« - Ne pouvez-vous pas m'aider ? »
L'homme me regarda d'un œil morne, avant d'acquiescer. Je fronçai les sourcils, le pressant de questions :
« - Savez-vous où est ce château ? Pouvez-vous m'y emmener ? »
Il acquiesça de nouveau. Je me passai une main lasse sur le visage, et demandai soudain :
« - Me comprenez-vous ? »
Il acquiesça encore. En soupirant, je haussai un sourcil :
« - Suis-je blond ? »
Encore une fois, il hocha la tête. Cet individu ne me comprenait pas. J'aurais dû me douter qu'en Irlande, les personnes parlaient irlandais... Je me détournai en soupirant. Comment allais-je parvenir au château de Jeanne si personne ne pouvait me l'indiquer ? Tout s'était bien déroulé, jusqu'à ce que je débarque du bateau. Je m'étais rendu dans une auberge, et... Personne ne me comprenait. J'étais pourtant si près du but !
Je m'assis à une table en soupirant, et sortis la bague de ma poche.
Jeanne. N'oublie jamais ma promesse. Je reviendrai.
Oui. J'avais mis trop de temps, mais j'allai revenir. Et enfin faire d'elle ma femme, et la rendre heureuse. Comment avais-je pu ne pas la reconnaître ?! Je pressai mes poings sur mes yeux en soufflant d'énervement.
Ne me faîtes pas dire des choses que je ne pense pas ! Je ne souhaite certainement pas la mort de vos hommes, et encore moins la vôtre !
Je n'en pouvais plus de ces phrases qui traversaient mon esprit. Elles semblaient me narguer, me dire « Eh bien, tu en as perdu du temps ! Te souviens-tu de nous ? ».
Soudain, un homme s'assit en face de moi. Je relevai le visage vers lui, surpris. Que me voulait-il ? Il me posa une question que je ne compris pas. En soupirant je secouai la tête :
« - Je suis navré, je ne comprends pas.
- Z'êtes pas d'ici. »
J'ouvris de grands yeux :
« - Me comprenez-vous ?
- Oui, m'sieur. J'ai pas vécu toute ma vie en Irlande, vous savez... »
La chance me souriait enfin. Je lui demandai d'un ton pressant :
« - Savez-vous où se trouve le château de... De Carrignacurra ? »
J'avais un mal fou à prononcer ce nom. L'homme eut un haussement d'épaules :
« - Oui, mais y'a un grain qui s'annonce, et on peut pas y aller.
- Un... Un grain ?
- Oui, une tempête, quoi. Vous v'nez d'où vous, pour pas connaître ça ?
- De très loin. »
Je n'essayais même pas de cacher mon découragement. Une tempête ? Devant ma mine abattue, il se frotta le visage, et soupira :
« - Bon, écoutez. Dans deux jours, ça d'vrait aller mieux. J'pourrai vous y emmener.
- Vraiment ? Vous feriez ça ?
- Bien sûr. Z'allez voir vot' dame ?
- Ma dame ? »
Je fronçai les sourcils, surpris. Comment avait-il deviné ? Il eut un sourire, qui découvrit une bouche presqu'édentée :
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Raison ou sentiments ? ✅
Historical FictionUn conflit oppose depuis des années les catholiques et les protestants du pays. Les premiers veulent renverser le roi pour mettre en place un régime plus juste, tandis que les autres souhaitent conserver ce souverain. Au milieu de la guerre civile...