J'arrêtai le cheval devant l'échoppe, attiré par un magnifique tissu vert. Vert comme les yeux de Jeanne. Aussitôt, je descendis de ma monture, l'attachai à un piquet, et pénétrai dans la boutique. Je fus accueilli par un homme, qui me salua chaleureusement en irlandais. J'avais oublié que personne ne me comprenait... En soupirant, je marmonnai :
« - Je ne parle pas irlandais...
- Oh... Vous... Comprenez moi ? »
J'ouvris de grands yeux ravis en acquiesçant :
« - Oui ! Oui, je viens pour un trousseau de mariage. J'avisai son air d'incompréhension, et articulai. Mariage. »
Il ne comprenait pas. En soupirant, je sortis de ma poche l'alliance en or que j'avais achetée, et la levai devant ses yeux. Aussitôt, il acquiesça :
« - Ah oui... Mariage.
- Oui. Je voudrais le tissu vert. »
Je le pointai du doigt. Son regard s'éclaira tandis qu'il s'animait, parlant avec de grands gestes. Il vint prendre le tissu, et me posa une question. Je secouai la tête, ne le comprenant pas. Il soupira :
« - Taille... Poids... Dame ? »
Je me grattai le crâne, essayant de décrire Jeanne. Je plaçai une main juste en-dessous de mon cou :
« - Elle est à peu près grande comme cela, et... »
Je dessinai dans l'air une silhouette assez fine. Le commerçant fronça les sourcils, avant d'acquiescer. Puis, il me demanda encore :
« - Cheveux ? »
Je pointai du doigt un tissu orange.
« - Peau ? »
Je pointai ma chemise, blanche immaculée. Il hocha la tête, puis se retourna pour hurler quelque chose vers l'arrière-boutique, disparaissant un instant pour donner le tissu à je ne sais qui. Quand il revint vers moi, il me demanda :
« - Autres... Tissus ? »
Je me tournai, observant les choix possibles. Il y en avait tant qui me tentaient... Je décidai d'acheter tous ceux qui me plaisaient, puisque je ne comptais me marier qu'une seule fois. Je désignai donc un tissu blanc, un autre noir, encore un vert, et puis un violet. L'homme les rassembla tous, puis leva trois doigts vers moi :
« - Jours.
- Je reviens dans trois jours ? »
Il réfléchit un instant, puis acquiesça. Puis il m'écrivit le montant à payer sur une feuille. Je lui tendis la monnaie, le cœur joyeux. Je savais que Jeanne ne s'attendait pas du tout à cette surprise. J'étais si impatient de découvrir sa réaction !
Je ressortis de l'échoppe, tout guilleret. J'avais déjà acheté des chemises, des souliers, des bas, et maintenant, des robes. Il ne me manquait plus qu'à aller voir un religieux. Et espérer que celui-ci me comprendrait... J'aurais pu être découragé, mais je ne pensais qu'à ma Jeanne. Je l'avais quittée alors qu'elle dormait encore, et je n'avais pas eu le cœur à la réveiller. Mais j'avais pris soin de laisser un billet à côté d'elle, pour qu'elle ne s'inquiète pas.
J'enfourchai ma monture, qui était en réalité le cheval de Jeanne, et la talonnai pour qu'elle avance. Ce petit village était assez sympathique, les habitants étaient accueillants. Tous me saluaient, même sans me connaître. Il me tardait de trouver ce religieux...
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Raison ou sentiments ? ✅
Ficción históricaUn conflit oppose depuis des années les catholiques et les protestants du pays. Les premiers veulent renverser le roi pour mettre en place un régime plus juste, tandis que les autres souhaitent conserver ce souverain. Au milieu de la guerre civile...