Lorsque la porte claqua, j'eus un long soupir, et me frottait le visage d'une main lasse. Je surpris le regard d'Henri sur moi. Je lui demandai :
« - Qu'y a-t-il ?
- C'est donc elle, la femme à qui tu écrivais ? Celle pour qui tu avais acheté cette bague ? »
Il ne semblait pas y croire. J'acquiesçai, croisant mes bras sur la table pour y enfouir mon visage :
« - Oui... C'est elle. C'est Jeanne.
- Et... Elle est protestante. »
Il semblait dubitatif. Je relevai le visage pour le fixer :
« - Oui. »
Je serrai la mâchoire. Après tout, je comprenais la réaction de Jeanne. Mais je ne pouvais rester dans ce château jusqu'à atteindre mes soixante-dix ans ! Je devais agir pour ce pays ! Et je me devais de le lui expliquer. Je me levai brusquement :
« - Servez-vous, si vous avez faim ou soif. Je reviens. »
Je sortis brusquement de la pièce, et montai les escaliers. A l'étage, je me dirigeai vers notre chambre. J'en poussai la porte, mais m'arrêtai, le cœur serré.
Jeanne était recroquevillée au milieu du lit, et sanglotait sans s'arrêter. Doucement, je refermai la porte, puis m'approchai d'elle. Je grimpai sur le lit, et tendis la main pour lui caresser les cheveux. Aussitôt, elle se déroba à mon contact. Elle releva un visage baigné de larmes vers moi, et s'écria :
« - Va-t-en ! Je te déteste, va-t-en ! »
Un violent sanglot la secoua, alors je l'agrippai par les épaules et la serrai brutalement contre moi. Je l'enserrai de mes bras pour l'empêcher de bouger, utilisant ma force pour l'immobiliser. Elle se débattit en hurlant, me frappa, mais je tins bon. Si je la lâchais, jamais je n'allais me le pardonner, et je pressentais qu'elle non plus.
Alors, lentement, elle cessa de se défendre. Elle finit par s'abandonner au chagrin dans mes bras, ses doigts accrochés à ma veste, comme pour m'empêcher de partir. Je caressai ses cheveux, la berçant doucement contre moi, et parsemant son crâne de baisers. Elle balbutia, la voix rauque de pleurs :
« - Ne me laisse pas... Baptiste, reste !
- Jeanne... Ecoute-moi, je t'en prie...
- Non ! Je ne veux pas que tu partes ! »
Les pleurs la secouèrent de nouveau. Je la serrai avec plus de force contre moi, et murmurai :
« - Je dois partir. Tu le sais, tout comme moi. Tu sais que je veux que ce conflit prenne fin.
- Mais il pourra se terminer sans toi ! »
Elle se pressa contre moi avec désespoir. Je caressai sa chevelure rousse, en défaisant le chignon pour y passer les doigts, et soupirai :
« - Oui. Mais si j'y participe, je pourrais être remarqué, et ainsi espérer une récompense. Et je souhaite le meilleur pour toi, Jeanne. J'ai besoin de cet hypothétique argent, pour toi et nos futurs enfants. »
Elle secoua la tête, mais ne répliqua pas. Je continuai à parler à voix basse :
« - Et j'ai besoin de prouver aux autres que je suis capable de me battre de nouveau. J'en ai besoin, après qu'ils m'aient vu ainsi blessé, et... Et faible.
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Raison ou sentiments ? ✅
Historical FictionUn conflit oppose depuis des années les catholiques et les protestants du pays. Les premiers veulent renverser le roi pour mettre en place un régime plus juste, tandis que les autres souhaitent conserver ce souverain. Au milieu de la guerre civile...