Chapitre 8

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Quand je me réveille le lendemain matin, le soleil est déjà haut dans le ciel. Effectivement, le réveil qu'ont réussi à se procurer Solange et Edward indique midi passé. Je tâte la place à côté de moi : personne. Adrian doit déjà être debout. En effet, quand je sors de la tente, je les vois tous les quatre s'affairant déjà.

– Bonjour ! lancé-je gaiement.

– B'jour, bougonnent-ils en guise de réponse.

Mais qu'est-ce qui leur prend ? Eux d'habitude d'humeur si joyeuse... En même temps, la nuit à dû être pénible pour ceux qui dormaient dehors. Je décide alors de ne pas insister et les imite sans un mot de plus.

Une fois l'estomac plein et les bagages repliés, la route reprend de plus belle. Avec nos sacs à dos, on pourrait aisément nous confondre avec des pèlerins. Quand soudain, je vois apparaître un bâtiment devant nous. Mes camarades ont dû voir la même chose car ils se stoppent net.

– Qu'est-ce que c'est ? me questionne Solange.

– Heu... Attends, je regarde mon plan. Selon la carte, c'est le « Bâtiment de Contrôle du Domaine ». Je ne sais pas vraiment ce que c'est, mais à mon avis, il vaut mieux ne pas s'aventurer trop près. Nous allons le contourner. Ça nous fera faire un détour, mais selon moi il est préférable de ne pas prendre trop de risques.

– Nat a raison, déclare Adrian. Ecoutons-la.

Je rougis de plaisir. Adrian me soutient ! Personne ne cherche à protester et tout le monde repart, inclinant simplement la direction du trajet.

+ + +

Nous marchons depuis deux heures au moins quand j'entends un cri derrière moi. Je me retourne vivement et découvre Solange, au sol, gémissante. J'accours vers elle. Elle se tient à deux mains la jambe. Au Camp d'Entraînement, on nous a appris les bases du secourisme. Alors même si on n'a pas réussi à diagnostiquer exactement ce qu'elle avait, on a tous compris que c'était grave.

Solange est en pleurs. Non pas pour sa jambe, mais pour nous. Elle gémit qu'à cause d'elle toute notre mission allait échouer et qu'elle s'en voudrait toute sa vie. Elle nous demande même de partir et de la laisser là ! Non mais elle ne va pas bien ou quoi ? Elle n'est pas dans un film ! Bien sûr qu'il est hors de question de la laisser ici. Mais reste à trouver une solution pour le reste du trajet...

Soudainement, Edward part en courant. Même si nous ne savons pas ce qu'il fait, personne ne le retient. Il revient dix minutes plus tard, les bras remplis de branches. Ah ! Je crois que j'ai compris ! Il fallait y penser... Mais pour penser, on peut toujours compter sur Edward.

Il commence, à l'aide de ses branches, prises sur un petit buisson (pourtant très rares par ici) et d'une corde à improviser une attelle pour Solange. Pour autant, elle ne parvient toujours pas à se mettre debout. Alors Adrian déclare :

– Je vais la porter. Il est hors de question que notre trajet soit retardé. Et Edward, dit-il en voyant celui-ci s'apprêtant à protester, je suis désolé pour toi, mais tu n'es clairement pas assez musclé. Allez, on y va.

Aucune objection n'est émise. On repart de plus belle. Le rythme, cependant, est légèrement moins soutenu.

A peine dix minutes plus tard, je m'arrête net. Au loin je vois une masse informe et noire, sur le sol. J'en informe mes amis qui la voient aussi. Nous nous approchons prudemment. Puis, plus la distance entre la chose et nous s'amenuise, et plus je crois distinguer une forme humaine. Si c'est le cas, elle doit être sans défenses et dans le besoin, nous ne nous méfions donc pas et continuons de nous approcher. Nous sommes maintenant à moins d'un mètre. Il s'agit d'une femme, de cinquante ans tout au plus. Comme si je n'avais pas déjà eu mon lot de péripéties pour la journée. Elle fait peine à voir. Elle est allongée à même le sol et pendant un instant je me demande même si elle n'est pas morte. Heureusement, en m'approchant, je peux entendre sa respiration sifflante et irrégulière. Ses vêtements sont troués et usés. Elle ne possède aucun bien matériel, pas de vivres non plus. Pourquoi n'est-elle pas placée dans un Camp d'Entraînement ? La réponse ne tarde pas à arriver. Edward se penche vers moi et me chuchote à l'oreille :

Matricule 301Où les histoires vivent. Découvrez maintenant