, la coiffeuse, le dressing remplie de robes et autres vêtements qui me paraissaient trop beaux pour être vrais. Une autre porte donnait sur une salle de bain, les fenêtres étaient tellement grandes, celles de la chambre donnaient sur un balcon et la vue était magnifique.
Je m'étais retournée pour regarder oncle Andrei qui souriait.
- Tout ça c'est pour moi? avais-je demandé incrédule.
- Bien sur, c'est ta chambre. Tu voudras surement la changer lorsque tu seras plus grande, mais j'ai pensé que tu aimerais cette décoration, c'est le cas?
- Oui, j'ai jamais eu de chambre comme ça, pas de poupées et de livres, Gaby m'en prêtait lorsque maman n'était pas là.
- Ta maman ne voulait pas que tu aies de livres?
- Je n'arrivais pas à être comme Gaby et Anthony, est-ce qu'ils vont venir bientôt? avais-je ajouté.
Je me souviens qu'il avait haussé les sourcils et je pense que, inconsciemment, je savais que maman avait menti et qu'ils ne comptaient pas me rejoindre, qu'elle m'avait abandonné.
- Tu les reverras Jade... Pourquoi tu dis que tu n'arrivais pas à être comme eux?
- A l'école, ils ont dit à maman que j'étais dyslexique. Elle était très en colère, j'ai essayé de faire des efforts mais j'étais trop nulle, tout ce que j'essayais je le ratais. C'est pour ça que maman m'a abandonné? C'est pour ça qu'elle m'a envoyé ici? J'ai pas été assez sage? J'ai essayé, j'étais pas triste de pas avoir de bonbons, de jouets, de nouvelles robes comme Gaby, j'étais contente de récupérer ses vieilles affaires, mais c'était pas assez?

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L'emprise
Gizem / GerilimJe sens le regard de ces douzes personnes en face de moi, me juger, me scruter, me sonder. -Ne vous fiez pas à ce visage d'ange et à ces beaux yeux tristes, dit-il. Tristes? Je suis tout sauf triste, il se trompe. Leurs regards passent au crible c...