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Les coups pleuvent. Bellamy vide son chargeur dans les arbres, sans jamais atteindre personne, et les flèches qui proviennent de ces mêmes arbres ne cessent de s'abattre à ses pieds. Finalement, il réussit à se hisser lui aussi à l'intérieur de la Rover.

C'est alors que je réalise avec effroi qu'une flèche est venue se loger dans son bras, le traversant de part en part. J'ignore si c'est à cause de l'adrénaline, mais il ne semble même pas s'en apercevoir. Ou peut-être que ça lui est simplement égal ?

Lorsqu'il se penche en avant pour démarrer la voiture, j'en profite pour retirer d'un coup sec la flèche. Même pas un cri ou un sursaut, rien. Bellamy semble déconnecté de la réalité. J'agrippe le bas de son tee-shirt et déchire laborieusement un petit bout de tissu que j'enroule autour de son bras en le serrant bien. Et enfin, nous démarrons.

* *

Nous roulons à vive allure depuis des heures maintenant, et nous n'avons pas ouvert la bouche depuis. Je vois les paupières de Bellamy devenir de plus en plus lourde, et je le vois lutter pour garder les yeux ouverts. Je me décide enfin à lui adresser la parole, peut-être que ça le réveillera.

《 - Je savais qu'il reviendrait, qu'il ne me laisserait jamais partir, dis-je.

- On ne sait pas qui c'était, répond-il.

- Si, on le sait ! Je le sais !

- Non on ne sait pas, insiste-t-il. 》

Il ne m'accorde pas un regard, ne quitte pas la route des yeux.

《 - On a des problèmes plus urgents, marmonne-t-il.

- Tue un démon aujourd'hui...

- Et affronte le diable demain, ouais, poursuit-il. Mais moi je peux pas penser comme toi.

- Pourquoi ?

- Je ne peux pas m'empêcher de me poser des questions. Est-ce que ce démon était seul ? Ou est-ce qu'il y en a d'autres, encore plus dangereux à combattre ? On a gagné des batailles c'est vrai, mais on perd la guerre. On n'est pas prêt.

- On ne peut pas être prêt tant qu'on n'a pas pansé nos blessures. Surtout les plus profondes. 》

Il me regarde pendant quelques secondes sans dire un mot, et je réalise qu'il comprend où je veux en venir. Il ouvre la bouche pour répliquer, rapporte son regard sur la route et se ravise.

《 - Bellamy, tu peux me parler. Je ne vais pas te juger. Peu importe ce que tu as fait, j'ai probablement fait dix fois pire.

- Non j'en doute.

- Mais je...

- Tais-toi, me coupe-t-il. Je suis désolé mais juste, tais-toi... 》

Putain mais quel connard ! J'essaie de l'aider et voilà comment il me traite en retour.

《 - Dit moi Bellamy, tu le vis bien d'être un connard égoïste ?

- Ta gueule Callie !

- Non mais je rêve, t'es vraiment qu'un...

- Non sérieux, me coupe-t-il. Il semble tendre l'oreille. T'entend pas ce bruit ?

- A part ta voix insupportable, j'entends rien.

Bellamy et Calliopée, le Feu et La Glace - The 100Où les histoires vivent. Découvrez maintenant