Chapitre 4 : Louise

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Dix-sept minutes et trente-trois secondes. Il s'agit du temps d'attente de Louise. Et la bonne nouvelle, c'est qu'il ne cesse d'augmenter. Maintenant on en est à dix-sept minutes et quarante et une secondes. Louise est dans tous ses états. Ce n'est pas dans les habitudes de Léo d'être en retard.

Stressée, Louise tente de s'occuper tant bien que mal. De ce fait, elle change de tenue pour la millième fois. Elle veut être belle pour son petit-ami mais celui-ci brille par son absence. Elle se demande d'ailleurs pourquoi elle s'attache à vouloir lui plaire car il ne fait aucun effort. C'est la première fois que Louise est amoureuse et elle commence très sérieusement à le regretter.

Aimer rime avec fragilité. Louise n'a jamais été aussi vulnérable que depuis qu'elle est avec Léo. C'est d'ailleurs en partie à cause de lui que la maladie l'a frappée. Ne sachant plus quoi faire pour se distraire, Louise décide d'aller voir sa sœur.

Elle entre brusquement dans sa chambre sans toquer à la porte. Jeanne dort encore à point fermé mais qu'à cela ne tienne. Louise ne se gêne pas pour la réveiller sans grande précaution. Jeanne ouvre les yeux et se redresse sur son lit lorsqu'elle constate la petite mine de sa sœur. Si Baptiste l'avait réveillé en pleine grasse matinée, à trois jours de la rentrée, Jeanne aurait littéralement piqué une crise. Seulement, il s'agit de Louise et tout le monde marche sur des œufs avec elle. Inquiète, Jeanne lui demande :

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Comment tu me trouves ?

Louise danse sur ses deux pieds, craignant la sentence de sa sœur.

- T'es belle, comme toujours.

- Ne raconte pas n'importe quoi, lâche Louise, en s'asseyant à ses côtés. T'es dix fois plus canon que moi !

Jeanne se retient de lever les yeux au ciel. Louise et elle se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Elles sont nées à un an d'intervalle. Toutes petites, on les prenait pour des jumelles tant on les distinguait difficilement.

- Laisses-moi deviner, s'enquit Jeanne, souhaitant changer de conversation. Tu vas voir Léo aujourd'hui !

- Il a vingt minutes de retard, lui répond Louise, le cœur gros.

- Je suis sûre qu'il ne va pas tarder.

Un silence s'installe. Jeanne ne sait pas quoi dire pour réconforter sa sœur. C'est Baptiste qui est fait pour ça. Louise et Baptiste sont tellement proches que parfois Jeanne se sent quelque peu exclue face à leur relation si forte. Jeanne n'est pas jalouse ; elle s'est faite une raison.

Deux mois après que Louise vit le jour, Baptiste a débarqué dans leur famille. Ils ont toujours tout fait ensemble, tout partagé. Quand Jeanne a pointé le bout de son nez un an plus tard, il est vrai qu'elle faisait un peu tâche sur ce portrait idyllique.

Baptiste et Louise n'ont jamais voulu blesser leur sœur : ils l'adorent. Cependant, leur lien est infaillible et ils sont incapables de vivre l'un sans l'autre. Leur complicité étant si intense, Baptiste a refusé radicalement d'abandonner Louise quand elle a dû se faire soigner en Suisse. Pourtant, leur grands-parents acceptaient volontiers de les héberger le temps d'une année.

Devant la gentillesse de son frère, Jeanne a elle aussi tout lâcher pour soutenir sa sœur. La rentrée l'inquiète un peu. C'est difficile de retrouver des amis avec qui on a coupé court du jour au lendemain... Malgré tout, Jeanne ne regrette rien. La famille, c'est important et elle est heureuse de voir Louise en bonne santé même si le moral n'y est pas. Les mots lui manquant, Jeanne saisit timidement la main de Louise et la serre comme le jour où on l'a emmené à l'hôpital.

Quand les kilos s'en mêlent...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant