Chapitre 40 : Louise

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La nuit tombe. La famille de Louise n'est toujours pas rentrée. Ni même Vanessa ou Matilde qu'elle avait aperçue, dans la matinée. Les heures de visite à l'hôpital ont pourtant été dépassées depuis longtemps. Cela n'étonnerait pas Louise que ses proches aient pris la décision d'aller dîner en ville. Après tout, leur réaction parait logique : il retarde au maximum le moment où ils devront retrouver leur maison, dans laquelle Baptiste est absent. A moins qu'ils cherchent surtout à fuir Louise...

Lorsque les pompiers ont effectué les premiers soins sur Baptiste, Jeanne et Louise se sont empressées d'appeler leurs parents. Baptiste a repris connaissance sur la route, en direction de l'hôpital. Le regard qui lança à Louise restera à jamais gravé, dans le cœur de la jeune fille. Elle avait remi leur relation fraternelle en question et il ne semblait pas l'avoir oublié. Ces paroles furent lâchées sans réflexion... sous le coup de la colère... uniquement pour lui renvoyer la souffrance qu'elle ressentait.

Elle n'était plus soutenue par son frère qui d'ordinaire la défendait corps et âme ! A cet instant-là, Louise ne comprenait pas que son frère favorise l'avenir de Vanessa au sien. Il préférait savoir sa petite-amie libre tandis que Louise serait menottée et enfermée dans une prison, plutôt que l'inverse. A leur arrivée à la clinique, Baptiste fut directement pris en charge car son cas était selon les médecins, à risque. On l'affubla de neuf points de suture dans le bas du crâne, avant de le soumettre à une batterie d'examen.

Le bilan du drame n'atteignait pas une gravité inquiétante mais il n'était pas sans conséquence : Baptiste présente un léger traumatisme crânien dû à un petit hématome heureusement bénin. En revanche, le frère de Louise devra faire surveiller l'évolution de son ecchymose, durant toute sa vie. Louise est rongée par la culpabilité et ses parents n'ont rien fait pour soulager sa conscience. Quand ils sont apparus à la clinique, Charles et Caroline ont ordonné des explications. Jeanne et Baptiste ne se sont pas fait prier pour leur révéler la vérité. Ils n'ont pas épargné leur sœur, dévoilant ses activités criminelles, son amitié destructrice avec Damien et l'arrestation injustifiée de Vanessa.

Leurs parents les avaient écoutés attentivement, passant de l'incompréhension à la fureur. Louise n'avait jamais vu son père autant en colère. Une chance que la famille Legrand se trouvait dans un lieu public, car dans le cas contraire, Charles ne se serait pas retenu de donner une bonne claque à sa fille. Quant à Caroline, elle était restée aussi muette qu'une huitre, manifestant son énorme déception à travers des larmes de désespoir. Quelle fut la réaction de Louise ? Elle fuit, comme à son habitude. La jeune fille prit ses jambes à son cou et courut sans jamais s'arrêter, jusqu'à chez elle.

Depuis, Jeanne et ses parents font des allers retours entre l'hôpital et la maison, en ignorant Louise royalement. Cette dernière aimerait voir son frère, seulement Baptiste refuse obstinément de se trouver dans la même pièce qu'elle. Un lien s'est rompu entre eux et il sera compliqué de le renouer. Louise préférait ne plus être en vacances, afin de retourner en cours et de se changer les idées. Avant elle séchait les cours, aujourd'hui elle attend leur reprise avec impatience ! Comme quoi, tout peut arriver...

Seule dans une maison vide, Louise est confrontée à ses démons qui reviennent dangereusement à la surface : la nourriture. La jeune fille attrape tout ce qu'elle déniche et l'avale sans réellement y trouver un quelconque plaisir. Elle mange afin d'oublier que Damien demeure introuvable et pour occulter le fait que la police mène probablement une enquête sur elle. Pour le moment, la nourriture qu'elle a ingurgitée ne s'est pas retrouvée dans les toilettes. Louise s'en empêche ; elle ne peut pas envisager de retomber dans ses travers tant sa situation est déjà critique...

Le bruit d'un moteur gagne les oreilles de Louise. Elle lâche immédiatement l'assiette de pâtes qu'elle s'apprêtait à engloutir et se dirige à l'entrée de son logis. Son père ouvre la marche. Il dépose son manteau dans le dressing et monte à l'étage, sans un mot. Jeanne et Caroline se montrent alors. Louise prend des nouvelles de son frère. Caroline lui répond très brièvement. Jeanne s'est déjà réfugiée, dans sa chambre, alors que sa mère s'emploie à ranger la cuisine qui est en désordre.

Quand les kilos s'en mêlent...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant