bonus trois

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HOPITAL DE MADRID

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HOPITAL DE MADRID

OMNISCIENT

2 JUIN 2017





Elle courait. Encore et encore. Pas une seule pause pour reprendre son souffle. Elle courait comme si sa vie en dépendait, comme si elle pourrait mourir si elle s'arrêtait ne serait-ce qu'une seule seconde. Elle ne pouvait pas s'arrêter. Son monde s'écroulait. Sa vie s'écroulait. C'était comme si elle était enfermée dans une bulle, sa bulle et que, d'un coup, on vienne briser cette bulle et qu'on venait s'en prendre à elle, la poignardant. On tournait le couteau dans son cœur, puis le ressortait et qu'on recommençait sans cesse, prenant soin de tourner la lame dans son corps. Ça vous faisait affreusement mal, mais vous continuez de courir, parce que c'est la seule chose que vous puissiez faire. Courir. Encore et encore. C'est ce qu'elle faisait depuis de longues minutes, depuis qu'elle avait reçu ce fameux appel, celui qu'elle n'aurait jamais voulu entendre. Celui qui la tuerait.

Elle se ruait au quatrième étage, bousculant les gens sur son passage et gravissant les marches deux par deux. Le temps était compté. Ça avait toujours été une question de temps. Un mois, six mois, un an, deux ans, cinq ans. C'était toujours les mêmes questions qui revenaient. Combien de temps lui restait-il ? Combien de temps nous restait-il avant qu'on nous le prenne ? Combien de temps pourrait-il vivre ? Combien, encore et encore. Toujours.

Elle se sentait putain d'impuissante en voyant son visage à travers la vitre de la chambre. Il était là, allongé sur ce fichu lit depuis des heures, branché à des tas de machines qui rendaient tout ça encore pire. On le maintenait en vie, juste pour quelques temps, quelques heures. Juste le temps de dire au revoir, de le laisser une dernière fois voir le visage de ses proches. C'était putain de déchirant de le voir là, blanc, le visage terne, les yeux à moitié fermés.

Elle n'y arrivait pas. Elle n'arrivait pas à ouvrir cette porte qui les séparait. Elle savait que si elle entrait, c'était la fin. Son cerveau fulminait. Elle était en train de perdre pied. Et non, pas à cause d'un putain d'orgasme ou d'une partie de jambes en l'air incroyable. Non, c'était la perte de soi, la perte de son âme, de son cœur. La perte de tout, totalement.

Ses parents étaient là, de chaque côté d'Elias, le regardant les larmes coulant à flots. Nina se tenait dans un coin de la pièce, recroquevillée sur elle-même. Ce gamin âgé de la vingtaine allait mourir. Il allait crever et putain, c'était pas une surprise, tout le monde le savait, mais faisait en sorte de passer outre. Elias Delgado allait crever. C'était un fait.

Elle avait à peine posé sa main sur la poignée pour ouvrir la porte que les larmes déferlaient sur ses joues. Elle ne voulait pas entrer et le voir dans cet état, elle ne voulait pas le laisser partir. Elle souffla longuement, fermant les yeux pour se calmer et appuya sur la poignée pour que la porte s'ouvre. Ses parents relevèrent la tête, quittant des yeux, pour quelques instants, le corps de leur fils.





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