Je savais que cette situation pouvait arriver et aujourd'hui c'est le cas. J'ai pensé à un plan b au cas où je devrais partir précipitamment, même si je sais qu'il ne pourra rien me faire s'il me retrouve. Mon pays de secours est l'Italie, la famille de ma mère biologique, Juliette Verrati y vit, étant entrée en contact avec ma cousine Angela il y a quelques mois, je suis sure qu'elle sera heureuse de me voir. Mais s'il y a bien une chose que j'ai appris en vivant avec Andrei et Dimitrei, c'est de ne jamais prendre de décision hâtive, jamais...
**********
Après ce moment avec Andrei, je ne me sentais pas particulièrement mal à l'aise, je me disais qu'il avait besoin de moi, est-ce que c'était mal? Il m'avait assuré que non et je l'avais cru.
Les choses sont devenues hors de contrôle sans que je ne m'en rende compte.
Sans qu'à un moment donné, je ne me dise que notre relation n'était pas normale.
Sans que mon instinct ne se mette en alerte.
Sans avoir peur.
Alors est-ce que je pouvais réellement le blâmer? Est-ce qu'il était entièrement responsable? Aux yeux de la loi, c'était le cas, mais la culpabilité qui me rongeait de jour en jour n'était pas de cet avis.
Andrei m'avait mise sur un piédestal, il me disait que sa vie dépendait de la mienne, que chaque jour il respirait parce que j'étais là, avec lui, qu'il m'aimait. Il me disait que le jour où je partirai il n'aurait plus aucune raison de vivre.
Et je l'ai cru. Je l'ai cru et j'ai absorbé tout l'amour qu'il m'avait donné, sans retenue, sans gêne, presque avec avidité, parce que c'était la première fois. La première fois que je me sentais aimée. La première fois que je me sentais indispensable, importante et vivante, tout ce que je n'avais pas eu chez mes parents.
Les leçons, comme il les appelait, avaient continué rapidement après le baiser qu'il m'avait donné. Il avait d'abord gentiment exigé, comme il aimait dire, que chaque fois que je rentrerai à la maison, je devais l'embrasser. Il disait que ça faisait parti des choses que je devais savoir faire à la perfection avant de passer à l'étape supérieure.
Il n'avait toujours pas digéré le fait qu'Alexei se soit moqué de moi malgré les propos que j'avais tenu, personne ne devait se moquer d'une Baranov et il devait l'intégrer. Je n'avais plus de problèmes à l'école pourtant, mais ça ne suffisait pas, et je devais obéir. Même s'il ne me le disait pas directement, la menace silencieuse d'un isolement total planait, et je savais que malgré tout l'amour qu'il me portait, il n'hésiterait pas à le faire.
Alors tous les soirs, après l'école, j'allais le retrouver dans son bureau et il m'embrassait, nous nous embrassions. Il m'apprenait, il me disait d'aller plus vite ou plus lentement, il me disait de poser mes mains sur différentes parties de son corps, de caresser ses cheveux, de le prendre dans mes bras. Il me dictait ma conduite et je l'écoutais.
J'avais quatorze ans et j'aurai dû savoir que ce n'était pas normal, mais il m'avait convaincu du contraire, il m'avait convaincu de garder ça pour moi, il m'avait dit que si jamais je me confiais à quelqu'un, je devrais retourner chez mes parents, à la Nouvelle Orléans, et je ne voulais pas.
De quoi j'étais censée me plaindre? J'avais tout, tout ce que je désirais, même les choses les plus folles. Rien était inaccessible, nous étions riches, enfin Andrei l'était, mais il disait que tout ce qui lui appartenait, m'appartenais aussi. La famille Baranov avait fait fortune dans la sidérurgie, le transport et la logistique et aujourd'hui Andrei en était l'héritier. J'avais entendu dire à l'école que sa fortune se comptait en milliards et qu'il avait des milliers de salariés partout dans le monde.
VOUS LISEZ
L'emprise
Misteri / ThrillerJe sens le regard de ces douzes personnes en face de moi, me juger, me scruter, me sonder. -Ne vous fiez pas à ce visage d'ange et à ces beaux yeux tristes, dit-il. Tristes? Je suis tout sauf triste, il se trompe. Leurs regards passent au crible c...