Le téléphone de Vanessa vibra dans sa poche, la faisant sursauter. Complètement hypnotisée par son jeu, elle n'avait pas vu le temps passer et se rendit compte qu'il était bientôt dix-sept heures. David l'appelait.
— Allô, dit-elle en décrochant à la hâte.
— Salut. Où es-tu ?
— Euh... réfléchit-elle en se mettant à enfiler des chaussures sans prendre la peine de se changer. Presque...
— Tu es encore chez toi, c'est ça ? se moqua-t-il.
— Euh... c'est ça, avoua-t-elle avec un sourire contrit. Dix minutes et je suis là ! Non, plutôt vingt, s'il te plaît !
— Je t'attends.
Rapidement, elle glissa dans son sac à dos son ordinateur, son casque, son portefeuille et attrapa son portable avant de claquer la porte derrière elle. En descendant les escaliers de sa résidence, elle leva les yeux vers le ciel et réalisa que de minces rayons orangés, presque violets, annonciateurs de la fin du jour, pointaient à travers les nuages d'un gris clair. L'atmosphère ne s'était pas réchauffée tant que ça mais au moins, la fraicheur ne donnait pas immédiatement envie de rentrer se rouler en boule dans une couverture.
Vanessa se mit en route vers le quartier Nord, où se trouvait « La Bien-aimée ». C'est comme ça que s'appelait le bar en question. Lorsqu'elle poussa la porte de l'établissement à dix-sept-heures passées de quelques minutes, Vanessa fut traversée par le même sentiment qui l'avait animée la dernière fois. Celui d'une douce quiétude, l'impression qu'elle pourrait oublier tout ce qui se tramait à l'extérieur entre les murs de cet établissement. Elle remarqua quelques clients déjà installés à l'intérieur. L'endroit devait avoir sa poignée d'habitués.
Traversant la salle pour trouver un coin tranquille, Vanessa vit David discuter avec une des serveuses de salle. Sur ses cheveux, on devinait une vaine tentative de discipline avec de la gomina. Ici et là, des mèches folles lui retombaient sur le front, les oreilles ou la nuque, ne le rendant que plus beau. Vêtu d'un T-shirt blanc immaculé, d'un pantalon noir et le tablier du bar attaché aux reins, pas étonnant que la plupart des clients soient en fait des clientes.
La jeune fille prit place au fond de la salle, sur une petite table pour deux personnes situées non loin des toilettes, la seule place qui disposait d'une prise, en soupirant. Au moins, elle était sûre que personne ne voudrait s'assoir à côté d'elle. Alors qu'elle sortait ses appareils de son sac, Vanessa croisa le regard de David qui s'excusa auprès de son interlocutrice pour se diriger vers elle. Cette dernière ne lui jeta pas un regard très avenant alors qu'elle repartait à sa besogne.
« Rhooh, c'est bon, j'ai rien fait, moi ! » s'offusqua Vanessa intérieurement. « Pas la peine de me regarder comme ça ! »
— Mademoiselle a enfin daigné nous faire l'insigne honneur de sa présence, ce soir ? se moqua-t-il avec un sourire désarmant, la lumière tamisée de la salle donnant à ses iris d'ambre un reflet plus profond alors qu'il se penchait vers elle.
Ah oui, elle comprenait parfaitement pourquoi l'autre fille lui avait jeté ce regard. Son sourire valait vraiment des millions. Mais vu qu'il en distribuait à la pelle, la serveuse ne devrait pas se sentir lésée.
— Euh... en fait... je n'ai pas... balbutia-t-elle.
Il ne manquait plus qu'elle pousse des cris hystériques et se fasse tatouer son nom sur sa fesse gauche et elle ferait la groupie parfaite. Quoique, cela était-il vraiment nécessaire pour prouver qu'il était attirant ? Elle toussota, reprenant contenance.
— Désolée, je n'ai juste pas vu le temps passer. Je suis prête à faire ce qu'il faut, continua-t-elle en présentant son appareil.
— C'est bien. Je vais t'apporter une boisson. Je ne voudrais pas que l'on croit que tu sois uniquement à l'affût des points Wifi environnants.
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Distorsion T.1 [Derniers Chapitres Dépubliés]
خارق للطبيعةL'Université, ce grand moment de la vie où l'enfant sort enfin du cocon familial pour se frayer son propre chemin dans la société, ça, Vanessa l'avait désiré. Mais quitter son Cameroun natal pour la Belgique où elle ne connaissait personne, c'était...