Reine du Bal

3- Opposés

Biiip. Biiip. Biiip.
J'éteins mon petit réveil matin qui affiche 8h. Je descends en bas. L'école ne commence que dans une heure trente, mais j'aime y être un peu plus à l'avance. Et puis, c'est le moment idéal pour me lever, puisque Estrella est déjà partie et que Idrissa et Mandy dorment encore. Je me sers un bol de céréales et un verre de jus d'orange, tout en appréciant le calme de la maison sans la présence de ses habitantes. J'enfile un jean et un t-shirt noir tout simple, remonte mes cheveux en un chignon et pars vers l'école à 8h30. Elle n'est qu'à dix minutes de marche de là.
Arrivée à destination, je vais m'asseoir sur un banc sous un arbre et ouvre mon livre. Je n'ai pas lu un chapitre qu'une voix me fait sursauter:

- Salut.

Je me retourne vivement. 

- Excuse moi, je ne voulais pas te faire peur. 

Aidan. Il est là, planté devant moi, son sac sur le dos. Il porte un chemisier blanc et un jean bleu. Ses cheveux châtains sont parfaitement coiffés et retenus sur le côté avec du gel. Il affiche un petit sourire et je remarque ses petites fossettes. Bon dieu, mais qu'il est beau! 

- Ce n'est rien. 

Je lui rends son sourire, gênée. 

- Je peux m'asseoir? 

Il désigne le banc. 

- Bien sûr. 

Je tasse mon sac et me décale pour lui faire de la place. Il prend place à mes côtés.
Je dois trouver quelque chose à dire. Et vite. 

- Hum, tu arrives tôt...

Je me tourne vers lui. 

- Ouais, je suis encore un peu sur le décalage horaire. Mais j'aime arriver d'avance. Ça me permet de commencer ma journée en tranquillité. Et avec toutes ces filles... 

- Moi pareil. Enfin, pas pour les filles mais...

Bon sang, mais qu'est-ce que je dis là, moi?
Il rit. Il est adorable. 

- Au fait, je ne t'ai même pas demandé quel était ton nom? 

- Je m'appelle April. April Curtis. 

- Ravi de faire ta connaissance. Moi, c'est Aidan. 

- Ouais, je le savais déjà. 

Mais qu'est ce qui me prend?! Je ne parle jamais comme ça.
Il rit à nouveau. 

- Je ne comprends pas pourquoi on en fait tout un plat avec mon arrivée. Je veux dire, hier, c'était fou! J'avais vraiment l'impression de ne plus pouvoir respirer avec toutes ces filles sur moi! dit-il en riant. 

- En fait, tu vois, nous n'avons pas accueilli de nouveaux visiteurs depuis plusieurs années, dans notre petit village. Et comme tu es un prince... 

- Parfois, j'aimerais ça, être un gars comme les autres. Tu vois, le truc, c'est qu'on porte trop attention à moi à cause de mon statut familial, je ne peux jamais me fondre dans une foule ou passer inaperçu. J'aimerais bien ça, parfois, me rendre invisible pour un moment...