L'emprise

Chapitre 43

- Mme Romanov! On la perd, chargez à 150... 

On me perdait, je le savais car je me sentais partir, cette fois ci c'était différent, je n'étais pas désespérée au point de vouloir mourir, non, j'étais presque morte. Je savais qu'Ivan était là, c'était lui qui avait arrêté Dimitrei, je sentis un choc violent avant de sombrer. 

- Il faut qu'il paye! C'est moi qui aie donné la vidéo à la presse, tout le monde devait voir le monstre qu'il était, ça devait s'arrêter maman! Jade a mon âge, tu aurais accepté que je souffre comme elle a souffert?  

- Tu as trahi ton oncle, ta famille Nina! Tvoya semya! ( Ta famille) 

- Jade est ma famille, c'est ma famille maman! Et lors du procès je témoignerai si on me demande de le faire, je dirai tout et je confirmerai ce que tout le pays a vu. 

Les voix étaient distinctes, c'était Nina et sa mère Maria qui parlaient. Je tentais d'ouvrir les yeux mais j'avais l'impression que mes paupières pesaient une tonne. Mon corps n'était que douleurs, chaque membres semblaient se briser et se reconstruire encore et encore, ma tête allait exploser, respirer était une épreuve. Je me mis alors à penser à Dimitrei, où était-il, est-ce qu'il me cherchait pour en finir définitivement? Mon rythme cardiaque s'emballa et les machines également. 

- Jade? Elle se réveille! Jade? C'est moi, Nina, je suis tellement désolée... 

J'ouvris enfin les yeux, comme je le pus et la lumière du jour m'aveugla instantanément. Je frissonnai tant la douleur m'irradia brutalement, et je tentai d'ouvrir la bouche mais c'était impossible. 

- Jade, j'ai appelé le médecin il arrive, je suis tellement désolée, je sais que tu souffres le martyr. Tu ne peux pas parler, tu as un appareil qui fixe ta mâchoire, apparemment on ne peut pas te donner trop de morphine, vu tes antécédents médicaux. 

Nina pleurait et je paniquais, je ne pouvais pas parler, je ne pouvais pas bouger, et je n'avais aucun repère spatio temporel. Le médecin arriva, je ne suivais plus rien, je voulais juste que la douleur cesse, que le temps cesse, que ma vie cesse. 

Les jours passèrent, peut être des semaines ou de mois, je ne savais pas, Nina était là tous les jours, Ivan également, je pouvais parler de nouveau, ma mâchoire s'était remise, je n'avais quasiment plus mal, mes côtes se remettaient également, mais aucun mot ne sortait de ma bouche. Je savais que Dimitrei avait pris un énorme coup, son image était salie, Nina avait donné les vidéos de l'appartement à la presse qui l'avait diffusé et ça avait été aussi rapide que l'éclair. Et moi, j'étais là, je ne ressentais plus rien, la police était venue plusieurs fois pour prendre ma plainte, mais je n'avais pas parlé, pas une fois. Je ne voulais pas, je n'y arrivais pas, je n'étais pas prête à raconter tout ce qu'il s'était passé. 

Pourtant un jour arriva où j'allumais la télévision, la première fois depuis mon séjour à l'hôpital et je tombais sur une émission évoquant mon histoire.

- Tout le pays en a parlé, les images sont horribles, elles ont révoltées des milliers de femmes à travers le pays, des voix se sont élevées et aujourd'hui, nous savons de source sure que Jade Romanova est bien en vie et qu'elle est presque totalement remise de ses blessures. Pour les téléspectateurs qui n'auraient pas encore vu les images de la violence sans nom dont a fait preuve le richissime Dimitrei Romanov, je vous invite, si vos enfants sont toujours debout à cette heure, à les envoyer dans leurs chambres. 

Les images défilaient et je revis alors tout ce qu'il s'était passé cette matinée, chaque coups, chaque actes, chaque mots, je revoyais tout et c'était comme si je le vivais une nouvelle fois. Je vis également le moment où je m'étais évanouie et où Ivan était arrivé. Dimitrei et lui s'étaient battus, et Ivan avait roué de coups son frère, comme s'il déversait toute sa haine sur lui. J'étais inerte sur le sol, la bouteille que Dimitrei avait utilisé pour me sodomiser toujours là, je n'étais pas morte car on me voyait tressaillir. Les secours et la police arrivèrent puis la vidéo s'arrêta à ce moment.