Reine du Bal

10- Étoiles

Quoi? Il me faut un long moment avant de réaliser les mots qui viennent de s'échapper de mes lèvres. Je n'ai même pas eu le temps de réfléchir, c'est sorti comme ça, sans prévenir. Je suis bouche-bée par mes propres paroles. Cela faisait longtemps, ô si longtemps que j'avais prononcé ces trois mots. Trois mots simples mais qui valent tout l'or du monde.

Aidan me regarde sans rien dire. Il semble... ému? Heureux? Soulagé? Je ne pourrais identifier l'expression qu'affiche son visage. Je rougis. Une adrénaline étrange monte en moi. Il tire brusquement mes mains toujours dans les siennes et m'attire contre lui. Dans le temps de le dire, je me retrouve debout devant lui, le haut de mon corps aplati contre son torse. Aidan penche sa tête vers l'arrière pour me regarder. Il écarte une mèche de cheveux de mon visage et me dit, presque dans un murmure:

- Je t'aime aussi, April Curtis.

Mon coeur s'arrête de battre. Je ne pense plus à rien. Je n'ai pas le temps de réagir qu'un courant électrique me traverse le corps alors que ses lèvres s'écrasent contre les miennes. Bien vite, je me retrouve sur ses genoux, tournant dos à Barnabé qui semble bien se délecter de la scène. Aidan m'embrasse langoureusement. J'entends la pluie qui commence à tomber autour de nous, les gouttelettes qui frappent le toit de la cabine. Aidan passe tranquillement ses mains dans mes cheveux. Je voudrais que ce baiser dure pour l'éternité. Sa bouche a un goût sucré, délicieux. Sa langue chaude traverse mes lèvres et explore ma bouche. Je ne respire plus, je ne pense plus. Je ne sens que nos corps qui semblent se lier l'un à l'autre. Aidan laisse glisser ses doigts le long de mon dos, m'arrachant quelques frissons. Je passe mes mains derrière sa nuque. J'en veux plus, toujours plus. Notre baiser devient plus fervent, plus passionné. Chacun semble désirer l'autre plus que tout.

Doucement, nos lèvres finissent par se détacher les unes des autres. Ses yeux brillent autant que les étoiles qui parsèment le ciel. Les miens aussi, probablement. Je n'ai jamais ressenti une telle sensation. Alors c'est cela, l'amour?

Mon coeur - ou plutôt ce qu'il en reste après toutes ces sensations - bat la chamade.

- Merci, Aidan. Merci de m'aimer pour ce que je suis. Merci de te dévouer autant pour moi. Personne ne ma jamais autant soutenue de toute ma vie.

- April... je n'en aurai jamais assez de toi. Je ne pourrais passer un meilleur moment.

Je regarde par-dessus son épaule.

- Nous arrivons déjà en haut, regarde.

Il se détourne la tête et opine du chef.

- Effectivement. C'est splendide.

Une fois que nous sommes au sommet le plus haut de la roue, le manège s'arrête.

- Il se trouve que l'on soit pris encore tous les deux pour un petit moment, lance-t-il à la rigolade.

Sans rien ajouter, je lève son menton du bout de mon index et l'embrasse à mon tour. Je ne vois pas le temps passer, mais je sens que le manège se remet en marche et que la pluie finit par cesser. Au bout d'un long moment, une voix me fait redescendre de mon petit nuage.

- Hey les jeunes, la balade est terminée.

Je me redresse brusquement et m'aperçoit que c'est la gérante du manège qui nous interpelle. Je rougis, gênée que l'on nous ait vu faire...enfin... ça. Aidan, quant à lui, fronce les sourcils, l'air offusqué qu'on l'ait interrompu si abruptement.

J'allais me dégager de ses genoux lorsqu'il me prend sous les fesses et me lève en même temps que lui. Je rougis légèrement, mais la position de ses mains ne me dérange même pas. Je passe mes bras derrière son cou et empoigne Barnabé d'une main avant de sortir. Il est tellement gros qu'il frôle le sol. Nous descendons du manège et je ris quand Aidan foudroie la dame du regard une dernière fois. Cette dernière lève les yeux au ciel. Mais le sourire de mon prince revient aussitôt qu'il pose à nouveau ses yeux sur moi. Il m'arrache un petit baiser et se met en marche.