Chapitre 27 : Louise (2/2)

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La jeune fille sourit bêtement, imaginant Lisa, dans la peau d'un SDF. Celle qui critiquait les gens qui ne portent pas des vêtements de marque, craint aujourd'hui de ne pas manger à sa faim. Comme quoi, la roue tourne ! Chacun se retrouve forcément, dans sa vie, au fond du gouffre. Pour Louise, c'était l'année dernière...

Actuellement, cela tombe sur Lisa. Gonflée d'exaltation, Louise ouvre la fenêtre de sa chambre et respire l'air frais. Ses cheveux virevoltent à cause du vent. Un râle se fait entendre. Louise pense immédiatement à Toby, le chat du voisin, qui couine pour un rien. La jeune fille chuchote alors :

- Toby, va te coucher ! Le sommeil est la clé de la réussite !

- Il vient d'où ce proverbe à la con ?

Louise penche la tête et constate avec effroi que ce sombre inconnu est au pied de sa maison. Toute la semaine, elle s'était sentie suivie, scrutée, espionnée sans jamais parvenir à surprendre cet aliéné.

Le week-end dernier, elle crut même l'apercevoir dans le jardin de monsieur Jourdain, donnant l'occasion à Jeanne et Vanessa de se moquer d'elle. Au final, elle n'est pas parano ! Un gros pervers a jeté son dévolu sur elle et ne daigne pas lâcher sa proie.

- Comment vas-tu, Louise ?

- Comment connais-tu mon prénom ? s'inquiète-elle.

- Ah ! Tu as abandonné le vouvoiement ; on progresse.

L'adolescente l'examine attentivement. Planté sous un lampadaire, elle distingue aisément ses yeux sombres et son sourire arrogant qui l'intrigue. Le jeune homme ne doit pas dépasser la vingtaine d'année. Fagoté comme un clochard, il n'a vraiment pas l'allure d'un gosse de riche. Lisa devra certainement beaucoup apprendre de lui ! En résumé, il est à la fois attirant et effrayant.

- Sais-tu que le harcèlement est puni par la loi ?

- Je ne fais que te regarder. Tu es le genre de fille qu'on regarde ; tu ne vas pas t'en plaindre, tout de même ! Quant à la loi, non seulement, je ne la connais que trop bien mais surtout je l'emmerde profondément.

Le message est clair. Il n'a peur de rien. Louise ne peut s'empêcher d'apprécier le fait qu'il l'ait complimentée. Elle lui a tapé dans l'œil et c'est agréable de réaliser qu'elle peut plaire.

- Bon ! s'enquit-il. Tu m'invites ou on va faire un tour ?

- Je ne suis pas débile ! Qui me dit que tu ne veux pas me séquestrer ?

- Je n'ai même pas les moyens de me payer un paquet de cigarette ! Alors, séquestrer une fille, je n'y pense même pas ! Cela me reviendrait trop cher, assure-t-il.

- Mes parents sont là, déclare Louise. Ils n'accepteront jamais que je te laisse entrer.

- Le second choix s'impose...

Louise réfute sa requête. Il persévère, lui promettant amusement et rigolade. La jeune fille réfléchit. Ce serait totalement démentiel de suivre un étranger, sans connaître ses intentions. Louise a toujours agi dans les règles, obéissant aux ordres que ses parents ont exigés, depuis son plus jeune âge. On n'accepte rien d'un inconnu, on n'adresse la parole qu'aux personnes que l'on connait et on évite si possible les situations à problèmes. Ancrées dans son esprit, ces valeurs ne peuvent s'effacer en un jour.

Cependant, la proposition de ce jeune homme lui paraît très alléchante. Peut-être qu'il parviendra à lui faire oublier Léo ? Après tout, c'est ce que lui avait conseillé sa mère. Par conséquent, choisir de faire confiance à cet inconnu prouverait que Louise écoute scrupuleusement les recommandations de sa mère. C'est tiré par les cheveux mais Louise a vraiment envie de se laisser tenter par cette aventure.

Quand les kilos s'en mêlent...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant