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C'était une journée comme je les aimais. La chaleur de l'été et les rayons du soleil sur mon visage, les rires des enfants qui jouent au ballon, le bras de Bellamy autour de ma taille. Une journée parfaite, en soi. Ce que j'ignorais encore à ce moment-là, c'est qu'en réalité, c'était la toute dernière fois que le soleil me brûlait la peau, la toute dernière fois que des éclats de voix heureux parviennent à mes oreilles, la toute dernière fois que je ressentais les picotements étranges dans mon bas-ventre quand Bellamy faisait courir ses doigts sur ma peau nue. On dit qu'il faut toujours profiter des bons moments, vivre le présent à fond. J'aurais dû les écouter. Ce monde ravagé m'a appris à chérir le présent car on ignore ce qu'il adviendra demain. Aurais-je droit à un lendemain ?

* *

Assise sur le lit dans la cabine de Bellamy, j'attends l'heure fatidique. Mon cœur bat à tout rompre, je me sens sur le point de vomir. J'inspire profondément pour tenter de calmer mon pouls irrégulier. Je me répète sans cesse les quelques mots que ma mère rétorquait toujours quand je lui disais qu'elle buvait beaucoup trop et que ça finirait par la tuer.

« - Promis, Callie chérie. Laisse-moi finir mon verre, et demain, j'arrêterais de boire.

- Et si demain tu n'es plus là, maman ?

- Ne soit pas ridicule. Le soleil finit toujours par se lever. Il y a toujours un lendemain. »

Il y a toujours un lendemain, je me répète encore et encore comme un mantra, jusqu'à ce que la porte de la cabine s'ouvre, et que Clarke entre à l'intérieur, les bras chargés.

« - C'est quoi tout ça ? je lui demande.

- Des armes, principalement. Des vêtements, aussi. Je suis passée faire un tour dans la cabine d'Octavia. Il te faut une vraie tenue de guerrière. »

Je réussis à esquisser un sourire. Elle sort de son sac un petit pot, avec une mixture noire à l'intérieur.

« - Si c'est un combat de natif, alors on va suivre les traditions, dit-elle en souriant légèrement. Tu n'échapperas pas au maquillage de guerre. »

Elle trempe son index dans le pot, et tapote délicatement son doigt sous mes yeux, sur mes paupières, et sur mes pommettes. Elle s'attaque ensuite à ma chevelure, elle tire doucement sur mes ondulations pour les ramener en arrière, et fait une natte. Elle m'aide ensuite à enfiler les vêtements d'Octavia. Un jean noir délavé, avec une ceinture qui permet d'y placer quelques couteaux. Un haut noir aux détails cloutés, avec un épais gilet d'acier sur la poitrine. Lorsque je me regarde dans le miroir, je ne me reconnais plus. Mon visage est pâle, le contour sombre de mes yeux fait ressortir leur couleur d'un bleu glacial. En revanche, l'air déterminé n'est pas étranger à mon visage. C'est la seule chose qui me prouve que ce reflet est toujours le mien. En me regardant, je ne peux pas m'empêcher de m'imaginer étendue sur le sol, dans une mare de sang, les lèvres bleues et la peau laiteuse, les yeux clos pour toujours. Derrière moi se dessine une ombre qui me fait sursauter, puis un deuxième reflet apparaît dans le miroir. Celui de Bellamy, que je n'avais pas entendu entrer.

« - On dirait une vraie princesse native.

- Le but n'était pas de ressembler à une princesse, mais à une guerrière. »

Il laisse échapper un léger rire, avant qu'un air triste ne vienne assombrir son visage. C'est le premier à briser le silence :

« - Tu peux toujours changer d'avis, tu sais.

Bellamy et Calliopée, le Feu et La Glace - The 100Où les histoires vivent. Découvrez maintenant