Nous sommes tous réunis autour d'un feu, mangeant un lapin rôti. Cela fait déjà dix jours que nous sommes dans ce tunnel et j'étouffe. Même si nous pouvons sortir, il me faut de l'action. Marre de faire la chasse aux lapins, de nettoyer le sol, de remplir des jarres d'eau, de chercher vainement des plantes médicinales ou de laver mes uniques vêtements dans le seul ruisseau du coin, à six kilomètres de là. Alors je m'adresse au chef :
– Chef, heu... Du coup... J'ai repensé à ce que vous nous avez dit le jour de notre arrivée... Que vous vouliez renverser le gouvernement mais que vous n'aviez pas réussi à vous procurer le matériel nécessaire. Eh bien, j'ai un marché à vous proposer. Vous nous aidez à pénétrer dans le Camp de Naissance et vous nous aidez à retrouver nos parents et nous, en contrepartie, on vous fournit des bombes et des explosifs.
Mes amis me lancent des regards noirs. En effet, je ne les ai pas concertés avant de dire cela. En revanche, le visage du chef des résistants s'éclaire et un large sourire fend son visage. Paki, le plus jeune de tous, un des résistants avec qui je suis devenue très amie et qui ne doit pas avoir plus de deux ans de plus que moi, me fait un sourire reconnaissant. Je rougis.
– Mais nous avons même mieux que cela ! s'exclame le chef. En fait, nous venons du Centre de Commandement. Nous y travaillions, avant. Certains s'occupaient des caméras de surveillance, d'autres étaient gardes, et d'autres encore étaient aux ordinateurs. Et nous sommes les mieux placés pour savoir comment on vous traite, vous soldats : comme des pions qui serviront à une guerre prochaine et imminente.
– Et... ?
– Eh bien, oubliez le Camp de Naissance. Vous n'y trouverez rien. Mais par contre, au Centre de Commandement... En fait, c'est là que toutes les données sont conservées. Absolument toutes. C'est le noyau central de tous les Camps. Si tu cherches quelque chose, c'est là-bas.
– Nous souhaitons retrouver la trace de nos parents.
– Je te propose un plan. Vous créez une diversion en lançant une bombe juste à côté du Camp. Un de nos anciens informaticiens, vêtu de son vieil uniforme, en profite pour se fondre dans la masse et récupérer les données concernant la localisation de vos parents. Une fois cela fait, il décampe et vous faites exploser le Centre de Commandement.
– QUOI ??? m'exclamé-je. Mais on va tuer tous les gens qui y travaillent ! Nous ne sommes pas des assassins ! Vous savez, la fin ne justifie pas toujours les moyens !
– Ils l'auront bien mérité. Et c'est le prix à payer pour avoir un monde meilleur et pour libérer tous ces soldats de cet esclavage.
Adrian prend alors la parole :
– Nous réfléchissons. Nous vous dirons notre réponse demain.
Il nous entraîne alors tous dehors.
– Alors ? Vous en pensez quoi ?
– Moi, je serais prête à tout pour retrouver la trace de mes parents, déclaré-je.
– Et tuer tous ces gens ? Là c'est toi qui fais l'égoïste, Nat. Il y a sûrement des centaines de personnes qui travaillent au Centre de Commandement. Tout ça pour que ta petite personne puisse retrouver ses parents ? Cela me révulse.
– Pas seulement, tu as entendu ce qu'a dit le chef ! m'emporté-je. Cela rendrait à tout le monde (j'appuie bien ces trois derniers mots) sa liberté. Plus de Camps, plus rien ! Ça ne peut plus durer.
– Et si notre manœuvre ratait ? On serait tous exécutés ! Et sûrement qu'ils renforceraient les mesures de sécurité, rendant la vie des soldats encore plus insoutenable ! Tu penses à ça ?
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Matricule 301
AventuraJe m'appelle Matricule 301. J'ai été arrachée à mes parents à ma naissance. Depuis mon plus jeune âge, je vis dans un Camp d'Entraînement dans lequel on nous prépare à la guerre. Une guerre imbécile dont je ne connais ni les tenants ni les aboutissa...