33. Tu vas me manquer, Jeanne...

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Allongée dans le lit, étroitement pressée contre Baptiste, je ne parvenais pas à trouver le sommeil. Savoir qu'il allait partir loin de moi me déchirait le cœur. Il s'était endormi, avec m'avoir étreinte encore et encore, sa main agrippée à ma hanche. Je levai le bras pour lui caresser les cheveux, et ravalai mes larmes. J'avais très bien compris que je n'allais pouvoir lui faire changer d'avis. J'embrassai doucement sa bouche, avant de me lever.

J'enfilai simplement ma chemise, et sortis de la chambre. J'avais besoin de me retrouver seule. Je marchai lentement, errant dans la demeure silencieuse. Les soldats devaient sûrement dormir dans des chambres. Je descendis, et sortis du château. La fraicheur de la nuit me fit frissonner. Je m'empressai de gagner les écuries, espérant trouver de la chaleur et du réconfort auprès de Royal. Mais en poussant les portes, je m'arrêtai.

Tous les soldats y étaient, et, éclairés par des flambeaux, jouaient aux cartes. En entendant le bruit de la porte, ils tournèrent tous leurs têtes vers moi. Je me sentis rougir, et balbutiai :

« - Oh... Je... Je ne voulais pas vous déranger, et...

- Venez donc vous asseoir parmi nous, chère dame. »

Celui qui avait parlé était l'homme qui m'avait menacée. Il ne jouait pas. Lentement, je m'avançai parmi eux, et m'assis dans la paille, le dos à une stalle. Ils continuèrent leur partie de cartes, me lorgnant de temps à autre. Etrangement, je n'étais pas gênée, je me sentais presque bien. Je me concentrais sur leur jeu, et oubliais le proche départ de Baptiste.

L'homme contre moi parla soudain :

« - Je suis navré de vous avoir parlé ainsi. »

Je tournai la tête vers lui. Il semblait sincère. Alors je haussai les épaules :

« - Ce n'est rien. Je me suis aussi emportée.

- Je m'appelle Henri. Et voici François, Antoine et André. »

Ils me saluèrent distraitement, absorbés par leur jeu. Je ramenai mes jambes vers moi, restant silencieuse. Henri se gratta le crâne, et soupira :

« - Ecoutez... On va veiller sur votre Baptiste. »

Ma gorge se noua. Je fuis son regard, le posant sur la paille qui était juste devant mes pieds, et murmurai :

« - Ce n'est pas la peine...

- Mais si. On voit bien que cela vous attriste. Et comme il a déjà accepté de venir, et qu'il ne revient jamais sur ses décisions... On veillera sur lui.

- Merci... »

Mes yeux s'emplirent de larmes. Je tournai la tête pour qu'il ne les voit pas, mais le sentis me presser l'épaule :

« - Allez, soyez pas triste... Ce n'est qu'une question de temps avant que ce conflit ne se termine.

- Je vous demande juste de veiller sur lui... Et d'être rapides. »

Je reportai mon attention sur lui, pour voir qu'il me fixait, une lueur affectueuse au fond des yeux :

« - Promis.

- Merci.

- Comment vous êtes-vous rencontrés ? »

Je le fixai, stupéfaite. Pourquoi me demandait-il cela ? Il eut un sourire d'excuse :

« - Faut dire que l'on savait juste qu'il écrivait à une femme, alors... Que vous ayez réussi à épouser ce cœur inconstant... »

Il semblait appréciateur. Je m'empourprai, et bafouillai :

Raison ou sentiments ? ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant