« - Nolwenn, j'ai faim... »
La petite blonde soupira et se retourna vers moi, abandonnant sa cueillette de pomme :
« - Encore ? Mais mamzelle, vous avez mangé deux pommes y'a même pas une heure ! Faudrait penser à vous arrêter !
- Je sais... »
Je soupirai tristement, arrachant des brins d'herbe du bout des doigts. Baptiste était parti depuis un mois, et j'étais continuellement affamée. Et triste, également. Nolwenn eut un long soupir, et je vis une pomme rouler jusque devant moi. Aussitôt, je la pris et croquai dedans en m'exclamant :
« - Merci ! Promis, je m'arrête de manger après ! »
Du jus coula sur mon menton, et atterrit sur mon ventre. Je l'essuyai d'un geste distrait, et marmonnai :
« - J'ai grossi...
- Eh ben tant mieux ! Fallait vous remplumer, alors vot' sieur, y s'ra content ! Après tout, il était d'accord avec moi ! J'suis sûre qu'il vous trouvera mieux comme ça ! »
Elle m'adressa un sourire affectueux, comme si j'étais sa petite protégée, et se retourna pour continuer sa cueillette. Perchée sur une chaise, juste devant le grand pommier, elle ne semblait pas effrayée à l'idée de tomber.
Je m'étendis dans l'herbe, savourant l'étonnante douceur de ce mois de mars. Il n'y avait pas de soleil, mais pas de vent non plus. Emmitouflée dans une pèlerine, j'avais chaud. Je caressai distraitement mon ventre, et demandai d'une petite voix :
« - Penses-tu qu'il va bien ? »
Nolwenn s'arrêta pour se retourner vers moi. Elle eut un soupir, et se frotta le crâne :
« - Bien sûr, mamzelle. Vous devriez l'savoir aussi, et arrêter d'vous lamenter. »
Je baissai les yeux, et demandai encore :
« - Et... Penses-tu que... Qu'il pense à moi ?
- Mamzelle ! »
Elle avait un ton indigné. Je m'assis pour la regarder, et elle s'écria :
« - Arrêtez d'penser des choses pareilles ! Bien sûr qu'y pense à vous, vot' sieur !
- Tu as raison... Je suis désolée. »
Elle me jaugea d'un long regard, avant d'acquiescer :
« - Bien. Que j'vous y reprenne plus. »
Un sourire étira mes lèvres. Je me rallongeai, songeuse. Quand allait-il revenir ? S'il revenait dans une année ? A quoi allais-je ressembler ? Si je continuai à grossir comme je le faisais... J'allais être énorme ! Je me frottai le visage d'une main lasse, ce qui n'échappa à Nolwenn, qui me surveillait du coin de l'œil. Elle descendit de son perchoir et se planta devant moi, les bras croisés :
« - Qu'est-ce qu'y a, encore ? »
Je me redressai doucement, et marmonnai :
« - Je vais devenir énorme...
- Mais non ! Arrêtez un peu de dire des bêtises ! Vous avez grossi, et alors ? Vous pensez qu'y va pas aimer, vot' sieur ? »
Je tordis nerveusement mes mains, ne sachant que répondre. Elle s'assit en face de moi, et me fixa un instant, avant de me demander :
« - Vous êtes sûre qu'vous allez bien ? Pac'que vous m'faîtes peur à vous lamenter comme ça tout le temps...
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Raison ou sentiments ? ✅
Historical FictionUn conflit oppose depuis des années les catholiques et les protestants du pays. Les premiers veulent renverser le roi pour mettre en place un régime plus juste, tandis que les autres souhaitent conserver ce souverain. Au milieu de la guerre civile...