C'est l'heure du déjeuner. Clara l'abandonne pour aller manger avec sa grand-mère. Se retrouver seule dans cette gigantesque fourmilière qu'est la cafétéria, fait naître en Vanessa une grande angoisse. Elle va devoir dénicher un coin bien tranquille dans cette horrible cantine qui lui rappelle beaucoup trop de mauvais souvenirs. Pour tous les abrutis qui se sont moqués d'elle, la pause déjeuner était l'occasion de lui faire comprendre qu'une personne de sa corpulence devait s'abstenir de manger.
Voilà pourquoi Vanessa meurt d'envie de faire demi-tour et de se terrer dans les toilettes. Là au moins, personne ne l'épie. D'autant que durant toute la matinée, Vanessa a bien remarqué qu'elle représentait l'un si ce n'est l'unique sujet de conversations de tous ces débiles qui l'ont cassée sans scrupules. C'est fou de constater que grosse ou pas, Vanessa interpelle toujours autant. Néanmoins, la jeune fille tente de respecter cette résolution selon laquelle elle se fiche désormais du regard des autres.
C'est donc avec une sérénité de façade qu'elle se jette dans la gueule du loup. Elle prend quinze minutes pour atteindre les plateaux puis elle se sert ensuite un déjeuner équilibré. Elle repère ensuite une place libre à l'abri des regards indiscrets. Vanessa s'installe avant de débuter son rituel qu'elle s'est imposée pour tous les repas. Elle mâche avec lenteur et prend une gorgée d'eau après chaque bouchée. Grâce à cette technique, son estomac se voit très vite rempli. Et ça marche : après cinq minutes, elle est déjà rassasiée.
En outre, la cantine apporte un certain avantage : la nourriture y est tellement mauvaise qu'il y a peu de chance pour qu'elle prenne du poids. Vanessa n'a jamais réellement mangé les plats du réfectoire. Seulement, il y a une différence entre aujourd'hui et il y a quelque mois. En effet, Vanessa avait auparavant pour habitude de remplir son sac de cochonneries de sorte qu'elle se goinfrait tout au long de la journée.
A l'heure actuelle, c'est différent. Elle ne grignote plus. Ce constat l'amène à penser qu'en l'espace de deux mois, elle a parcouru un réel parcours. Vanessa en est presque émue et retient difficilement ses larmes. Chacun de ses kilos perdus symbolisent une véritable avancée dans sa vie. Certes, elle a encore du pain sur la planche mais elle n'est pas loin d'atteindre son objectif. Perdue dans ses pensées, elle ne réalise pas en premier lieu qu'un jeune homme se tient fermement devant elle. Vanessa relève alors les yeux et s'exclame avec surprise :
-Elias ?
-Salut, répond-il, en s'installant en face d'elle.
-Qu'est-ce que tu fais là ?
Elias affiche un rictus loin d'être avenant et choisit ses mots pour répondre :
-Disons que papa m'a inscrit ici pour finir mes deux années de lycée. Je ne sais pas si tu connais mon père... Oh, je pense que si puisque c'est aussi le tien !
-Je vois, rétorque Vanessa sur le même ton cynique qu'Elias. « Notre papa » a envoyé son gentil fiston pour surveiller son horrible fille.
L'adolescent soupire. Son père l'avait prévenu ; elle ne l'accueillerait pas les bras ouverts.
-Tu sais que tu lui manques.
-Je m'en fiche.
-Ok, je peux le concevoir. Mais moi ? lâche-t-il, à demi-mot. Tu ne peux pas rompre tout contact avec moi juste parce que tu en as marre de ma gueule. Si Alyson ne m'avait pas donné de tes nouvelles, je n'aurais même pas su que tu avais perdu du poids. Je suis ton frère merde !
-Demi-frère, rectifie Vanessa, d'un calme olympien.
La détresse d'Elias est évidente. Seulement, c'est plus fort qu'elle... Malgré l'amour qu'elle lui porte, elle ne parvient pas à le lui témoigner. Vanessa est profondément pudique, au sens propre comme au figuré.
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Quand les kilos s'en mêlent...
General FictionQui de Louise et Vanessa est la plus belle ? Serait-ce Louise aussi légère qu'une plume et dont la taille de guêpe est enviée de toute la gent féminine ? Serait-ce Vanessa qui possède des formes voluptueuses et un joli petit minois ? Baptiste un jeu...