Je me retourne vers la rive et regarde au loin.
- Qu'est-ce que tu fiches ici? demandai-je en lui tournant le dos.- C'est à toi que je devrais poser cette question.
- Ce n'est pas de tes affaires, répondis-je sur un ton un peu plus brusque que désiré.
Tant pis. Il n'avait qu'à ne pas me rejoindre.
Une partie de moi le déteste de m'avoir suivie comme ça, alors qu'une autre est incroyablement heureuse de le voir s'inquiéter pour moi.
Il pose sa main sur mon épaule.- Hey, je peux m'asseoir?
Cette phrase m'est familière. J'ai l'impression de revivre exactement la même scène que ce matin, mais dans un état complètement différent. Je hoche brièvement la tête et il s'assoit à ma droite, sur le quai. Il fait comme moi et retire ses chaussure avant de tremper ses pieds dans le fleuve.
- Brrrr! Ce qu'elle est froide!J'esquisse un tout petit sourire. C'est plus fort que moi.
Il reprend son air plus sérieux.
- Alors, tu veux en parler?- Pas vraiment, non.
- Tu sais que tu peux me le dire, hein? On ne se connaît pas beaucoup, mais je veux que tu saches que tu peux toujours venir me parler si tu as quoi que ce soit. Je sais garder des secrets.
À ce moment, sans même voir son visage, je pourrais jurer qu'il me fait un autre clin d'oeil.
- Merci, Aidan.
Il m'a été difficile de prononcer ces mots de ma voix rauque, mais je tiens à ce qu'il sache que j'apprécie énormément sa présence, au final. C'est bien la première fois que j'ai du réconfort en venant me réfugier ici, et ce n'est pas désagréable.
Je me retourne vers lui. Je ne dois pas être bien bien jolie, les cheveux en bataille et les joues mouillées. Mais il me sourit tout de même et replace une mèche de cheveux derrière mon oreille. Une larme roule sur ma joue. Il l'intercepte avant qu'elle n'atteigne mes lèvres et l'essuie du bout de son pouce. Je lui adresse un faible sourire, puis concentre à nouveau mon attention au loin. Il s'approche de moi, d'abord hésitant. Mais je ne bronche pas, alors il enroule son bras autour de mes épaules. J'enfonce ma tête dans son cou et me blottis contre la chaleur de son corps.
Nous gardons le silence un instant. Toutefois, ce n'est pas un silence pesant et cela me fait du bien de me vider de ma peine.
Au bout d'un moment, je cesse de pleurer. Je semble retrouver l'usage de la parole.- Pourquoi tu m'as suivie?
Je lève la tête vers lui et il baisse la sienne pour plonger ses yeux dans les miens.
- J'ai bien vu que ça n'allait pas. Je m'inquiétais pour toi.
Cette dernière phrase me fait chaud au coeur. Jamais un garçon du lycée ne s'est inquiété pour moi. Enfin, si, il y avait Tyler, mais c'est pas pareil. Il est d'une catégorie à part.
Le vent souffle. Je grelotte dans mon t-shirt. Je n'ai pas pris la peine de prendre mon manteau dans ma case.
- Tiens, prends ça. Tu trembles.Il enlève son sweat et me le passe par la tête.
- Je... Euh... Merci, c'est gentil.
Je lui souris, timidement.
Son chandail est trop grand pour moi, mais il est tellement confortable. Et en plus de ça, il sent bon.- Mais toi, tu ne vas pas avoir froid? demandais-je.
- Nah, merci, ça va. Hum, tu veux rentrer?
- Je dois passer prendre mon sac et mon manteau à mon casier.
- Alors allons-y, répond-il simplement en me serrant contre lui une dernière fois.
Il se lève et me tend la main pour m'aider à mon tour, tout sourire. Je la prends avec grand plaisir et nous enfilons nos chaussures avant de repartir vers le lycée.
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Reine du Bal
Roman d'amourUne Cendrillon moderne. April Curtis vit dans un tout petit village, avec sa marâtre et ses deux belles soeurs hypocrites Mandy et Idrissa, qui la malmènent depuis le décès de son père. Sa vie est plutôt monotone; Elle étudie et s'occupe des travau...