《 - Je te ramène à la maison, mon épouse adorée. 》
J'entends sa voix, sans cesse, dans ma tête. Je ne vois rien, je ne sens rien, je suis dans les ténèbres et à la fois, j'ai l'impression d'être totalement éveillée. Je sens son regard pesant sur moi, comme lorsque je l'ai vu pour la toute première fois. Jamais je n'aurais imaginée, à ce moment-là, dans quelle merde je m'étais foutue.
Je m'en souviens comme si c'était hier, c'était à peine quelques jours après avoir quitter le camp. Alors que j'étais à deux doigts de succomber à cause de la faim, du froid et de la déshydratation, il était apparu comme un ange. J'ignorais encore que c'était le diable en personne, mais il ne m'a pas fallu longtemps pour m'en rendre compte...
Plus le poison pénètre à l'intérieur de mon corps, et plus je me sens m'éloigner.
Plus j'entends les échos de sa voix, et plus les souvenirs refont surface. Je les vois défiler devant moi, un par un, comme un film. C'est comme si j'assistais de nouveau à la scène, mais hors de mon corps cette fois-ci, en simple spectatrice.*
Je voulais mettre le plus de distance possible entre le camp et moi, m'enfuir aussi loin et aussi vite qu'il était humainement imaginable. J'étais déjà à bout. À peine 72 heures sur Terre, et j'étais déjà dépassée. Qu'est-ce que j'étais pitoyable !
Très vite, les minces ressources que j'avais piquées avant de m'enfuir se sont épuisée. Plus de nourriture, plus d'eau, plus rien. Juste moi, et mon corps en train de se dessécher lentement. Je n'avais plus assez de force pour courir, alors j'ai commencée à marcher. Et puis finalement, je n'ai plus eu la force de marcher non plus. Je m'étais alors adossée contre un arbre, seule et désespérée en attendant que la mort vienne me chercher. Mais elle n'est jamais venu.
Mais lui est venu. Il marchait tranquillement dans la forêt, et au moment où il m'a aperçu, se stoppa net. Je le vis se diriger vers moi, lentement. Le soleil lui tapait dans le dos, les rayons qui émanaient de lui m'empêchaient de percevoir clairement son visage. Quand enfin il fût assez prêt, il s'agenouilla. Il était différent de nous. Je l'avais su tout de suite, à l'instant même où j'ai remarquée ses vêtements étranges et lut la stupeur dans son regard, j'ai su qu'il n'était pas l'un des nôtres, que la Terre n'était pas inhabitée, contrairement à ce qu'on nous avais fait croire sur l'Arche.
《 - Je te ne laisserai plus jamais t'enfuir, l'entendais-je prononcer dans le monde réel. Enfin je crois. 》
Il commença à me parler, d'une langue dont je ne saisis pas le moindre mot. Je dodelinais de la tête, en m'arrachant au passage une grimace de douleur tandis que le monde dansait autour de moi. Et alors, il se gratta la gorge, et dit :
《 - Je suis Zoran.》
Je tentais d'ouvrir la bouche pour lui répondre, mais la sécheresse de celle-ci empêchait les mots de franchir mes lèvres. Zoran s'empressa de prendre la gourde accrocher à sa ceinture, passa ses doigts sous mon menton pour le relever légèrement, et fit glisser l'eau dans ma gorge.
《 - Ça va aller. Je vais m'occuper de toi. Je ne te laisserai pas. 》
*
J'ai envie de me hurler à moi-même "ne lui fait pas confiance, espèce d'idiote ! Crache-lui cette eau au visage et enfuis-toi aussi vite que tu le peut !" Mais c'est impossible, je ne suis pas vraiment là, je ne fais qu'assister à la scène. Et quelle scène ! Je me souviendrais toujours de ce moment-là, du moment où j'ai cru qu'il me sauverait. Dans un sens, il l'a fait. Mais uniquement pour me causer davantage de tourment plus tard. En pensant que je suis à nouveau tombée dans les bras de ce psychopathe, je prie pour ne jamais me réveiller.
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Bellamy et Calliopée, le Feu et La Glace - The 100
Fiksi PenggemarNous étions cent. Tous mineurs, tous accusés de peine passible de mort. Lorsque le Conseil de l'Arche, dirigé par le Chancelier Jaha à décider d'envoyer un groupe de prisonniers juvéniles sur Terre, nous y avons vu une seconde chance, un rêve. Mais...