Chapitre 4-3: Nosfero l'apprenti assassin

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Attention évocation forte et dur de la souffrance !!


IV- Seul

*( trois jours plus tard)*

À peine ramené au repère, Nosfero avait été enfermé. Le maître se doutait de l'état de colère extrême qui l'animait, et préférait l'avoir sous contrôle pour la sécurité de tous.


La pièce qui le contenait était petite, tellement petite qu'il ne pouvait pas déplier ses jambes pour s'allonger, et pas assez haute pour se lever. Ainsi donc, il restait constamment replié sur lui. Ce qui à force froissait tous ses muscles, en particulier le dos, la nuque et les membres inférieurs.

Ce cachot se trouvait près de la fausse sceptique et une odeur nauséabonde empestait au nez de Nosfero, quoique ce ne fut pas son souci le plus évident. Au fil du temps, il finit par moins la sentir. Il était blessé, affamé, fatigué, mais incapable de dormir par manque de commodité, mais surtout par colère.

Pendant près de deux jours, pourtant, Nosfero s'était défoulé sur les murs. Les frappants jusqu'au sang. Pour décharger toute cette tristesse, cette rage, ce désir de revanche qui l'accablait. Mais à part mettre à mal son corps, au point de ne quasiment plus pouvoir bouger, il ne put atteindre en profondeur son être, et en calmer le feu ardent nourri par une intense fureur.

Son cœur assailli par la frénésie, enserré par la lourdeur de sa perte, et son esprit empli de regret et de remords, battait et cogiter résonnant en lui, en une cacophonie de violente vengeance à venir.

« Je les tuerais tous », se répéta-t-il sans arrêt, avec macabre avidité.

« Peu importe ce qu'il m'en coûtera » intériorisa-t-il en frappant inlassablement le sol d'une pierre trouvé, comme pour marquer le monde physique de sa funeste promesse.

***

Cette nuit fut la pire de son existence. En plus de la colère et son corps éreinté, voilà que la douleur à la jambe se réveillait, et avec force ! Ne pouvant déplier ses membres, il devait rester dans une condition inconfortable. Et bouger à peine relancer avec violence la blessure qui le brûlait sans ménagement. Il réussit cependant, non sans peine, à relever le bas de son pantalon. Toute sa jambe rougeoyait, la contagion s'était étendue partout. L'énorme bouton avait considérablement grossi et était prêt à exploser, suppurant déjà de sang et d'un liquide jaunâtre infect, à l'odeur méphitique. Les affres du désespoir amorçaient Nosfero dans une descente vers les abîmes insensés de la folie. Qu'est-ce qui pouvait encore le retenir dans ce monde?

À ce moment-là, en esprit, lui revinrent plusieurs souvenirs de Brenden, comme des images insonores et furtives.

Première image-souvenir : Brenden jouant avec lui à fabriquer une tour avec des briques de bois colorées.

De douleur et de rage, Nosfero sans réfléchir prit sa pierre et frappa en plein sur le gros bubon. Explosion. Projection de pu jaune-verdâtre, giclant sur les murs. Ayant percé l'abcès, le liquide translucide, coula et dégoulina sur le sol. Le supplice était immense, c'était comme si on entaillait sa chair avec un millier de petits piques enflammés.

Seconde image-souvenir : Nosfero en train de regarder, avec Brenden, une des aventures de Solok le dernier ninja. Voyant avec clarté la scène où Solok devait choisir entre sauver sa bien-aimée ou se suicider.

La douleur lui fit percevoir des étincelles, tout devenait trouble. Mais il sentait qu'un seul coup serait loin de suffire pour sortir tout le mal. Ainsi, il en arma un second. Il frappa. Un choc retentit, comme s'il avait cogné quelques choses de durs. La souffrance revint, encore plus terrible. Nouvelle explosion de sang et de pus, qui gicla même sur son visage. Il cracha l'exsudat dans un hurlement atroce et saccadé.
Troisième image-souvenir : la main tendue de Brenden quand il était sur le point de tuer Mayor.

Quatrième image-souvenir : la glace qui s'écrasa sur lui et le recouvra, occultant le ciel.

Une colère violente et furieuse s'empara de lui. Il frappa sa jambe, s'acharnant férocement. Plus il le fit, plus la douleur empirait. Il fallait être dément pour continuer à supporter. La pierre tellement recouverte de liquide lui ripa des mains. Alors il s'attaqua à la plaie béante. Et rentra les doigts et sentit, en profondeur, quelque chose de dur et de pointu. Il attrapa, malgré le sang qui faisait glisser ses doigts et tira de toutes ses forces. Sans succès. Il utilisa ses deux mains et arracha, fermement, déchirant les chairs dans un craquement insoutenable.

D'un coup, la chose sortit et la douleur alla en s'amenuisant.

Au bord de l'évanouissement, Nosfero tâta d'abord, puis quand il eut la force, examina avec les yeux. Un objet sanguinolent, ayant été incrusté dans la chair. Des petits bouts étaient encore dessus. Puis il remarqua une tige pointue, recouvert d'une barbe raide, mouillée par les liquides. Il comprit alors... Une plume.

Nosfero venait de s'arracher une plume de la jambe.




Fin Chapitre 4 → Enfin !! x)

Prochainement : Chapitre 5 : Derniers préparatifs

Les Chroniques de Tamaran Tome 1: La Route du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant