Distorsion T.1 [Derniers Chapitres Dépubliés]

Chapitre 10.1 : Limites

Tous les trois attablés devant une pizza débordante de fromage et de jambon, les deux filles finissaient de mettre David au courant de tout ce qu'elles avaient appris.

— Attends, dit-il lorsque Rebecca lui parla de sa vision, t'es en train de me dire que tu as eu une vision de la fin du monde ?

— J'espère que je me trompe mais il est peu probable qu'une vision de la planète couverte de sang puisse signifier autre chose.

Il se frotta les tempes. C'était compréhensible. Même pour Vanessa c'était surréaliste, et elle était une adepte du fantastique.

— Tout ça est si... irréel. J'ai envie de me pincer pour voir si je ne suis pas en train de rêver. Certaines personnes ont été dotées de pouvoirs fantastiques et maintenant, la planète est menacée. On fait difficilement pire scénario, non ?

« Bon bah, je suppose que ce n'est pas le bon moment de leur dire que j'ai des conversations très passionnantes avec une mystérieuse entité dans ma tête... » pensa Vanessa.

— Nous aurons beau retourner ça dans tous les sens, ça ne changera pas le fait que c'est ce qui est en train de se passer, fit remarquer Rebecca. Tout ce que nous pouvons faire maintenant, c'est faire notre possible pour découvrir ce qui se passe.

Le silence s'abattit sur le petit groupe.

David prit cependant peu de temps pour digérer cette nouvelle information. Quelques secondes en fait. Il revint à leur préoccupation actuelle comme si on lui avait juste annoncé que le lait dans le frigo venait de tourner.

— Et qu'en est-il du « Neptune » ? demanda-t-il.

— Je n'ai pas vraiment eu le temps de mener mon enquête donc... répondit Vanessa.

Elle avait d'ailleurs complètement oublié ce truc. Elle avait encore en tête le massacre de l'amphithéâtre. C'était fou à quel point ça sonnait comme un film d'horreur dit comme ça.

Rebecca enchaîna.

— J'ai encore essayé de tâtonner avec mon pouvoir de prémonition mais c'est assez étrange.

— Comment ça ?

David avait l'air d'avoir absorbé la pilule des prémonitions plus vite que Vanessa. Sa faculté d'adaptation l'étonnerait toujours. On aurait dit que peu importait ce qu'il vivait, ce qu'il voyait ou entendait, il se faisait à tout sans problème, ou presque.

— Et bien, je vois des visages inconnus qui défilent à une vitesse folle. Je ne peux même pas identifier une seule personne. Par contre, je peux déjà vous dire que l'on cherche une boîte de nuit ou alors, le lieu d'une grande soirée.

Sur la liste provisoire qu'elles avaient toutes les deux établie, la boîte de nuit était numéro un. Rebecca prit le temps d'avaler sa bouchée avant de continuer.

— C'était une salle plutôt vaste éclairée de néons fluorescents. Je pouvais voir des liqueurs disposées sur des étagères placées au milieu d'un large bar en forme de « 0 » numérique. Et, élément encore plus convaincant, les personnes que je voyais se trémoussaient tous sur ce que je devinais être une musique endiablée.

— Ça m'a plutôt l'air d'être un bon départ. Qu'est-ce qui est étrange là-dedans ? remarqua David.

— A un moment donné, tout devient noir et il y a comme une sorte de cavalcade dans toute la salle. Et c'est ça qui me parait étrange, ou plutôt, qui me donne un mauvais pressentiment.

— En gros, coupa Vanessa, c'est pour nous dire qu'il va se passer quelque chose à cette soirée, mais quoi ? Et surtout quand ?

— La véritable question serait d'abord le « où », rétorqua David. On ne sait pas encore où se trouve cet endroit. Si comme Rebecca l'a dit, c'est un endroit en sous-sol, il risque d'être difficile à trouver si on ne demande pas aux bonnes personnes.