Chapitre 28 : Vanessa

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Alyson déballe le dernier carton qui referme sa collection pharamineuse d'escarpins de grands créateurs. Évidemment, elle a gardé le meilleur pour la fin et classe méticuleusement chacun de ses petits bijoux, dans son tout nouveau dressing. Aucune fatigue ne se lit, sur le visage d'Alyson.

A l'inverse, Baptiste et Vanessa ont capitulé, depuis déjà plus d'une heure et paressent sur le canapé. Vanessa est exténuée et à la fois ravie par cette journée. Elle ressent la joie de sa cousine et l'envie quelque peu. Quelle chance elle a ! Bénédicte, la tante de Vanessa ne s'est pas fichue de sa fille et lui a offert un beau cadre de vie, espérant sans doute qu'Alyson se stabilise enfin.

Placé en plein cœur de Montmartre, l'appartement de sa cousine n'a pas vraiment l'allure d'un logement qu'un étudiant lambda peut se permettre de posséder. Il dispose de deux chambres très respectables, d'un salon spacieux donnant sur une cuisine certes petite mais fonctionnelle. Ce logis s'avère tout sauf un vulgaire studio ! Et en prime, le balcon offre une vue magique sur la Basilique du Sacré-Cœur.

La veille, Vanessa et Baptiste n'ont su caché leur jalousie lorsqu'ils avaient découvert son joli cocon. L'endroit est idéal, le quartier est fantastique et donne l'occasion à tout artiste qu'il soit, de s'exprimer en toute liberté. Finalement, les trois jeunes gens avaient décidé de se coucher rapidement, afin d'être en forme pour le lendemain. Autant dire qu'il leur en fallut de l'énergie !

A huit heures pétantes, les déménageurs avaient débarqué, entassant une tonne carton de toutes les tailles, chez Alyson. Sans relâche, Vanessa et Baptiste n'ont pas rechigné à la tâche, obéissant aux ordres d'Alyson qui tenait à obtenir une décoration épurée et chaleureuse. Le résultat est là : Vanessa défie quiconque de ne pas sentir bien, dans ce petit coin de paradis. Les yeux d'Alyson pétillent lorsqu'elle sort son ultime paire de chaussures, à la semelle rouge et qu'elle place, avec précaution au dernier rang du dressing.

- Voilà ! s'écrie-t-elle, en tapant dans ses mains. On peut dire que je suis enfin indépendante !

- Indépendante ! Tu vas donc travailler pour payer ton loyer ? demande Baptiste, sur le ton de la plaisanterie.

Vanessa pouffe. Alyson et le travail ne sont pas en bons termes. En fait, ils ne l'ont jamais été ! Les études sont une bonne excuse qu'Alyson a dégotées, afin de justifier son oisiveté, à sa mère.

- Je travaillerai le jour où je serai dans le besoin, rétorque Alyson. De tout de façon, je ne rencontrerai jamais de problèmes pour trouver du boulot. C'est évident : Vaness' et moi allons reprendre la boîte de nos mères.

- Parle pour toi ! s'enquit Vanessa. J'ai d'autres projets en vue.

- Psychologue ? devine Alyson (sa cousine acquiesce). Tu ne risques pas de te verser un salaire digne de ce nom avec ce métier. Non, tu agiras comme tous les gosses de riches, en reprenant l'entreprise familiale !

Vanessa choisit de se taire. Alyson ne peut pas comprendre ; elle vit dans son monde et sans ambition. A l'inverse, Vanessa souhaite servir à quelque chose, sur cette Terre et soutenir des personnes, en difficulté. La psychologie est une doctrine fascinante que la jeune fille compte bien apprendre et ensuite exercer.

- Bon, les filles ! s'exclame Baptiste. C'est bien sympa de discuter de votre avenir mais en attendant, qu'y-a-t-il de prévu, pour ce soir ?

- J'ai une copine du lycée avec qui j'ai repris contact, explique Alyson. Elle habite Paris. On va aller boire un verre.

- On a qu'à sortir manger, suggère Baptiste à sa petite-amie. Les restos ont l'air sympa, dans les alentours.

La jeune fille grimace en jetant un œil, sur la bedaine qu'elle se doit de faire disparaitre. Ce matin, en faisant sa toilette, la jeune fille s'était vue brutalement confrontée, aux imperfections de son corps. La salle de bain d'Alyson est pourvue de trois miroirs, tous placés stratégiquement de sorte qu'on ne puisse échapper à son reflet. Vanessa en a fait la cruelle expérience et n'a su retenir ses larmes, quand elle réalisa qu'elle ne parvenait toujours pas à s'accepter totalement.

Quand les kilos s'en mêlent...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant