Vanessa sortit doucement du royaume des rêves. Elle sentit sa propre poitrine se soulever et s'abaisser sous le coup de chacune de ses faibles inspirations. Elle sentit également l'atmosphère qui régnait dans son environnement et cela ne fut pas pour son plus grand plaisir. Elle était transie de froid. Elle n'arrivait pas à esquisser un geste, ses muscles ankylosés et meurtris par les circonstances de la veille. Même ses paupières avaient du mal à s'ouvrir. Finalement, elle resta pendant quelques instants allongée sur ce qu'elle devina être un canapé au rembourrage éprouvé par le temps, les yeux clos, essayant de retracer les événements de la veille.
La dernière chose dont elle se rappelait n'avait rien de différent avec ce qu'elle voyait à présent : l'obscurité. Elle était descendue plus bas que terre, dans les profondeurs de quelque chose qu'elle ne connaissait pas, entraînée malgré elle par cet inconnu au regard aussi froid que de la glace.
« Je crois bien que je me suis fait kidnapper... » conclut-elle avec flegme.
Elle ne se posa pas de questions telles que « pourquoi » ou « comment ». Cela ne ferait que grossir davantage la liste déjà longue des mystères qui remplissaient petit à petit sa vie. Là, elle était tellement fatiguée qu'elle ne voulait plus penser à rien. Ses membres étaient tellement douloureux qu'elle aurait préféré ne même pas se réveiller. La seule fois où elle avait eu aussi mal, c'était durant son appendicite aigüe. Vanessa se rappelait encore avoir alerté tous les voisins avec ses cris. Mais maintenant, elle pouvait se consoler en se disant qu'elle pouvait consommer toute la farine qu'il lui plairait. Son appendice n'était qu'un petit prix à payer pour ça.
Maintenant qu'elle avait récupéré suffisamment de force avec ses divagations, elle pouvait ouvrir les yeux. Ils papillonnèrent quelques instants, tentant de distinguer les formes devant elle. Elle pensa qu'elle avait dû être plus sérieusement touchée qu'elle ne le pensait puis réalisa qu'elle ne portait pas ses lunettes. Elle amorça un mouvement de tête pour les chercher mais gémit de douleur.
Combien de temps avait-elle dormi ? Quel jour était-ce ? Elle n'avait plus sa montre sur elle pour pouvoir vérifier. Dire qu'elle lui avait été offerte par sa mère. Son torticolis lui apprit par contre qu'elle était restée dans cette position un certain temps, c'est-à-dire sur le dos, les deux mains posées sur son ventre, comme une princesse. Cette réflexion lui insuffla un faible sourire. Elle souffla doucement, digérant la douleur, et décida d'observer déjà ce qu'elle pouvait sans avoir à trop bouger.
La pièce dans laquelle elle se trouvait était plongée dans la pénombre, contribuant à rendre son exploration plus difficile. Une multitude de câbles couraient sur le plafond et sur les murs. Le canapé sur lequel elle était allongée trônait au milieu de la pièce près d'une petite table basse en bois simple.
Vanessa frissonna.
Ce froid n'était pas normal. On aurait dit que cet endroit en apparence en piteux état abritait une climatisation qui elle, était loin de suivre le même schéma. Malgré tout, cela n'effaçait pas l'odeur de renfermé qui régnait et encore moins un ronflement, comme celui d'une puissante machine. La jeune fille l'entendait distinctement derrière elle. Elle se demanda ce que cela pouvait bien être. Et si elle restait allongée comme ça, telle la belle au bois dormant, elle ne le saurait jamais.
Bien décidée à se bouger un peu, elle commença par remuer ses doigts et ses orteils. Ces derniers semblaient en parfait état de marche. Ensuite, elle essaya de soulever ses bras, ce qui s'avéra nettement plus difficile, mais pas impossible. Après quelques essais, elle parvint à mieux les gérer. Saisissant le dossier du canapé, elle s'y cramponna pour se hisser et elle arriva à se redresser en serrant les dents.
Elle n'avait fait que se relever mais de la sueur lui coula dans le dos. Elle se dit qu'elle avait réellement sous-estimé les épreuves par lesquelles elle était passée. Mais elle avait réussi. Elle eut la bonne surprise de trouver ses lunettes sur la table et s'empressa de les enfiler.
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Distorsion T.1 [Derniers Chapitres Dépubliés]
ParanormalL'Université, ce grand moment de la vie où l'enfant sort enfin du cocon familial pour se frayer son propre chemin dans la société, ça, Vanessa l'avait désiré. Mais quitter son Cameroun natal pour la Belgique où elle ne connaissait personne, c'était...