Chapitre 9

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Au fur et à mesure que nous marchons, le sol est de plus en plus caillouteux. La terre battue a laissé place à un sentier de graviers parsemé de rochers. Mais nous sommes encore loin de notre objectif, j'ai peut-être un peu sous-estimé la distance... Les montagnes se dressent devant nous, mais semblent inaccessibles. Les grottes sont creusées à même la roche de celles-ci. Certains racontent que les sommets étaient blancs, avant. Je ne les crois pas. L'herbe, blanche ? Impossible. L'herbe a toujours été jaune, et tout le monde le sait.

Ce n'est qu'à peine avant l'aurore, après bon nombre de pauses pour qu'Adrian puisse se reposer, que nous arrivons au pied des petits massifs rocheux. Le soulagement et la fatigue se font sentir. Nous nous hâtons de trouver ces fameux tunnels. Heureusement, ils ne sont pas bien durs à repérer. Ces roches sont littéralement criblées de trous. Alors nous en pénétrons un. L'intérieur n'est pas très haut, mais tout de même assez pour que l'on puisse tenir debout. C'est assez humide et surtout très sombre. Heureusement, Solange et Edward avaient réussi à nous procurer des lampes-torches et nous en donnent une chacun. Si j'essaie de montrer le contraire, j'ai plutôt peur. Quand soudain un bruit me parvient.

– Vous... vous avez entendu ?

Ma voix tremblante me trahit aussitôt. Et mince ! Le groupe va me prendre pour une peureuse maintenant...

– Mais non, ce n'est rien, tente de me rassurer Catherine.

Pourtant, même si je ne dis plus rien, je continue à entendre d'étranges bruits. Je m'arrête.

– Non... Je ne veux plus continuer... J'ai trop peur, bégayé-je. Tous ces bruits...

– Oh, arrête ! s'énerve Adrian. Tu es une chef, oui ou non ? Là, tu as plutôt le charisme d'une fiente d'oiseau.

La remarque d'Adrian me blesse au plus profond de moi-même, bien que je trouve sa métaphore ridicule. Je ne veux pas qu'il me considère comme ça. Alors, je prends sur moi et je continue.

C'est maintenant au tour d'Edward de stopper net.

– Nat avait raison... J'entends aussi des bruits... Des bruits de conversation.

Tout le monde tend l'oreille. Oui, ce sont bien des bruits de conversation. Cette grotte est habitée.

– On part, décrète Solange.

– Non, fais-je en reprenant mes airs de chef. Ces gens ont quitté les Camps comme nous, nous sommes dans la même équipe, ils n'ont aucune raison de nous faire du mal. Au contraire, ils pourront sûrement nous aider.

Au bout du tunnel je vois en effet une petite pièce faiblement éclairée où des gens discutent. Prenant mon courage à deux mains, comme pour montrer l'exemple, je m'avance et toque doucement contre la pierre. Le bruit se réverbère contre la paroi. La conversation cesse aussitôt et des têtes se tournent vers moi. Ils sont environ une vingtaine. Et ils sont... disons... bizarres. Ils ont troqué leur uniforme du Camp contre des vêtements improvisés totalement disparates. L'un d'entre eux est vêtu uniquement en végétation, un autre de foulards et il y en a même qui sont nus. Ils ont tous environ vingt ou trente ans.

– Je... Heu... Qui êtes-vous ? demandé-je timidement.

– Je te retourne la question, me répond celui qui me semble être le chef.

Ces hommes ne me semblent pas menaçants. Ils me feraient même presque pitié. Alors je décide de gagner leur confiance en leur révélant la vérité.

– Eh bien... Nous sommes cinq... (je fais signe à mes amis de s'avancer pour se rendre visibles) et nous nous sommes enfuis des Camps afin de retrouver la trace de nos parents suite à la découverte d'un document officiel qui nous indiquait notre lieu de naissance. Nous nous rendions donc à notre Camp de Naissance quand Solange s'est blessée à la jambe. Nous cherchions alors un endroit pour nous abriter quelques jours, le temps pour elle de se remettre sur pied.

Matricule 301Où les histoires vivent. Découvrez maintenant