Chapitre 19.2 : Captive

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La salle de bain de celui que Vanessa nommait intérieurement « le chevelu », était minuscule, presque un cagibi, mais elle ne s'en plaignait pas. Au moins, il y avait tout le nécessaire. De toute façon, au stade où elle en était, elle se sentait même prête à se nettoyer avec un seau d'eau et un gant au beau milieu de la pièce.

Elle se sentait tellement sale. Ses bras, ses jambes et ses pieds étaient en piteux état. Une odeur d'essence, de roussi, de boue et de transpiration émanait d'elle. Ah, et également quelques cadeaux laissés par les animaux de la forêt. Autant dire que ce mélange n'était pas fait pour ravir l'odorat et la vue des plus sensibles.

Ce fut donc avec plaisir qu'elle laissa l'eau couler sur elle et nettoyer son corps de toutes les blessures, physiques ou mentales, de la veille. Elle était froide mais peu lui importait. Elle se frotta le plus fort qu'elle put avec le bout de savon et l'éponge qu'elle trouva sur place, grimaçant à chaque fois qu'elle passait sur une égratignure ou un muscle endolori. Toutefois, ça lui fit du bien.

A la fin de sa toilette, elle jeta un dernier coup d'œil à la robe qu'elle avait pris plaisir à porter le temps de quelques heures. Elle était déchirée, couverte de tâches de boue et brûlée par endroit. Elle était désormais irrécupérable et Vanessa se sentit un peu triste.

« Paix à ton âme », murmura-t-elle dans son cœur.

C'était sans doute ridicule mais elle ne put s'empêcher de le faire. Pour une fois qu'elle s'était sentie bien dans une robe, celle-ci méritait tous ses égards. Elle enfila finalement les vêtements que l'inconnu lui avait donnés. Il s'agissait d'un jean et d'un pull à capuche qui devait faire le double de sa taille. Elle se demanda si le chevelu était aussi épais que ça. Peut-être que c'était tout simplement pour pouvoir vivre dans ce froid polaire. Il y avait tellement de réponses possibles.

Encore nue, Vanessa regarda la plante de ses pieds et soupira face aux nombreuses blessures qui y siégeaient. Elle inspecta également le reste de son corps. Elle trouva de nombreuses égratignures sur ses jambes et ses cuisses, des brûlures sur ses bras et de nombreuses coupures sur ses mains. Elle se demanda comment elle allait se soigner. Il n'y avait rien ici. Consciente qu'elle ne pourrait rien faire de plus, elle tira les vêtements que l'inconnu lui avait donnés.

Après s'être habillée, elle se sentit revivre. Bien que le pantalon traînât d'une bonne dizaine de centimètres à tel point qu'elle dû le retrousser, et qu'elle devait faire attention à ce qu'il ne lui tombe pas sur les genoux, elle était contente. C'était exactement le genre de vêtement qu'elle aimait porter pour rester à la maison : ample, chaud et douillet.

Un coup d'œil sur le miroir fendillé qui trônait au-dessus du lavabo lui renvoya une image beaucoup plus satisfaisante d'elle-même. En tout cas, meilleure que celle qu'elle avait pu voir dans les toilettes du Neptune. Elle trouva même un peigne édenté avec lequel elle put arranger ses cheveux. A la fin, elle se dit qu'elle ressemblait à quelque chose.

Elle faillit lâcher un sourire lorsqu'elle se rappela la situation dans laquelle elle se trouvait. Son visage se fit plus sombre.

La soirée avait viré au fiasco, comme dans la prémonition de Rebecca, et au final, elle n'avait rien pu faire. Non seulement elle avait perdu David, mais en plus de cela, elle avait mis en danger la personne qui était venue à son secours.

A cette pensée, elle serra les poings sur les bords du lavabo.

David...

Qu'était-il devenu ? Elle ne l'avait pas trouvé en retournant à leur table et n'avait pas croisé un cadavre lui ressemblant comme avec Eric. Ce constat la conforta dans ce faible espoir qu'il était peut-être encore en vie. Le connaissant, il avait sans doute emmené Monica en sécurité. Elle le voyait mal abandonner cette femme à elle-même pour aller la chercher.

Distorsion T.1 [Derniers Chapitres Dépubliés]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant