« - Jeanne ? Réveille-toi... »
Je me sentais secouée. Lentement, j'ouvris un œil en grommelant :
« - Quoi, encore ?
- Je pars dans une heure... »
Aussitôt, je me redressai pour apercevoir Baptiste, allongé à mes côtés, encore dévêtu. Ma gorge se noua, et je murmurai :
« - Déjà... »
Sa mine attristée me serra le cœur. Il me prit dans ses bras, me serrant contre lui de toutes ses forces. Je m'accrochai à ses épaules, le nez dans son cou, et fermai les yeux pour retenir mes larmes. Il me berça doucement, et soupira :
« - J'essaierai de t'écrire. Et je t'enverrai de l'argent. Il est hors de question que tu restes seule ici, il te faut une sorte de domestique. »
Je secouai la tête, rouvrant les yeux pour marmonner :
« - A quoi bon ?
- Jeanne ! »
Son ton était indigné. Il agrippa ma mâchoire pour me forcer à le regarder :
« - Je t'interdit de parler comme si tu n'étais rien ! Tu es ma femme, et il est impensable que je te laisse ici, seule !
- C'est pourtant ce que tu t'apprêtes à faire. »
Mon ton était tranchant. Je vis une immense tristesse envahir son regard, et il me lâcha en murmurant :
« - Tu as sans doute raison... »
Il se redressa, sans me regarder, et se leva. Silencieusement, il s'habilla, enfilant sa chemise, une veste, un pantalon, et des bottes en évitant mon regard. Je serrai les draps contre ma poitrine, une larme roulant sur ma joue. Encore une fois, mon mauvais caractère avait tout gâché. Il avait fait de son mieux pour me consoler, et... Je l'avais envoyé paître.
Brusquement, je repoussai les draps pour me lever précipitamment. Baptiste se tourna vers moi, et ouvrit aussitôt les bras. Je me jetai contre lui en pleurant, et bafouillai :
« - Je suis désolée, je... Je n'aurais pas dû agir comme je l'ai fait, et...
- Jeanne, ce n'est rien... »
Sa voix était émue. Je relevai le visage vers lui, et vis qu'il pleurait. Aussitôt, j'éclatai en sanglots :
« - Je t'ai fait pleurer ! Je suis tellement méchante, et indigne d'être ta femme, et... »
Ses lèvres s'écrasèrent sur les miennes, m'empêchant de continuer. J'enroulai mes bras autour de son cou pour me presser contre lui. Des larmes se mêlaient à nos baisers, leur donnant un goût amer. Contre ma bouche, il murmura :
« - Ne redis plus jamais cela, Jeanne. Suis-je clair ? »
Je rouvris les yeux, pour voir ses belles prunelles grises qui me fixaient. La gorge nouée, j'acquiesçai. Il prit mon visage entre ses mains pour embrasser mon front, mon nez, puis de nouveau mes lèvres.
Quand il s'écarta de moi, j'eus un frisson à cause du froid. Aussitôt, il me souleva dans ses bras pour m'asseoir sur le lit, et m'enveloppa dans les draps. Malgré mes larmes, j'eus un sourire attendri. Baptiste s'assit à mes côtés, et enlaça tendrement ma taille. Il fourra son nez dans mon cou, et j'entendis sa voix attristée :
« - Promets-moi de faire attention à toi... Je ne supporterai pas qu'il t'arrive quelque chose.
- Alors promets-moi la même chose. »
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Raison ou sentiments ? ✅
Historical FictionUn conflit oppose depuis des années les catholiques et les protestants du pays. Les premiers veulent renverser le roi pour mettre en place un régime plus juste, tandis que les autres souhaitent conserver ce souverain. Au milieu de la guerre civile...