11- Portraits parfaits

2.3K 148 7
                                    

Lorsque je reviens dans la chambre, Aidan est assis à la chaise de son bureau, penché sur son téléphone. Il se retourne vivement lorsqu'il remarque ma présence et me détaille de haut en bas.

- T'es mignonne là-dedans.

Je rougis. Les manches de son t-shirt m'arrivent au coude et son jogging semble flotter autour de mes jambes, mais je suis incroyablement confortable. Et en plus, ça sent bon.

- Qu'est-ce que je fais de mes habits mouillés? lui demandai-je, la boule de vêtements dégoulinante dans mes mains.

- Tu n'as qu'à me les donner, je vais les mettre dans le sèche-linge.

- Merci. J'espère que je n'ai pas pris trop de temps. Tu dois avoir froid, toi aussi.

- Ça va, je t'assure. Ne te gêne pas si tu as besoin de quoi que ce soit, fais comme chez toi.

Il m'adresse un clin d'oeil et sort à son tour.

Une fois seule, je me promène dans sa chambre, portant mon attention sur chaque détail de la pièce, sur chaque objet. Une étagère sur le mur est remplie de petits bibelots. Je n'ose pas les toucher, mais je suppose qu'ils viennent d'Europe. Ce que je rêve d'y aller un jour! Je me souviens avoir passé de nombreuses nuits durant mon enfance sur mon ordinateur, rien qu'à observer des images de ses beaux paysages et à en lire un peu plus sur les pays qui la composent.

Mes yeux se posent sur une petite commode sur laquelle sont posées plusieurs photos joliement encadrées. Je les balaie du regard. Plusieurs représentent Aidan à différents âges de sa vie, jouant dans le sable sur la plage ou s'exécutant au piano. Je lui reconnais ses beaux grands yeux gris et ses petites fossettes. Je souris toute seule en imaginant le petit garçon qu'il a dû être, jadis.

Une autre photographie représente sa famille, du moins ça m'en a tout l'air. Elle doit dater de deux ans auparavant, trois tout au plus. Son père et sa mère sont debout, au centre, les bras entrecroisés. L'homme est vêtu d'un habit royal et sa femme d'une belle longue robe blanc crème. La tête de son père est ornée d'une lourde couronne et celle de sa mère d'un diadème délicat. Aidan est debout, en complet, aux côtés de sa mère. Bon dieu, ce qu'il est charmant! Un prince charmant oui, c'est bien ce qu'il est, aux sens propre et figuré. Il tient la main d'une jeune fille d'environ huit ans. Son autre petite soeur, presqu'identique à la première, âgée celle-ci de pas plus que cinq ans, se tient près de son papa, les mains jointes. Les robes des jeunes filles sont semblables à celle de leur mère et elles portent toutes deux une couronne de fleurs blanches. Elles sont adorables. Je regarde la mère d'Aidan avec un peu plus d'attention. Elle est magnifique, avec ses longs cheveux châtains presque roux en cascade et ses beaux yeux bleus. Son visage est fin, parfait.

Parfait... Cela semble bien décrire leur famille. De beaux enfants bien perçus et des parents qui semblent si attachants...

Je dis ça alors que je ne les connais à peine. Tout de même, je sais qu'il ne faut pas toujours se fier aux apparences mais dans leur cas, peut-être que si.

Mon esprit semble alors se réveiller. Bon Dieu, je me trouve à l'instant même dans nulle autre que la maison d'une famille royale! Moi, une pauvre orpheline qui passe ses journées à tout nettoyer. Je n'ai probablement pas ma place ici, mais curieusement, avec Aidan, j'ai l'impression de pouvoir être moi-même partout où je vais.

Ledit concerné revient, vêtu presque pareil que moi. Toutefois, son pantalon est noir et son t-shirt bleu royal. Ses cheveux mouillés lui tombent dans la figure et mon coeur fait un bond en le voyant.

- Qu'est-ce que tu regardes, petite fouineuse?

Je sais qu'il blague, mais je ne peux m'empêcher de me sentir une pointe coupable. Je lui désigne le portrait.

Reine du BalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant