Chapitre 8-1: Détour par la forêt et le pic du Cerf

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Cela faisait à peine vingt minutes que les compagnons étaient partis de la taverne que déjà une furieuse envie de meurtre les tenaillait. Brore, depuis presque le début ne faisait que gémir, geindre et se lamenter. Ils s'étaient engagés sur la route, qui reliait la taverne à la ville d'Ashola. Durant les cinq premières minutes de voyage, tout allait pour le mieux. Brore était ravis. Sa mission allait  être un succès. Il exultait un profond enthousiasme qui s'exprimait et rayonnait en un soleil matinal à la figure des trois compagnons.

Mais, c'est au bout de la moitié du temps de route effectif, que tout bascula. En effet, Brore marcha dans une flaque de boue, qui soit dit en passant était assez grosse pour qu'un carrosse la voit  et la contourne sans difficulté. Ses bottes furent salies, au point ou plus d'un millimètre de cuire ne soit pas recouvert. C'est alors que d'un cri, il courrouça l'univers entier, changeant d'humeur en un instant. Tout était à ses yeux, gadoue. Et durant les dix minutes qui suivirent, il récrimina sans cesse, en exprimant à la forêt son mécontentement, si elle avait assez de patience pour l'écouter.

Xélius tentait par sa maîtrise de faire partir au mieux l'eau en entraînant le plus de boue avec. Cela n'avait que peu d'effet. Devant l'impuissance de l'hydrokinésiste, Brore cria encore plus fort. Cela amusa Tanas, qui finalement se résigna et tracta à lui, par son pouvoir, les particules de terre. Il concentra ainsi toute la boue dans une fine boule, lévitant au-dessus de sa main. Mais le géokinésiste à la mine facétieuse et aux arrières pensées, lui expédia la boule de terre en pleine face. Et c'est ainsi que la terre des bottes finis sur le visage du garçon.

- La boue, tu vas en manger sur des dizaines de lieux, autant commencer maintenant, ajouta-t-il gardant un ton calme, grave et assuré devant le garçon, puis dans son dos rigolant avec ses amis de sa bouffonnerie.

Brore aurait pu comprendre le semblant de leçon qu'aurait pu vouloir lui inculquer Tanas, s'il n'avait vu celui-ci ricaner dans son dos. Sa colère reprit.

- Pour qui vous vous prenez, rouspéta-t-il. Vous savez qui je suis lâcha-t-il dans sa colère.

- Ah vous êtes qui, demanda Yubel curieux en s'avançant vers lui à pas feutré. Vous êtes qui, qui êtes vous. Vous êtes qui ? Qui croyez-vous être, répéta-t-il d'un air menaçant. Qui croyez vous être pour ne pas mériter une bonne tarte de boue dans la tronche.

Brore se tue, et sa rage avec. Yubel se rapprocha, et alluma une flamme dans sa main, qu'il approcha du visage du gamin. Il pouvait sentir la boue chauffer et sécher sur son visage. En lui, se percevait quelque chose, de quasi-palpable : une tension nerveuse qui menaçait d'avoisiner, la peur. Après tout, il n'était pas vraiment amis, juste compagnon de route. Peut-être, les avait-il offensé, sans le vouloir. Quelle coutume barbare ces gens pouvait respecter? Il ne le savait pas! Peut-être, était-ce sa fin? Tuer par les flammes d'un pyrokinésiste qu'il avait offensé par des jérémiades pour une histoire de boue. Quelle mort mémorablement ridicule, se dit-il. La flamme chauffée de plus en plus, la tension aussi. Ça y es, la fin !

- Voilà, conclut Yubel. Maintenant qui que vous soyez gueux, maraud, noble, seigneur avec autant de boue sèche sur la gueule, personne vous reconnaîtra. Maintenant, si vous pouviez baisser d'un ton, cela rendrait sans nul doute, le voyage plus agréable.

La pression retomba. Il lâcha un très long soupir de soulagement. Les élémantalistes continuèrent leur chemin. Xélius lui lança un regard avec un long sourire et avec son bras lui fit signe de venir. Ce qu'il fit.

- T'as eu peur, demanda Xélius d'un ton quelque part entre la question, la moquerie et le sarcasme.

- J'ai cru qu'il allait me cramer la face

Les Chroniques de Tamaran Tome 1: La Route du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant