Dans la salle de cours, tout se déroulait normalement. Le brouhaha durant l'attente du professeur était toujours aussi intense. Vanessa eut de la chance ce jour-là. Le premier cours de la journée avait été annulé et elle n'aurait pas à demander à quelqu'un ses notes ou ses polycopiés pour pouvoir les photocopier. Maintenant, elle était assise à la place qu'elle aimait et observait les gens qui l'entouraient mais cette fois, plus du même œil.
Elle savait que le monde avait changé. Les gens qui l'entouraient n'étaient peut-être plus tous les mêmes. Comment différencier les personnes normales des gens comme elles ? Et aussi, de quels côtés seraient-ils ? Elle n'était pas idiote. Dans ce cas, il y aurait des gentils, dont elle était sûre de faire partie, c'était déjà ça, et les méchants, dans lesquels elle classait le laveur de cerveau.
Vanessa se demanda ce qu'elle ferait si elle tombait à nouveau sur une personne qui ne maîtrisait pas ses pouvoirs, comme Mélanie ? De toute façon, elle devait déjà apprendre à contrôler les siens avant de penser à ceux des autres. C'était un miracle qu'aucun cas étrange n'ait encore été recensé dans les environs à l'exception de cet incendie. Elle devrait être vigilante à partir de maintenant, au moindre truc bizarre, à la moindre anomalie, à la moindre...
« Mourir »
Elle se figea.
« Danger »
Les voix étaient revenues ! Comment ? Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Une sueur froide se faufila sur sa ligne dorsale malgré la fraîcheur ambiante.
« Non, non, non, non, non, non, non, non ! » gémit-elle intérieurement.
« Danger »
Les voix lui avaient clairement donné un avertissement. Elle repensa aux dernières fois qu'elle les avait entendues. Pour l'aider à remettre le temps de David et Mélanie en marche, pour l'aider face au docteur Clayland et... le jour de l'incendie. Maintenant qu'elle y pensait, c'était sans doute pour lui signaler la présence d'autres semblables, comme Mélanie ou la personne qu'elle avait croisée au carrefour. Alors ça voulait dire qu'un détenteur se trouvait ici même, dans cette salle ! Était-il dangereux ? S'apprêtait-il à faire quelque chose de mal ?
L'expérience parlant pour elle-même, il était fort probable que ce soit le cas.
Elle jeta des coups d'œil paniqués autour d'elle, à la recherche de ce que lui indiquaient les voix. Elle devait trouver ce que ce serait, ce qui était en train de se tramer, et l'en empêcher avant que tous les étudiants de cette salle ne soient impliqués dans quelque chose qui les dépasserait.
Elle se leva, se faufila entre les tables, les chaises, les personnes. Cette scène lui rappelait la première fois qu'elle avait eu sa vision de cette entité étrange, une énorme masse noire et visqueuse qui s'était matérialisée dans la salle. Elle essaya de capter de nouveau les voix qui se manifestaient dans sa tête à des moments vraiment déconcertants, sans résultat. Apparemment, ce n'était pas à la commande.
Elle remonta rapidement l'escalier central et eut une vue d'ensemble sur l'assemblée. Toutefois, elle ne distinguait toujours rien, et les voix elles-mêmes avaient complètement cessé de lui parler. Personne n'affichait un comportement particulièrement étrange, mais c'est à ce moment que ça se produisit.
— Aaaaaaahhhh !
Un cri perçant résonna dans la salle, suivi par d'autres, paniqués ainsi que des hoquets de surprise. Ils venaient du côté gauche de l'amphithéâtre. Les gens les plus proches du lieu de provenance du cri reculaient, tandis que les personnes trop loin s'approchaient. Mais Vanessa, elle, n'avait pas eu besoin de le faire pour voir une fille tomber par terre, son cou déversant des litres de sang rouge vermeille. Sa jolie tête blonde pendait maintenant dans un angle peu naturel et ses yeux agrandis exprimaient encore l'incrédulité de la situation. Elle-même n'avait pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait, qu'elle était déjà morte.
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Distorsion T.1 [Derniers Chapitres Dépubliés]
ParanormalL'Université, ce grand moment de la vie où l'enfant sort enfin du cocon familial pour se frayer son propre chemin dans la société, ça, Vanessa l'avait désiré. Mais quitter son Cameroun natal pour la Belgique où elle ne connaissait personne, c'était...