— Tu devrais savoir tout ça.
— Je suis censée savoir tout ça ? répliqua Vanessa, incrédule.
Reeve hocha doucement la tête.
— Aussi... évite de faire référence à Syfy, s'il te plaît. Ça m'embêterait beaucoup.
— Super, ironisa la jeune fille. J'ai hâte de savoir quel insecte m'a mordue.
Reeve fit semblant de ne pas l'avoir entendue.
— Ecoute bien, ajouta-t-il immédiatement avant de bien se caler dans son fauteuil.
L'histoire qu'il lui narra se déroulait dans un univers lointain, différent mais en même temps semblable à celui-ci. L'eau était claire et fraîche, capable de guérir tous les maux du corps humain ; l'air était pur et la caresse de la brise seule suffisait à apaiser les maux de l'âme ; le sol quant à lui était fertile et ses produits suffisaient à nourrir toutes les populations. Sur la Terre de cet univers, les Hommes étaient heureux. Le temps semblait glisser sur eux aussi lentement qu'une goutte d'eau sur un roseau. Ils restaient jeunes pendant longtemps et étaient dotés d'une force incroyable.
Les animaux présentaient également quelques différences. Ils étaient d'espèces si diversifiées qu'il était quasiment impossible de les recenser. Plus majestueux, plus robustes, plus intelligents. Les capturer ou les apprivoiser relevait d'une épreuve de force.
Les conflits n'existaient pas dans ce monde et dans les rares cas de leur survenance, tout se réglait devant un bon plat et une liqueur dont les cultivateurs avaient le secret.
Par ailleurs, la Nature veillait.
La Nature leur avait permis de subvenir à leurs besoins. Elle les avait dotés de pouvoirs surnaturels et avaient fait d'eux des êtres évolués, bien loin de ce que les humains actuels pourraient un jour imaginer. Contrôler les éléments était un jeu d'enfant et manipuler la matière était une partie de plaisir. Toutefois, nul n'abusait de ses dons car la Nature donnait mais la Nature pouvait aussi reprendre.
Les premiers Hommes avaient été les témoins de ses griefs, les récits contés par les historiens faisaient froid dans le dos à n'importe qui. Nul n'aurait voulu prendre le risque d'être un jour privé de ses pouvoirs.
Le décor était idyllique, utopique.
Les Hommes vivaient en harmonie, sans chef pour leur imposer quoi que ce soit mais guidés par leur conscience reliée à la Nature elle-même. Et ce fut ça leur unique erreur.
Reeve marqua une pause et jeta un regard à une Vanessa suspendue à ses lèvres. Elle voulait en savoir plus. Il reprit :
L'obscurité pointa le bout de son nez sans prévenir. Les rumeurs disaient qu'un enfant fut tué et que justice ne fut pas rendue par la Nature. Elle ne savait pas que le mal naissait des cœurs les plus purs et celui du parent éploré fut peu à peu envahi par la douleur et avec elle, la colère et la haine face au cruel destin de son rejeton. Le ressentiment prit le dessus à tel point qu'il contamina doucement le cœur de nombre de ses semblables. Leur monde ne le savait pas mais il venait d'accueillir en son sein tous les vices imaginables.
La faille fut d'abord minime, les changements ne se virent pas tout de suite mais le temps passa et les conflits se firent de plus en plus nombreux. La Nature qu'ils pensaient maîtresse de tout restait muette et le moment où ils comprirent qu'elle n'était ni omnisciente, ni omniprésente marqua le début de la fin.
Ce qui au départ n'était que le fruit du ressentiment d'un parent muta, se transformant en une lutte indéfectible pour le pouvoir. A quoi cela servait-il de se conformer à une entité incapable de leur rendre justice ? Ils méritaient un chef, quelqu'un capable d'instaurer des règles et de les appliquer d'une main de fer. Le gant de velours n'aurait pas lieu d'être. Seule l'oppression semblait la solution pour que justice règne. Cette idée séduisit certains, mais d'autres gardèrent l'esprit ouvert et la conscience en alerte. Les préceptes posés par la Nature demeuraient en eux.
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Distorsion T.1 [Derniers Chapitres Dépubliés]
ParanormalL'Université, ce grand moment de la vie où l'enfant sort enfin du cocon familial pour se frayer son propre chemin dans la société, ça, Vanessa l'avait désiré. Mais quitter son Cameroun natal pour la Belgique où elle ne connaissait personne, c'était...