23. Juste que j'ai attendu trop de temps avant d'être à tes côtés.

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En entendant cette voix, je sentis mon cœur s'arrêter de battre, seulement pour un court instant. C'était... C'était impossible ! Il m'avait oubliée ! Pourtant, je m'assis brusquement, cherchant du regard d'où provenait ce vers. En le voyant s'avancer vers moi, si beau, grand et fort, je crus un instant à une hallucination. Mais il murmura encore :

« - De vent, de froidure et de pluye... »

Je réalisai enfin que c'était bien lui. Je portai une main tremblante à ma bouche, avant de me relever avec la ferme intention de venir me jeter dans ses bras. Mais je me levai si brusquement que ma tête tourna, et je manquai chuter. Aussitôt, il courut vers moi et me saisit par la taille pour me soutenir. Je m'accrochai de toutes mes maigres forces à sa veste, et le nez enfoui dans son cou, j'éclatai en sanglots.

Mais pour la première fois depuis plus d'une année et demie, ce n'étaient pas des larmes de peine qui roulaient sur mes joues. C'étaient des pleurs de joies. Il m'était enfin revenu ! Il agrippa mes hanches, me serrant contre lui avec une douce et tendre brutalité. Le visage collé contre mes cheveux, il murmurait inlassablement mon prénom, la voix voilée par les larmes. Je lâchai sa veste pour entourer sa taille de mes bras, et soufflai :

« - Je m'étais résignée... »

Pour toute réponse, il lâcha mes hanches pour agripper mon visage et m'embrassa. J'avais rêvé tant de fois de ses lèvres sur les miennes, de son corps pressé contre le mien, mais tout cela était tellement éloigné de cet instant précis ! J'avais la délicieuse impression de m'embraser, et un agréable feu semblait couler dans mes veines. Uniquement parce que sa bouche caressait la mienne.

Quand il sépara nos bouches, il colla son front au mien, et murmura, la voix horrifiée :

« - Seigneur, Jeanne... Que t'ai-je fait ? »

Je compris aussitôt qu'il parlait de mon aspect de cadavre. Je haussai les épaules en tremblant, et répondis :

« - Ce n'est pas de ta faute. Tu... Tu ne savais plus...

- Cela est impardonnable, Jeanne. Jamais je n'aurais dû t'oublier. »

Il me reprit dans ses bras, me chuchotant au creux de l'oreille de sa belle voix :

« - Lorsque je me suis souvenu de toi, j'ai cru que le sol se dérobait sous mes pieds. Tu étais là, et... Je ne t'avais pas reconnue, alors que tu étais la femme de ma vie. J'ai voulu hurler de désespoir, m'enterrer vivant pour ne plus avoir à souffrir de cette honte et de ces immenses regrets, mais... Je me suis rappelé d'une promesse que je t'avais faite, et que je me devais d'honorer. »

En l'entendant, je fronçai les sourcils. De quelle promesse parlait-il ? Pourquoi ne m'en souvenais-je pas ? Devant mon manque de réaction, il m'écarta de lui, et eut un tendre sourire devant ma perplexité. Lentement, il mit un genou à terre tout en fouillant dans une de ses poches, et en sortit une bague. Stupéfaite, je portai une main tremblante à ma bouche, les yeux écarquillés. Baptiste prit ma main gauche entre les siennes, et déclara en souriant :

« - Il y a plus d'un an, alors que je repartais, je t'avais promis de revenir. Et même si j'ai mis énormément de temps à respecter cette promesse, je me présente aujourd'hui devant toi. Te souviens-tu de ce que tu m'avais répondu ? »

La gorge nouée, j'acquiesçai, et balbutiai :

« - Je... Je t'avais dit que si... J'étais seule... J'accepterais.

- Es-tu seule, Jeanne ? »

Ne pouvant rien dire, trop émue pour cela, je ne pus qu'hocher la tête tandis que des larmes roulaient sur mes joues. Il se passa une main soulagée dans ses cheveux bouclés, et me demanda encore, la voix tremblante :

Raison ou sentiments ? ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant