Sans réfléchir, je sifflai, hargneuse :
« - Jamais ! »
Aussitôt, j'écarquillai les yeux de terreur. J'avais été si stupide, encore une fois, de parler sans réfléchir ! La femme eut un sourire entendu :
« - J'en étais sûre... Elle se tourna vers les autres. On va pas s'priver du plaisir de nous débarrasser d'une chienne de parjure, hein ?! »
Elle me lâcha, mais avant que je n'aie le temps de m'enfuir, elle m'assena une gifle d'une telle force que je tombai au sol. Aussitôt, j'eus l'impression qu'une pluie de coups s'abattait sur moi. Instinctivement, je me recroquevillai, et protégeai mon ventre de mes bras. Je ne pus retenir un cri de douleur quand un coup me frappa à l'épaule, et fondis en larmes. Cela attisa la colère et les rires haineux du groupe. Les coups redoublèrent d'intensité. J'avais l'impression que mon corps n'était que douleur. Je ne parvenais plus à penser de façon cohérente. J'étais uniquement concentrée sur mes membres endoloris.
« - Un traître ! »
Aussitôt, les coups cessèrent. Le cri repris :
« - Un traître ! Là-bas, il s'enfuit ! »
L'accent était étrange. Mais je sentis le groupe de catholiques s'écarter de moi. Une voix féminine hurla :
« - Allons-y ! Cette chienne sera bien là quand on reviendra ! »
Il y eut un bruit de cavalcade. Je restai au sol, sans bouger, en sanglotant. Je n'avais même plus la force de bouger...
Je sentis une main se poser sur mon épaule, alors me recroquevillai encore plus en pleurant. Mais une personne me tourna, et prit mon visage entre ses mains, me suppliant dans un souffle :
« - Jeanne ! Jeanne, regarde-moi ! »
Je connaissais cette voix... Secouée par les sanglots, je rouvris les yeux pour découvrir un regard gris qui me fixait, profondément inquiet. Baptiste. Aussitôt, je balbutiai à travers mes pleurs :
« - Emmène-moi, je t'en prie... Ils vont revenir...
- Pas tout de suite, il n'y a aucun traître. »
Il essuya rapidement mes joues, avant de me gronder :
« - Bon Dieu, mais tu es complètement inconsciente ! Venir ici, en plein village catholique, alors qu'ils savaient que tu ne l'étais pas ! Mais tu es si stupide ! Que voulais-tu, hein ?! Te faire lyncher ?! »
Il agrippa brusquement ma mâchoire pour écraser sa bouche sur la mienne. Et malgré ma douleur, je levai les bras pour enlacer son cou, me pressant contre lui avec désespoir. Dans ses bras, je sanglotai de nouveau, et m'accrochai à ses épaules, de peur que ce ne soit qu'un mirage, en enfouissant mon visage dans son cou. Il caressa mes cheveux, me berçant doucement, et me serrant contre lui de toutes ses forces.
Brusquement, il me souleva dans ses bras. Il murmura :
« - Allons-y, avant qu'ils ne reviennent. »
Il sortit rapidement du village, et se dirigea vers le premier cheval qu'il vit. Je balbutiai :
« - Mais... Royal ?
- Jeanne, nous n'avons pas le temps de le chercher ! Il faut partir d'ici au plus vite ! »
Il m'assit sur la selle, à l'envers. Lorsqu'il enfourcha l'animal, je crus revivre l'épisode dans la forêt, lorsque j'étais blessée. J'enlaçai aussitôt sa taille en me serrant contre lui. Il fit de même d'un bras, attrapant les rênes dans l'autre, et talonna la monture. Aussitôt, elle s'élança en galopant.
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Raison ou sentiments ? ✅
Historical FictionUn conflit oppose depuis des années les catholiques et les protestants du pays. Les premiers veulent renverser le roi pour mettre en place un régime plus juste, tandis que les autres souhaitent conserver ce souverain. Au milieu de la guerre civile...