« - Ne puis-je vraiment pas enlever ce bandeau ?
- Non, pas encore. »
Je la vis avoir une moue boudeuse. Un sourire amusé m'échappa tandis que je la prenais par le bras. Elle marmonna quelque chose en irlandais, d'un ton énervé. Je m'exclamai, faussement réprobateur :
« - Soyez polie, mademoiselle !
- Va au diable. »
Un sourire étirait ses lèvres. J'embrassai sa tempe :
« - Nous sommes bientôt arrivés. »
Cela faisait je ne savais combien de temps que je la faisais ainsi crapahuter sur les rochers, un bandeau sur les yeux. Mais je n'avais pas prévu que la mer soit aussi loin... Je remontai le panier sur mon épaule, et guidai Jeanne avec précaution. Elle s'accrocha à moi d'une main, et me demanda, la voix plaintive :
« - Sommes-nous bientôt arrivés ? J'ai mal aux pieds... »
J'aperçus soudain la mer devant nous. Je sentis le soulagement m'envahir, et acquiesçai :
« - Oui.
- J'entends la mer ! »
Son ton était excité. Je la voyais arborer un grand sourire. D'une voix faussement sérieuse, je déclarai :
« - Ce n'est pas du tout la mer.
- Bien sûr... Je sais lorsque tu plaisantes, Baptiste ! »
J'éclatai de rire, continuant de la faire descendre de la colline.
Lorsqu'elle sentit le sable sous ses pieds, elle me supplia :
« - Puis-je l'enlever ? »
Comme seule réponse, je dénouai le nœud du bandeau, puis l'enlevai. Ses yeux verts s'ouvrirent, et s'écarquillèrent en voyant la mer derrière moi. Elle se pendit à mon cou en s'exclamant :
« - C'est magnifique ! Je n'osais pas venir là toute seule, alors... Merci ! »
Elle plaqua sa bouche sur la mienne pour m'embrasser passionnément, puis s'écarta pour se placer face à la mer, l'air émerveillée.
J'en profitai pour poser le panier au sol, et en sortis une nappe que j'étalai sur le sable. Je vis du coin de l'œil Jeanne se retourner vers moi :
« - Nous allons faire une pique-nique ? C'est parfait ! »
Elle tapa dans ses mains, excitée comme une enfant. Elle vint s'agenouiller à mes côtés pour m'aider à répartir la nourriture sur la nappe. Elle avait les lèvres étirées en un grand sourire. J'étais sûr que ma surprise allait lui faire plaisir, et la faire sourire. Et ce n'était pas fini.
Je m'assurai que les deux écuelles étaient bien distinctes, et en tendis une à Jeanne :
« - Tiens. Je t'ai préparé ton plat préféré. »
Ses yeux s'agrandirent :
« - Quoi ? Mais... Quand as-tu eu le temps de préparer tout cela ?
- Tout le monde ne dort pas jusqu'à midi passé, mademoiselle. »
Elle eut un sourire amusé, et me tira la langue. Elle souleva le couvercle de son plat, et je vis sa bouche s'entrouvrir de surprise. Elle releva son visage vers moi :
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Raison ou sentiments ? ✅
Ficción históricaUn conflit oppose depuis des années les catholiques et les protestants du pays. Les premiers veulent renverser le roi pour mettre en place un régime plus juste, tandis que les autres souhaitent conserver ce souverain. Au milieu de la guerre civile...