AIDAN
Lorsque ma mère m'a annoncé ce matin que nous avions été invités chez les Curtis, j'ai su que c'était ma chance. Si ce n'était que d'April, je n'aurais aucune envie d'être ici en ce moment. À présent, je dois trouver un moyen de pouvoir lui parler seul à seul.
Pour la première fois, je rencontre cet affreux personnage qu'est sa belle-mère. Toutes les choses qu'April m'a dites à son sujet me tournent dans la tête, et maintenant qu'elle est là, devant moi, je ne peux m'empêcher que d'éprouver de la haine à son égard. Je suis le dernier à entrer dans la maison. Avant de m'accueillir comme à mes parents, elle me reluque de haut en bas. J'ai presque un mouvement de recul lorsqu'elle me serre la main.
- Je suis enchantée de t'avoir avec nous ce soir. Adam, c'est ça?
Ça se voit qu'elle le fait exprès. Ses deux pies doivent lui avoir parlé de moi au moins une vingtaine de fois. Parlant d'elles, elles n'arrêtent pas de gesticuler par-dessus l'épaule de leur mère.
- Aidan, la corrigeai-je en feignant un sourire.
- Ah, c'est ça! Viens, entre.
Elle se tasse sur le côté, me laissant la pleine vue sur ses deux filles, qu'elle me présente:
- Voici Mandy et Idrissa, mes deux adorables trésors.
- Argh, maman!
- Je pense que vous vous êtes déjà rencontrés à l'école, je me trompe?
- Oui, on s'est déjà parlé à quelques reprises.
- Je vous laisse pour le moment. Je vais aller voir où en est le dîner.
Elle s'éloigne, et j'ai aussitôt l'impression que Mandy et Idrissa sont prêtes à me sauter dessus à tout moment.
- Viens, on va te faire une petite visite, déclare Idrissa.
Lorsqu'elle croise son bras autour du mien, j'éprouve un mouvement de recul, mais elle resserre légèrement son emprise et je décide de la laisser faire. Je n'ai aucunement envie qu'elle me pique l'une de ses crises. Nous avancons dans le couloir et elles commencent à me raconter toutes sortes de conneries, que je n'écoute que d'une oreille. Mon regard, plutôt que de se poser sur leurs visages beaucoup trop maquillés, balaie les alentours, à la recherche d'une seule chose: celle qui fait battre mon coeur. Nous passons devant quelques pièces, mais elles sont toutes vides.
C'est au moment où je regarde droit devant, juste au bout du couloir, que je la vois. Elle se tient là, debout dans un coin plus sombre, appuyée sur le mur comme si de le lâcher la ferait chavirer.
À présent, je n'entends plus du tout les voix irritantes de celles qui me conduisent droit vers elle.
Toute mon attention est dirigée sur April, cette jeune fille qui me semble si frêle. Ses cheveux lui tombent sur le visage, et lorsqu'elle en écarte une mèche, mon coeur éclate. Je fige sur place.
April.
Ma douce April.
Son visage est si différent. Couvert de blessures et tout enflé. Elle est presque méconnaissable.
En voyant ma réaction, elle s'empresse tout de suite de recacher son visage avec sa tignasse.
Ne serait-ce d'Idrissa qui me retient, je m'écroulerais sur le sol à l'instant même.
- April.
Ma voix n'est que murmure. Tandis que je me retire de l'emprise d'Idrissa, prêt à accourir vers elle, Estrella surgit de la pièce du fond et l'empoigne par le bras. La cruelle femme est dos à Mandrissa et moi et doit ignorer notre présence. Je la vois disputer April et la pousser dans la pièce d'où elle est venue. Une colère noire me gagne. J'ai envie de lui sauter dessus. Jamais rien ne m'a fait plus de mal que de voir quelqu'un s'en prendre à April de cette façon. Je viens tout juste d'assister moi-même à la méchanceté de sa marâtre. Je me promets à moi-même que si cette bonne femme touche à un seul autre de ses cheveux, je vais faire toute une scène pendant le dîner. Prince ou pas, tant pis pour ma réputation, rien ne pourra m'empêcher de la défendre.
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Reine du Bal
RomanceUne Cendrillon moderne. April Curtis vit dans un tout petit village, avec sa marâtre et ses deux belles soeurs hypocrites Mandy et Idrissa, qui la malmènent depuis le décès de son père. Sa vie est plutôt monotone; Elle étudie et s'occupe des travau...