Chapitre 25

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– Tu m'emmènes où ?

– C'est une surprise !

Je remarque que l'on s'approche de l'entrée principale du village.

– Attends... Pas en dehors du village, quand même ? Je n'y suis jamais retournée... Et je ne préfère pas !

– Tu es avec moi, tu n'as rien à craindre. Moi, j'ai passé ma vie au dehors, je connais les dangers mieux que n'importe qui.

– Tu as passé ta vie au dehors... ?

– Je te raconterai tout à l'heure. Pour l'instant, ferme les yeux, et laisse-toi guider.

Je me demande où nous allons. Même si j'essaie de lui faire confiance, sortir du village me fait vraiment peur. Il me guide par les épaules et tout mon être est concentré sur ces mains chaudes en contact avec ma peau. Je tente d'entrouvrir les paupières afin de juger de notre situation, mais il le remarque et me réprimande d'un : « Dis-donc ! Je te vois ! » qui me laisse toute honteuse, et je m'empresse de refermer les yeux. Pourtant, je sens plusieurs fois qu'il hésite quant à la direction à prendre et ça ne fait qu'augmenter mon appréhension. Nous marchons encore dix bonnes minutes quand j'entends enfin :

– Voilà. Tu peux regarder.

L'endroit est effectivement magnifique. Et moi qui croyais que tout, en dehors du village, n'était que terres arides et déserts à perte de vue ! Un petit ruisseau s'écoule paisiblement, et je peux entendre le faible clapotis de l'eau. Il est bordé de petits arbustes, il y a même un arbre, et de l'herbe ! Bon, il n'y a pas de fleurs comme celles que les jardiniers ont plantées au village devant nos maisons (grâce aux graines offertes par le Roi Uznabur), mais cet endroit est pour moi comme le paradis sur Terre. Je me tourne vers mon bel inconnu, des étoiles dans les yeux.

– C'est... Magnifique.

– Je savais que ça te plairait.

– Je ne sais toujours pas ton nom.

– Je m'appelle Akiriah.

– Ok. Moi c'est Natalie. Mais tu peux m'appeler Nat, si tu veux.

+ + +

Akiriah et moi sommes assis dans l'herbe. Nous mangeons ce qu'il a ramené, à savoir des fruits volés aux jardiniers. Très bons, surtout avec cet arrière-goût d'interdit.

– Alors comme ça, tu es un voleur ?

– Noon ! Comment oses-tu ? s'offusque-t-il en riant. Je les ai juste... Empruntés.

– Je ne sais rien de toi.

– Bah, il n'y a pas grand-chose à dire. Il y a 18 ans, je suis né entouré de mes deux parents et...

– Attends, répète un peu ? m'étonné-je. Comment est-ce possible ?

– Mes parents sont tombés amoureux alors qu'ils étaient enfermés dans les Camps. Pour communiquer, ils bravaient les interdits, un peu comme toi, à ce qu'on m'a dit. Ils ont d'ailleurs reçu pas mal de corrections, mais rien ne les décourageaient. Et puis un jour, ils ont décidé de s'évader.

– Pas possible ! Ils ont survécu ?

– Je crois que sans cet endroit, dit-il en balayant l'endroit d'un mouvement de bras, ils n'auraient pas pu. Il y avait un couple qui vivait ici et qui avait été prévenu de l'évasion de mes parents. L'un d'eux est alors parti en éclaireur et a miraculeusement trouvé mes parents, qui se sont installés avec eux, ici. De l'eau, des arbres fruitiers, de la terre fertile, il y avait largement de quoi survivre. Malheureusement, nos sauveurs sont morts peu avant ma naissance. C'est ici que je suis né.

Matricule 301Où les histoires vivent. Découvrez maintenant