Chapitre 7: Départ

78 9 32
                                    


... Xélius extirpa sa tête de l'eau. La lumière aveugla ses yeux. Son cœur battant la chamade se faisait l'écho de sa respiration haletante. Ses poumons cherchaient à reprendre l'air qui avait manqué pendant plusieurs minutes. Il lui fallut quelques instants pour intégrer ce qui venait de se passer et s'en remettre.

Mais que s'était-il passé ? En se déconcentrant Xélius a malgré lui réactivé un ancien rêve de son passé, refoulé car l'ayant profondément traumatisé durant sa jeunesse. Ayant atteint un stade méditatoire plus profond, il en a oublié son corps physique. Erreur fatal quand on fait une méditation en apnée !

Il prit un instant de pause pour bien repenser à tout le déroulement de l'incident, et intérioriser l'expérience et la sensation dans sa mémoire pour que plus jamais cela ne se reproduise.

Une fois fait, il sorti de son bain et se sécha. Pour cela il utilisa sa maîtrise. Il lui fallait vérifier que sa méditation avait été efficace. Voire s'il était capable de faire s'évaporer de l'eau serait un bon examen.

Alors, il se concentra intensément et projeta en son esprit l'image de fine gouttelette d'eau vibrant au point de changer d'état. Bien qu'il fût rouillé l'exercice fut un succès. En quelques secondes l'eau s'évapora en un nuage de vapeur qui finit par se dissiper dans l'atmosphère. Par la suite il se rhabilla. Puis il retira le bonde ( sorte de bouchon) du demi-tonneau, ce qui vida le contenus sur le sol enneigé, lâchant un crépitement résultat du choc eau contre glace.

Il était maintenant temps de rejoindre les autres, de préparer ses affaires et d'enfin partir.

Xélius entra dans la taverne. Là il aperçut Brore, habillé d'une cape et capuche, comme au jour de leur rencontre.

- Tu n'as pas de sac, demanda-t-il

- Je suis parti à la hâte, je n'ai pris qu'une bourse de pièce en espérant avoir assez pour le voyage?

- Et où en sont tes finances ?

- Plutôt basse

- Tiens, dit-il en lui lançant une pièce, mais pas préparé Brore la fit tomber sur le sol.

- Hé mais c'est la pièce que j'avais donnée à Nosfero, dit-il en la ramassant.

- Oui reprends la. Il a été vache de t'obliger à lui donner.

- Merci, d'ordinaire j'aurais refusé mais au vu de l'état de ma bourse je me permets pas de faire la fine bouche.

- T'en fais pas ? Viens avec moi je vais te montrer comment faire un sac de voyage. Qui sait si tu dois refaire une expédition tu sauras quoi prendre.

Xélius ramena son sac du dortoir dont les affaires ranger en bordel, donné à la besace en tissu une forme arrondie. Un morceau de cape sortait de moitié de l'ouverture. Il vida le sac en ne se donnant pas la peine de faire attention à ses affaires.

Sur la table Brore vit d'abord, et reconnu quelques objets évidents tels qu'une gourde d'1 litre, une cape de pluie grossièrement rangée et partiellement déchirée, des morceaux de tissus enroulés (pratique pour les bandages ou pour repasser un vêtement), une boîte de couture, une cordelette (environ six mètres), un double de ses vêtements : un t-shirt bleu délavé, dont les épaules et coudes étaient renforcés par une double couche de tissu, un pantalon marron et des sous-vêtements.

En plus de cela il vit plusieurs autres objets dont il ne reconnut pas l'utilité, une boîte en bois de petite taille de forme allongée qui faisait un bruit de pièce métallique qui s'entrechoque quand on la secoue, une poche de tissu qui avait l'air bien rempli, un morceau de papier froissé qui pliait en deux servait à faire tenir un nombre de feuille manuscrite.

- Comme tu peux le voir, repris Xélius, rien n'est laissé au hasard. Quand tu passes ta vie à voyager tu peux pas t'encombrer de charge inutile. Et très régulièrement on doit faire l'inventaire de ce qu'on a, pour savoir ce qui nous manque, et vendre ou jeter le surplus.

- On peut vivre combien de temps dehors avec si peu? 

A ce moment il ouvrit la petite boîte en bois qui se déplia en un patron et donna à voir une multitude de petits outillages sur chaque côté. Il reconnut des pointes de flèche ainsi qu'une pierre à taillé et un silex sur la première face, avec une petite fiole contenant un liquide qui avec la teinte du verre donnant l'impression que le contenu était violet. Sur la seconde face il vit deux fils de pêche enroulés et plusieurs jeux d'hameçons, de taille et de calibre différent. Sur le troisième côté un encrier et deux plumes à écrire, une métallique mais semblant rouillé au bout et l'autre une vraie plume d'oiseau mais dont au bout la lame était dépossédée d'une grande partie de sa barbe. Et sur la dernière face se trouvait empilé, les unes sur les autres des petites fioles contenant des liquides de couleur, d'opacité et texture pour pas parler de mixture, différente.

Sur-ce Tanas, vêtu de son armure le sac dans le dos, accompagné de Yubel paraît de la même manière avec le sac de Nosfero à la main, firent irruption.

- Bon je t'ai pas attendu pour le thé, lança Yubel

- La méditation a été plus longue que prévue, lança-t-il avec un rictus narquois.

- T'es pas le dernier. On attend encore Nosfero. Tu as fait de la place dans ton sac pour les provisions ?

- Il est pas rentré, vous avez pas vérifié qu'il était mort de froid cette nuit ?

- Nosfero, mourir de froid ? s'étonna Yubel. Si y'a deux personnes ici qui peuvent dormir dehors et survivre c'est bien lui et moi. Nan il doit s'amuser à lever du gibier. On va le voir débarqué avec une horde de lapin et de sanglier apeuré.

- Très certainement, répondit Xélius.

- Bon allons-y, lança Tanas, je le localiserai et on le rejoindra.

- Tu veux pas dire au revoir à Marmine avant, demanda Xélius

- Elle savait très bien qu'on partaient ce matin et elle a quand même bu hier et c'est pas réveillé. On va pas attendre que le soleil soit sur la descendante pour partir, on a du chemin à faire.

Xélius aquieça en silence.

- T'en fais pas j'ai vu qu'elle nous avait laissé des pièces, sûrement pour la tâche qu'on a accomplie.

- Oui elle devait sûrement être bien ivre, elle nous aurait jamais donné de pièce sinon, lança Xélius avec un sourir. Marmine donner de l'argent, on aura tout vu. T'es sûr que c'est pas de l'argent qu'elle a oublié de ranger.

- Je pense pas, si elle avait pu elle aurait sûrement accompagné avec un mot. Mais elle sait pas écrire.

C'est sur ces derniers mots que les voyageurs partirent, quittant la Taverne des Trois-cornes, endroit plaisant, dans l'intention de s'engager sur la Route du Nord. À voir s'ils ne vont pas regretter leur choix.

Prochainement Chapitre 8 : Détour par la forêt et le pic du cerf

Les Chroniques de Tamaran Tome 1: La Route du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant