24. Nous allons devoir dormir ensemble.

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« - Ne veux-tu pas encore de viande ? »

Je secouai la tête, occupée à mâcher. Il m'avait forcée à manger bien plus que je n'en avais pris l'habitude. Baptiste insista :

« - En es-tu sûre ?

- Oui. »

Il soupira, mais ne dit rien, se contentant de prendre une bouchée de légumes, son regard fixé sur moi.

Je sursautai en entendant la tempête cogner contre la fenêtre, et sans réfléchir, je me levai pour faire le tour de la table, et venir me blottir contre lui. Il lâcha son assiette pour me prendre dans ses bras :

« - Alors comme ça, tu as peur du vent et de la pluie ? »

Je levai un regard agacé vers lui :

« - Et alors ? Tu ne sais pas ce que sont les tempêtes irlandaises, et... »

Il me coupa dans mon discours énervé en m'embrassant doucement. Aussitôt, je me détendis dans ses bras, savourant ses baisers. Contre ma bouche, il murmura :

« - As-tu oublié à quel point j'aime te taquiner ?

- Non. Tu m'agaçais vraiment, avant... »

J'entendis ma voix prendre des intonations tristes. « Avant » signifiait lorsque mon père était en vie. Je reniflai tandis qu'il me caressait doucement le dos. Il soupira :

« - J'ai été si stupide de ne pas te proposer une alternative... Comme par exemple, m'épouser, mais rester auprès de ton père...

- Tu ne pouvais pas savoir.

- Je sais. Mais je m'en veux tellement de t'avoir abandonnée... »

Son étreinte se resserra autour de moi, apaisante. Je soufflai :

« - Tu sais... J'ai gardé tes lettres.

- Mes lettres ? »

Baptiste semblait surpris. Je relevai le visage vers lui, et ne lus dans ses yeux qu'une immense interrogation. Il ne s'en souvenait pas. En soupirant, je tentai de sourire :

« - Je vais te les montrer. Viens. »

Je me relevai, et attendis qu'il fasse de même. Il se passa une main sur le visage, et se leva enfin. Il me prit par la main, entrelaçant nos doigts. Ce simple contact fit s'accélérer les battements de mon cœur.

Je le guidai jusqu'à ma chambre, qu'il n'avait pas encore vue. En poussant la porte, je m'écartai pour le laisser entrer en premier. Il eut une moue stupéfaite, et se tourna vers moi :

« - C'est propre...

- Oui, c'est... C'est la pièce dans laquelle je passais le plus de temps.

- Et tu dors ici... »

Il se posta devant mon lit, un sourire amusé aux lèvres :

« - Eh bien, puisque les autres chambres sont sûrement dans un piètre état... Nous allons devoir dormir ensemble. »

Je sentis mes joues rougir, et portai une main gênée à ma bouche. Il se tourna vers moi en souriant, si beau que je sentis mes jambes trembler. Pour dissimuler mon trouble, je me détournai, me dirigeant vers la commode pour en sortir les lettres. Mais je sentais sa présence derrière moi. Les mains tremblantes, j'en sortis le paquet de feuillets, et me retournai. Je sursautai en voyant qu'il était presque collé à moi, laissant échapper une exclamation étouffée. Il me fixait, les sourcils froncés :

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