Je repris lentement conscience, mais grimaçai en sentant des tiraillements vers mon ventre. Une main me caressa doucement le front, tandis qu'une douce voix me murmurait à l'oreille :
« - Jeanne... Je sais que tu es réveillée. »
Baptiste. J'ouvris aussitôt les yeux, et aperçus ses prunelles grises, posées sur moi avec inquiétude. En me voyant consciente, il baissa la tête pour soupirer de soulagement. Sa main quitta mon front pour effleurer mon ventre. Il releva le visage pour me fixer :
« - As-tu mal ? »
Je plissai le front, et finis par acquiescer :
« - Pas vraiment, mais... Cela tire un peu... »
Je me soulevai légèrement, et écarquillai les yeux de surprise. Il avait découpé ma chemise pour avoir accès à mon ventre. Et des bandages entouraient mon abdomen. En apercevant mon regard, il eut un léger sourire :
« - Je n'avais pas le choix. »
Cette phrase me rappela celle de la veille. Il m'avait recousue. Une exclamation horrifiée mourut dans ma gorge. Il soupira en prenant mes mains dans les siennes :
« - C'était la seule solution possible. Nombre de mes hommes ont déjà été blessés, et lorsque leurs blessures n'étaient pas refermées... Ils mourraient. Il leva un regard intense vers moi. Jamais je n'aurais supporté qu'il t'arrive la même chose, et tu le sais. »
Silencieusement, j'acquiesçai. Ses yeux ne me quittaient pas, m'emplissant d'une douce chaleur.
Il baissa un instant la tête, et murmura :
« - J'ai eu si peur quand j'ai vu cet homme, avec ce poignard à la main... Peur qu'il ne t'ai... Tuée, ou pire...
- Moi aussi... »
Ma voix se mouilla de larmes, mais je continuai, voulant à tout prix lui exprimer ce que je ressentais :
« - J'ai voulu m'enfuir, mais... Il m'a rattrapée... Et... Je me sentis rougir avec force. Je n'ai pensé qu'à toi. »
Un immense sourire éclaira son visage. Il embrassa tendrement mes doigts, et soupira :
« - Si seulement j'avais été protestant...
- Ou moi catholique... Ou alors si j'avais été moins farouche... »
Le capitaine eut un léger rire qui remua mes entrailles, et secoua la tête :
« - Oh non, Jeanne... Crois-moi, j'aime énormément ton caractère. »
Un sourire m'échappa. Mais il se fana vite devant cette conversation qui ne pouvait mener à rien. Il ne s'en aperçut pas, et me considéra soudain d'un regard désolé :
« - J'ai dû tout avouer à ton père. »
J'écarquillai les yeux, avant de gémir de panique. Aussitôt, il lâcha mes doigts pour prendre mon visage entre ses mains :
« - Calme-toi, Jeanne. Il a vu que tu étais hors de danger. Et je lui ai dit que c'était suite à une dispute entre nous que tu étais partie dans la forêt. Madge ne sera pas inquiétée. »
Je le considérai avec surprise :
« - Mais... Comment...
- C'est elle qui est venue me trouver. Et te voir. Elle s'en voulait énormément, mais j'ai réussi à la convaincre que ce n'était aucunement de sa faute. »
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Raison ou sentiments ? ✅
Historical FictionUn conflit oppose depuis des années les catholiques et les protestants du pays. Les premiers veulent renverser le roi pour mettre en place un régime plus juste, tandis que les autres souhaitent conserver ce souverain. Au milieu de la guerre civile...