35. J'ai pas été payée pour vous laisser pleurer !

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J'errais sans but dans les jardins, les mains crispées sur mon corsage. Baptiste n'était parti que depuis deux jours, mais j'avais l'impression d'être écrasée sous le chagrin. Etait-il aussi ravagé que moi par la tristesse ? Je levai une main pour effleurer sa chevalière, que j'avais en collier. Ce contact m'apaisa. Je ne devais pas douter de lui. Il était revenu, et m'avait épousée. Et il était parti.

Des larmes roulèrent sur mes joues, alors je me laissai tomber dans l'herbe. C'était si dur, d'être séparée de lui ! Et j'avais tellement peur qu'il soit de nouveau blessé, qu'il ne m'oublie, ou qu'il meure ! Je me plaquai une main sur la bouche pour empêcher mes sanglots de sortir, et fermai les yeux de toutes mes forces.

« - Ben alors, mamzelle ! Qu'est-c'que vous faîtes dehors, toute seule ? »

Je me retournai brusquement en reconnaissant la voix de Nolwenn. Elle s'avançait en trottinant vers moi, un sourire aux lèvres. J'essuyai mes larmes, et me relevai, stupéfaite :

« - Nolwenn ? Mais... Que fais-tu là ?

- Vot' sieur, il est v'nu pour me proposer d'être vot' bonne à tout faire ! Mais j'ai pas pu v'nir avant, pac'que fallait que j'négocie avec l'père, et c'était dur, mais il a finalement accepté pac'que vot' sieur y m'a donné de l'argent d'avance ! »

Je la fixai, peinant à comprendre ses longues phrases écorchées. Mais un sourire se peignit rapidement sur mes lèvres :

« - Est-ce vrai ? Baptiste est venu ?

- Ben oui ! Il m'a donné trente livres ! En plus, j'dois juste veiller sur vous et vous aider, alors ça me va ! »

Mon cœur bondit dans ma poitrine. Il avait pensé à moi. Sans réfléchir, je pris Nolwenn dans mes bras en riant :

« - Merci d'être là !

- Y'a pas d'quoi, mamzelle ! En plus, vous êtes rud'ment gentille avec moi. »

Elle répondit à mon étreinte, avant de s'écarter pour placer ses poings sur ses hanches :

« - C'est pas tout, mais faudrait pas qu'vous vous enrhumiez ! Qu'est-c'qu'y va dire, vot' sieur, si vous toussez à la mort quand y rentrera ?

- Tu as raison, rentrons. »

Je la pris par le bras pour la ramener au château.

Quand j'en poussai les portes, la blonde eut un sifflement admiratif :

« - Eh ben, dire que j'vais vivre dedans ! »

Je tournai un regard étonné vers elle. Elle s'exclama, comme si elle était heureuse de sa surprise :

« - Mais oui, vot' sieur, y m'a dit que j'devais dormir avec vous, comme ça, j'pourrai vous protéger ! J'ai même ramené mes affaires, voyez ! »

Nolwenn me désigna un petit ballot, près de la porte, que je n'avais pas vu. Elle le souleva dans ses bras, un charmant sourire aux lèvres :

« - Allez, restez pas dehors. »

Elle me poussa presqu'à l'intérieur, et referma elle-même les portes.

Heureuse de ne plus être seule, et ragaillardie par son franc-parler, je pointai l'étage :

« - Je vais te montrer ta chambre. Viens. »

Elle me suivit en s'émerveillant sur la demeure, ce qui me mit du baume au cœur. En haut, j'ouvris la porte de la chambre juste à côté de la mienne :

Raison ou sentiments ? ✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant