Reine du Bal

23- Préparatifs

APRIL 

Et voilà que je me retrouve à nouveau à quattre pattes à frotter le plancher. Estrella ne me quitte pas d'une semelle, toujours là à surveiller par-dessus mon épaule que je n'oublie pas un recoin. Mon corps est endolori de tous bords tous côtés. Je passe la journée à nettoyer, quoiqu'à une vitesse plus lente qu'à la normale étant donné mon...état. 

Mandy et Idrissa passent tout l'après-midi à se pomponner et à essayer une multitude de vêtements, tous plus extravagants les uns que les autres. Je prépare un immense repas, tel que demandé par Estrella, avec en plus deux entrées, cocktails, petites bouchées et desserts. 

Ma marâtre ne cesse de se plaindre.

- Plus vite, souillon! 

- C'est pour aujourd'hui, oui? 

- Pouah, refais moi ce gâteau! Tu penses vraiment que quelqu'un a envie d'avaler ça! 

Vers dix-huit heures, elle me dit de finir de monter la table pendant qu'elle s'éclipse se préparer dans sa chambre. Je profite de son absence pour grignoter quelques bouchées. 

Une fois que tout est prêt, elle m'ordonne d'aller me changer. En chemin vers ma « chambre », je mets à laver le chandail d'Aidan et me regarde à nouveau dans la glace. Bien sûr, c'est encore pire que ce matin. J'ai le visage tout boursouflé. Je ne sais pas qui viendra à dîner, sans doute des collègues de travail, mais je risque de leur faire peur amochée de la sorte.  

J'enfile un chemisier et une jupe, lisse mes cheveux et retourne en bas. À dix-neuf heures tapantes, on sonne à la porte. Je m'apprête à aller ouvrir, mais Estrella me coupe au passage. 

- Pas un seul mot, compris? Nous avons des invités d'honneur ce soir, et nous devons faire bonne impression. Et à propos de ça (elle me désigne de haut en bas), tu es tombée dans les escaliers. Maintenant, ouste! À la cuisine. 

Elle me signale de déguerpir tandis que ses filles déboulent dans le hall d'entrée et replacent leurs robes trop courtes. Je l'entends ouvrir la porte derrière moi, et je me retourne pour voir ces fameux invités. 

Mon coeur arrête de battre et je dois m'appuyer sur le mur pour ne pas basculer. 

Tout sourire, la mère d'Aidan fait la bise à Estrella. Suivie par son père. Puis, deux petites filles aux cheveux roux entrent à leur tour. Leurs yeux se promènent sur les hauts murs du hall d'entrée. Et puis il est là. Se tenant dans la lumière dorée du coucher de soleil, les cheveux peignés et enduits de gel, vêtu d'une belle chemise et de son plus beau pantalon. Il est là. À peine à quelques mètres de moi. Si près mais pourtant si loin.