Distorsion T.1 [Derniers Chapitres Dépubliés]

Chapitre 1.1

— Ça y est, je les vois, fit une voix féminine. On ferait mieux de se séparer et de les prendre en tenaille. Un groupe en renfort les récupère par derrière et le tour est joué.

— Tu crois vraiment qu'ils tomberont dans un piège aussi débile ? demanda cette fois-ci une voix masculine. Toute façon, il faudrait qu'on ait l'avantage du terrain et au cas où t'aurais oublié, c'est pas le cas.

— Justement, c'est une arène née de la nouvelle mise à jour. C'est pas grave, si nous sommes aveugles, ils le sont aussi. C'est bon, on peut bien se permettre d'être un peu téméraires, non ?

— Me fais pas marcher. Tu te crois où là ? On va pas suivre les ordres d'une petite nouvelle ! grogna une autre voix. On suit le plan initial.

— Roger, acquiesça le reste.

Quelques minutes plus tard, c'était terminé. Ils venaient de perdre un match d'arène contre Les Gladiateurs sur Heros of Artoria, un RPG en ligne. Être éliminés dès le deuxième tour était assez humiliant, surtout que cette défaite aurait pu être évitée.

— Bon ben, ils diront pas après que je les avais pas prévenus, grommela Vanessa en se laissant aller sur sa chaise de bureau.

Tout de suite après, elle reçut un appel sur skype. Elle se doutait déjà de l'identité de la personne qui tentait de la joindre.

— Pour ma défense, je savais que c'était mort dès le moment où ils ont refusé de suivre ton plan.

— Aka*, pourquoi tu veux mentir ? répondit-elle à Sam, Samantha de son vrai nom, son amie qui était restée dans leur pays natal, le Cameroun. Tu aurais pu le leur montrer quand même au lieu de fermer ta bouche. Tsuips* !

Sur son écran, un visage tout en rondeurs apparut, encadrant des yeux vifs et pétillants malgré l'heure déjà très avancée de la nuit. Ses cheveux crépus étaient coiffés en un chignon au-dessus de la tête et Vanessa reconnut le col d'un T-shirt vieux de presque dix ans qu'elle lui avait offert. Samantha refusait catégoriquement de s'en séparer malgré sa couleur déjà délavée et les quelques trous causés par les mites. Voir à quel point son amie tenait à ce cadeau lui faisait plaisir.

— Je sais, mais tu connais cette bande de gros bras. Ils se croient plus forts seulement parce qu'ils y jouent depuis plus longtemps et parce que nous sommes des filles. Peut-être que finalement, j'aurais dû raconter comment tu me battais toujours à Call Of Duty ? Tu es la meilleure à ce genre de jeu.

— Tu n'exagères pas un peu ? C'est juste toi qui es trop nulle.

— Ah ah ah, très drôle. Plus sérieusement, tu sais très bien que je dis la vérité. C'est juste que tu ne sais pas t'imposer. Et je ne parle pas seulement en matière de jeux vidéo. T'es douée pour l'informatique et tous ces bidules. Je me demande même pourquoi tu es partie te perdre en littérature. C'est d'un ennui. Enfin bref, tu ne changeras jamais si je vole à ton secours à chaque fois. Personne ne se battra pour toi là-bas à mbeng*, hein !

— Merci de me le rappeler, Sam...

Vanessa n'était pas convaincue de ce que disait son amie. Certes, elle se débrouillait devant un ordinateur ou une console de jeu mais concernant ses prouesses de stratège, elle restait sceptique. Ce n'était toutefois pas la peine de rentrer dans ce sujet avec Samantha. Une fois qu'elle avait une idée en tête, Mordicus lui-même ne pouvait l'en détourner. Encore qu'elle préférât ne pas rebondir sur sa dernière remarque.

Vanessa changea de sujet :

— Je demande hein, pourquoi on n'a pas créé notre propre party* ?